Baabda s’est défendu hier des accusations de l’opposition selon lesquelles le président Michel Aoun souhaiterait instaurer un régime présidentiel au Liban. Ces accusations ont été récemment relancées après la polémique créée par la demande faite par le chef de l’État de reconsidérer la construction d’une centrale électrique à Selaata, alors que le gouvernement s’était mis d’accord sur un plan donnant la priorité à deux autres sites, Deir Ammar et Zahrani.
« Plusieurs parties politiques et médiatiques prétendent que la présidence supplante les prérogatives du Conseil des ministres, attribuant au chef de l’État des pratiques prétendument contraires à la Constitution et une volonté de transformer le mode de gouvernance en un “régime présidentiel” et suggérant ainsi une “confiscation” du rôle de Premier ministre », peut-on lire dans un communiqué publié par le bureau de presse de la présidence de la République. Rappelant que le rôle du chef de l’État est, justement, de protéger la Constitution, Baabda assure que le président ne l’a jamais violée, appelant « ceux qui prétendent le contraire à le prouver par des faits avérés et des preuves, plutôt que de lancer des accusations ». « Qu’ils soient rassurés, le président est déterminé à exercer pleinement les prérogatives que la Constitution lui confère, ni plus ni moins. Il semble que cette détermination dérange ceux qui se cachent derrière l’accord de Taëf pour attaquer les prérogatives du chef de l’État », poursuit ce texte. Par ailleurs, le palais présidentiel assure que « le Conseil des ministres exerce son rôle conformément aux prérogatives spécifiques qui lui sont attribuées ». « Tout autre avis est pure calomnie », ajoute le communiqué, estimant que ces attaques « visent à couvrir la lenteur des décisions (...) et d’autres objectifs que tout le monde a compris ».
Baabda répond également à ceux qui l’accusent de vouloir abolir l’accord de Taëf, rappelant que lors de son discours d’investiture, Michel Aoun a appelé à la nécessité de mettre en œuvre l’intégralité du pacte national pour préserver le partenariat. « Ceux qui réclament une abolition de Taëf en prennent ce qui leur convient et ignorent ce qui ne leur convient pas », réagit Baabda qui dénonce une « exploitation des principes nationaux sur lesquels les Libanais se sont mis d’accord dans leurs propres intérêts ». « Ces allégations répétées et leur but politique ne trompent plus les Libanais, qui aspirent à une coopération avec les autorités pour sortir » de la crise, estime le présidence de la République, qui conclut: « La première étape, et la plus importante, consiste à unifier les positions pour restaurer la stabilité de la vie politique, ce qui ne peut être assuré que par le respect du pacte national, de la Constitution et des lois. Des textes qu’il faut cesser de violer à chaque fois que les contempteurs estiment que leurs intérêts passent par des offenses contre la patrie, ses symboles et ses institutions. »
« L’agenda du CPL »
Le courant du Futur n’a pas tardé à réagir au communiqué de Baabda dans lequel il a vu une réponse directe aux critiques qu’il avait adressées à la présidence de la République, dans la foulée de l’affaire de la centrale de Selaata, dans le communiqué paru mardi au terme de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire.
Une source responsable du bloc parlementaire de Saad Hariri a d’emblée souligné dans une déclaration distribuée en soirée à la presse que « la réponse de Baabda n’était pas réussie dans la mesure où elle ramène la présidence de la République au rang de porte-parole du gouvernement ». « Il est étonnant que les services du palais présidentiel s’empressent de défendre la présidence du Conseil alors que ceux du Sérail gardent le silence et ne tiennent pas compte des dizaines de mises en garde contre les répercussions négatives des actions répétées menées pour affaiblir le poste de président du Conseil et sa place dans le système politique », indique la source. Elle a réaffirmé que « les atteintes aux prérogatives du chef du gouvernement servent à exécuter les agendas privés du parti au pouvoir ». « Le fait même que la présidence de la République reprenne à son compte le point de vue du Courant patriotique libre que dirige le gendre du chef de l’État et contourne à cette fin une décision du Conseil des ministres au sujet des centrales électriques, contrairement à l’avis du chef du gouvernement et de la majorité des ministres, est la preuve d’une hégémonie pratiquée sur le pouvoir de décision de cette instance, et sur laquelle il n’est pas possible de se taire », selon la source. Et d’ajouter : « La présidence de la République est supposée veiller sur le respect de la Constitution et des règles de gestion des affaires publiques, mais les services du palais semblent vouloir en faire le garant des intérêts et des orientations du parti au pouvoir, quitte à pousser le gouvernement à se retourner contre ses propres décisions et à l’obliger à travailler en fonction de l’agenda déterminé par ce parti. »
commentaires (6)
Président?? vous avez dit président?? Un président descend vers le "peuple". Il écoute son peuple. Il descend, bouge, va dans les rues et s'active. Enfin, faut voir comment font les autres pays ( macron, trump, merkel etc...) il fait quoi lui?? assis sur son trône et ne reçevant les foules qui l'applaudissent uniquement !!!! Il ne peut pas bouger? âge? pq a t il insisté , paralysé le pays pour occuper cet honorable siège? Faut être logique envers soi-même et son peuple. Hassan Nasrallah, malgré sa planque , il bouge plus que lui au delà des frontières , même parait il
LE FRANCOPHONE
19 h 14, le 04 juin 2020