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Nos Lecteurs ont la Parole

La perte de confiance libanaise et mondiale : comment la récupérer

Tous les rapports dans la vie publique et dans toutes les relations contractuelles et commerciales et dans la famille, même nucléaire, et toutes les relations se fondent sur la confiance.

La confiance n’est pas le fruit d’une habileté rhétorique verbale, ni de discours tonitruants avec la plus haute compétence technique, comme il arrive le plus souvent, mais le fruit d’authenticité, de vérité, d’expression de réalité, ou du moins l’expression d’une conviction intime et en conscience de l’auteur, du conférencier ou de l’acteur.

La confiance est le fondement de toutes les relations politiques stables et non des relations électoralistes épisodiques. Elle est le fondement de la légitimité qui réside dans l’adhésion à l’autorité des gouvernants et non la pure soumission.

Le monde aujourd’hui vit une crise profonde de confiance. On parle même de La société de défiance (Yann Algan et Pierre Cahuc, Paris, éd. rue d’Ulm, 2007).

On peut mentir à des gens une fois et des fois et réussir. Mais quand les gens découvrent le menteur, il pourrait peut-être à l’avenir se repentir et dire la vérité, mais il ne pourra pas récupérer la confiance perdue. C’est en ce sens que Pascal écrit à propos de quelqu’un : « Il est d’autant plus rusé qu’il ne l’est pas toujours ! »

La personne digne de confiance avec constance et continuité, à travers tout son parcours dans sa vie et sa carrière, pourrait (c’est seulement hypothétique) dévier à l’avenir, mais sa bonne réputation la devance et même la domine au point que, même si elle va tricher, les gens diront que c’est vrai !

Mais pourquoi au Liban la confiance dans l’exercice du pouvoir est totalement perdue sur tous les plans, des gouvernants, de l’économie, des finances, de la patrie, de l’État libanais, et même de l’avenir du Liban dans la trajectoire actuelle ? On relève quatre raisons.

1. Choix politique : des politiciens ou politicards font diversion dans les rapports de pouvoir d’un problème matriciel vers des sujets marginaux. On ne récupère pas la confiance avec de l’activisme législatif pour donner l’illusion du changement. Le Liban ne sortira de sa tragédie économique, bancaire et financière qu’à partir d’un choix politique au sommet et la sortie du para-pouvoir et « chambre noire ».

2. La confiance bancaire et financière : le fruit amer du choix politique au Liban, et non libanais et arabe, est la perte totale de confiance à l’égard de l’environnement arabe en particulier et de l’édifice bancaire libanais. Le Liban a besoin de liquidités en devises étrangères. Cette liquidité ne sera obtenue que par le canal extérieur de la part d’institutions bancaires arabes et internationales, et des émigrés libanais. Les banques ne vivent pas avec de petits dépôts qui sont coûteux sur le plan administratif, mais grâce à de gros déposants. Les gros dépôts désertent le Liban en raison d’un choix politique hostile au monde arabe et au monde. Tel est le fond du communiqué publié en deux pages entières dans la presse, le 17/4/2020, par l’Association des banques au Liban.

3. Quid de l’État ? Des palabres sur « l’État civil », « l’État laïc » au Liban… constituent une diversion dans la recherche d’un qualificatif, alors que le substantif lui-même de l’« État » fait défaut. Il y a un État au Liban au plan officiel. Au niveau interne l’État au Liban (est-il libanais ?) ne jouit pas des quatre fonctions dites régaliennes (rex, regis, roi) qui sont : le monopole de la force légitime, le monopole des rapports diplomatiques, l’imposition et la perception de l’impôt et la gestion des politiques publiques.

Quand l’État ne dispose pas du monopole de la force légitime et de la diplomatie, il n’est plus un État. Le Liban vit une situation de partition avec deux États, un État parallèle, d’une part, et un État officiel qui ne dispose pas de la force légitime et ne jouit pas du monopole des relations diplomatiques.

Le Liban en a assez des expérimentations, aventures, paris et stratégies hors frontières. Il se trouve aujourd’hui, au premier centenaire du Grand Liban, face à un choix existentiel sans compromission. Dans la déclaration de Baabda du 21/6/2012, sous le mandat du président Michel Sleiman, on a essayé de clarifier la situation avec des expressions édulcorées. Le problème aujourd’hui ne réside plus dans la paperasse et exige une réponse de nature explicite, dichotomique, finale et existentielle.

