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Politique - Décryptage

Entre le CPL et le Hezbollah, des priorités différentes

Le thème revient régulièrement à la une des médias et à chaque fois, les paris sont faits sur « un divorce » pas nécessairement à l’amiable entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre. Depuis la conclusion de l’entente de Mar Mikhaël – laquelle, il faut le rappeler, n’a été signée ni par le général Michel Aoun ni par Hassan Nasrallah, car elle repose sur la parole de ces deux hommes – le 6 février 2006, sa solidité est constamment remise en cause. Avant même l’élection de Aoun à la présidence de la République, et pendant la longue période de vacance présidentielle, il avait été ainsi reproché au Hezbollah de ne pas être assez ferme dans son appui à la candidature du chef du bloc du Changement et de la Réforme à la tête de l’État. Plus tard, après cette élection le 31 octobre 2016, et depuis que le chef du CPL, Gebran Bassil, a pris la tête du bloc du Liban fort, les divergences se sont intensifiées, notamment pendant la période des élections législatives en mai 2018.

Mais c’est surtout récemment que la mésentente entre le CPL et le Hezbollah semble s’être approfondie. Plusieurs incidents se sont ainsi succédé, donnant le sentiment que le fossé s’est amplifié entre les deux formations. Le vote en Conseil des ministres sur la troisième centrale électrique, prévue dans le plan du ministère de l’Énergie à Selaata, a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il y a eu juste auparavant, lors de la séance parlementaire à l’Unesco, le vote du CPL contre le projet de loi d’amnistie ainsi que son rejet de la loi portant sur un mécanisme précis pour les nominations aux postes de première catégorie au sein de l’administration. Il y a eu aussi la fameuse déclaration du député membre du bloc du Liban fort Ziad Assouad sur le fait que le Hezbollah ne peut pas appeler ses partisans à porter le fusil de la résistance alors que les gens ont le ventre creux. Il y a eu encore les déclarations du membre du CPL Naji Hayeck sur la fédération et d’autres commentaires moins médiatisés qui montrent qu’il y a un véritable malaise au sein de la base populaire du parti à l’égard du Hezbollah. Dans ce contexte troublé, l’interview accordée par l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea à la chaîne OTV (relevant du CPL), dans laquelle elle n’a pas ménagé ses critiques à l’égard du Hezbollah, a été interprétée comme un indice révélateur d’un changement de positionnement politique de la part du CPL et de son chef.

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Interrogés sur cette question, les proches du chef du CPL répondent que les deux formations n’en sont pas là. Au contraire. Tout en reconnaissant qu’il existe des divergences sur de nombreux dossiers, en tête celui de la lutte contre la corruption, entre le Hezbollah et le CPL, ces mêmes sources insistent sur le fait que l’entente entre eux sur les questions stratégiques n’est pas remise en cause. Concernant l’interview de l’ambassadrice des États-Unis, les sources proches de Bassil précisent qu’elle s’inscrit dans le cadre des activités journalistiques. L’antenne de la OTV est ouverte à tous ceux qui le désirent et une interview avec l’ambassadrice des États-Unis reste un scoop pour n’importe quelle chaîne ou n’importe quel journaliste. Il ne faut pas, en revanche, lui donner une dimension politique. D’ailleurs, la chaîne OTV a été la seule, avec la chaîne du Hezbollah al-Manar, à diffuser la récente interview accordée par le secrétaire général du Hezbollah à la station de radio al-Nour. Quelques jours auparavant, la OTV avait aussi réalisé une interview de cheikh Naïm Kassem (numéro deux du Hezbollah) et auparavant, elle avait mené un entretien avec le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt et un autre avec l’ambassadeur de France au Liban, Bruno Foucher. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher les signes de la mésentente entre les deux formations. De plus, si le CPL voulait réellement changer son positionnement, son chef aurait-il défendu le Hezbollah auprès de toutes les instances internationales, notamment auprès des responsables américains qu’il a rencontrés, en le présentant comme une formation libanaise? En tenant ce discours, le chef du CPL s’est attiré des critiques de la part de nombreuses parties. Des pressions ont même été exercées sur lui, mais il n’a pas modifié ses propos parce que telle est sa conviction.