Il y a là le motif de perte de confiance qui émane, non de la production de documents, ce que Waddah Charara avait qualifié durant les années de guerre avec un terme péjoratif en arabe de warrâqîn (producteurs de projets de réforme constitutionnelle), mais des décisions, des actes et des faits.

4. Discours démagogique, promesses et escroquerie : la confiance ne s’acquiert ni par les Libanais ni par le voisinage arabe, ni au niveau international et par rapport à des projets de soutien international au Liban, qu’il s’agisse de Cedre ou autre, qu’au moyen d’actions de terrain, même modestes dans les premiers temps.

Changer n’est pas promesse, ni inflation législative, ni rejet de la responsabilité sur d’autres et au passé, ni dissensions ambulantes dans toutes les régions excitant des instincts grégaires à propos de droits et privilèges à récupérer. Changer, c’est décider, agir, initier, accomplir, de façon concrète, tangible, perceptible au regard, palpable par tout citoyen dans sa vie au quotidien.

Au cours d’une discussion avec le professeur Hassan Tabet Rifaat concernant une requête, il a utilisé l’expression « escroquerie juridique ». L’escroquerie s’étend aujourd’hui presque partout. On rapporte récemment qu’un haut gouvernant a sollicité un avis juridique pour l’exclusion d’un haut agent public. La réponse dite juridique a été la suivante : Prenez la décision quelle qu’elle soit, même contre le texte de loi, et le haut fonctionnaire pourrait intenter une action judiciaire ! Est-ce que les gouvernants aujourd’hui exercent un pouvoir hors la loi ? Est-ce que la magistrature au Liban est un exutoire ? Est-elle la poubelle (excusez l’expression) des nuisances gouvernementales sans aucun filtrage juridique préalable ?

★ ★ ★ ★ ★

Avons-nous au Liban perdu la boussole pour juger et discerner ? Pas de confiance désormais, ni libanaise, ni arabe, ni internationale, et pas d’avenir pour le Liban démocratique, ni pour le Liban qualifié de « message » qu’avec la récupération de la boussole égarée et le jugement de toute affaire à la lumière de normes et non d’intérêts privés et conjoncturels. Me Joseph Nehmé citait récemment cette phrase d’Atatürk : « Une nation qui ferme les yeux se réveille en esclave ! »

Antoine MESSARRA

Ancien membre du Conseil

constitutionnel, 2009-2019

Chaire Unesco-USJ

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Tous les rapports dans la vie publique et dans toutes les relations contractuelles et commerciales et dans la famille, même nucléaire, et toutes les relations se fondent sur la confiance. La confiance n’est pas le fruit d’une habileté rhétorique verbale, ni de discours tonitruants avec la plus haute compétence technique, comme il arrive le plus souvent, mais le fruit d’authenticité,...

commentaires (1)

--Changer n’est pas promesse, ni rejet de la responsabilité sur d’autres et au passé , --Changer, c’est décider, agir, initier, accomplir, QU'UN DES CONSEILLERS DE DIAB LUI LISE CELA -SUR QUE CA LUI DONNEREA DES IDEES AUTREMENT + CONSTRUCTIVES -- ni dissensions ambulantes dans toutes les régions, excitant des instincts grégaires à propos de droits et privilèges à récupérer. JOBRAN N'A PU BERNER QUES LES AVEUGLES NES QUI L'ADORENT escroquerie juridique ». L'ADJECTIF EST QD MEME GENTIL, MAIS C'EST EXACTEMENT LA STRATEGIE -ENCORE UNE -DU MANDAT ACTUEL AUTANT QUE DES PRECEDANTS.

Gaby SIOUFI

12 h 17, le 05 juin 2020

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Commentaires (1)

  • --Changer n’est pas promesse, ni rejet de la responsabilité sur d’autres et au passé , --Changer, c’est décider, agir, initier, accomplir, QU'UN DES CONSEILLERS DE DIAB LUI LISE CELA -SUR QUE CA LUI DONNEREA DES IDEES AUTREMENT + CONSTRUCTIVES -- ni dissensions ambulantes dans toutes les régions, excitant des instincts grégaires à propos de droits et privilèges à récupérer. JOBRAN N'A PU BERNER QUES LES AVEUGLES NES QUI L'ADORENT escroquerie juridique ». L'ADJECTIF EST QD MEME GENTIL, MAIS C'EST EXACTEMENT LA STRATEGIE -ENCORE UNE -DU MANDAT ACTUEL AUTANT QUE DES PRECEDANTS.

    Gaby SIOUFI

    12 h 17, le 05 juin 2020

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