Mais cela ne signifie pas qu’il doit approuver tout ce que fait le Hezbollah, ni que le CPL et la formation chiite ne font plus qu’un. Chacun d’eux a sa propre assise populaire et... son échelle de priorités. Le CPL ne cache pas en effet qu’il considère que le Hezbollah ne s’investit pas suffisamment dans la lutte contre la corruption. Dans ce domaine en particulier, aux yeux du CPL, le Hezbollah fait preuve d’une grande prudence, comme s’il voulait faire d’omelette sans casser des œufs. Or, depuis le début de son mandat, Aoun a fait de cette lutte son cheval de bataille. S’il a réussi à ébranler l’édifice de la corruption, il n’a pas pu jusque-là obtenir de résultats tangibles. Au contraire, chaque fois qu’un dossier sérieux s’ouvre, d’autres sont immédiatement soulevés dans les médias, comme si l’on cherchait à noyer le poisson ou à désorienter l’opinion publique. Or, dans la situation actuelle, face à ses adversaires politiques et à la grogne populaire, le CPL a besoin de présenter à l’opinion publique une réalisation concrète. Mais dans cette bataille, il se retrouve seul : les autres parties politiques ne peuvent ou ne veulent pas l’aider et le mouvement de protestation populaire l’englobe, à tort selon lui, dans le système de corruption. C’est pourquoi le CPL aurait pensé pouvoir compter sur l’appui du Hezbollah. Ce dernier fait toutefois d’autres calculs, notamment en cette période de campagne systématique contre lui dans une tentative d’ébranler son assise populaire. Les deux formations estiment ainsi que le temps est précieux, mais chacune souhaite l’exploiter dans le cadre de ses priorités. Face à cet enjeu primordial, la dernière conférence de presse du chef des Marada, Sleiman Frangié, dans laquelle il a violemment attaqué Aoun et Bassil, n’est plus qu’un détail...

Le thème revient régulièrement à la une des médias et à chaque fois, les paris sont faits sur « un divorce » pas nécessairement à l’amiable entre le Hezbollah et le Courant patriotique libre. Depuis la conclusion de l’entente de Mar Mikhaël – laquelle, il faut le rappeler, n’a été signée ni par le général Michel Aoun ni par Hassan Nasrallah, car elle...

commentaires (5)

“Mens, mens, mens et tu finiras par croire à ton mensonge ». CPL est devenu la figure de proue de la corruption avec l’électricité et ses bateaux, les embauches clientélistes au sein du gouvernement, les avions privés prêtés par des amis (LOL), etc. Peut-on svp changer de disque par rapport à la soi-disant lutte contre la corruption? Ça en devient franchement ridicule et même si ce dernier ne tue pas, il bassine sérieusement! Vous prenez les gens pour des abrutis? Ceux qui suivent encore cette clique (et là je parle de tous pas seulement du CPL) sont les gens qui profitent directement. Le reste de la population veut leur départ à tous. Tous.

Michael

11 h 39, le 04 juin 2020

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Commentaires (5)

  • “Mens, mens, mens et tu finiras par croire à ton mensonge ». CPL est devenu la figure de proue de la corruption avec l’électricité et ses bateaux, les embauches clientélistes au sein du gouvernement, les avions privés prêtés par des amis (LOL), etc. Peut-on svp changer de disque par rapport à la soi-disant lutte contre la corruption? Ça en devient franchement ridicule et même si ce dernier ne tue pas, il bassine sérieusement! Vous prenez les gens pour des abrutis? Ceux qui suivent encore cette clique (et là je parle de tous pas seulement du CPL) sont les gens qui profitent directement. Le reste de la population veut leur départ à tous. Tous.

    Michael

    11 h 39, le 04 juin 2020

  • "", Aoun a réussi à ébranler l’édifice de la corruption"" SERIEUSEMENT ? ""le CPL a besoin de présenter à l’opinion publique une réalisation concrète"" PAS POSSIBLE CAR IL N'Y EN A AUCUNE ! ""le CPL aurait pensé pouvoir compter sur l’appui du Hezbollah"" PAS MOYEN PUISQUE LE CPL N'EST PAS INNOCENT EN FAIT, LE CONFLIT ENTRE CES 2 LA SE RESUME COMME SUIT :JOBRAN TIENT A CE QUE HN LE DECLARE PUBLIQUEMENT, DES A PRESENT SON CANDIDAT A LA PRESIDENCE COMME IL L'AVAIT FAIT POUR AOUN.

    Gaby SIOUFI

    10 h 15, le 04 juin 2020

  • Quelle farce. Si nous en sommes là, c’est évidemment à cause du Hezbollah qui n’a pas pacifié le liban régionalement. MAIS c’est AUSSI à Aoun , son parti, ses positions, ses alliances pour des intérêts strictement « personnels » ( le pouvoir, les postes, les députés, les sièges, la présidence etc ) que nous en Sommes là. Ils ne vont pas se refaire une virginité aujourd’hui. Trop tard. Ils ont trop usé et abusé. Ils ont donné aux intégristes carte blanche pour envahir le pays, le contrôler même en plein coeur des régions chrétiennes dont nous constatons les dégâts aujourd’hui un peu partout ( lassa et cie). Trop tard les gars. Vous êtes grillés et l’Histoire vous jugera.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 10, le 04 juin 2020

  • C est une minie comédie du cpl pour montrer patte blanche devant les américains

    diala yafi

    09 h 21, le 04 juin 2020

  • Un des articles les plus outrageusement tendancieux de madame Haddad Le pacte faustien entre le CPL et le Hezbollah est un échangé de mauvais procédés qui a mené a la faillite du pays Jamais le "Liban fort n'a été aussi faible et dire que le CPL lutte contre la corruption c'est se moquer du monde

    Tabet Ibrahim

    07 h 36, le 04 juin 2020

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