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Dernières Infos - Cyberattaque

Berlin convoque l'ambassadeur russe et menace de sanctions

Le Reichstag, à Berlin, où siège l'Assemblée nationale allemande, le Bundestag. Photo d'archives John MacDougall/AFP via Getty Images

L'Allemagne a demandé jeudi à l'ambassadeur russe de s'expliquer sur une cyberattaque qui a visé en 2015 la Chambre des députés et les services de la chancelière Angela Merkel, une affaire qui pourrait se solder par des sanctions européennes.

Il existe de "fortes indications" que cette attaque ait été menée par un suspect alors membre du service russe de renseignements militaires GRU, a prévenu le ministère allemand des Affaires étrangères. Le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, Miguel Berger, a donc "invité" l'ambassadeur russe, Sergei Netchaev, pour évoquer cette attaque. "Au nom du gouvernement fédéral", M. Berger "a fermement condamné l'attaque de pirates informatiques contre le Bundestag", selon le ministère.

Le Bundestag avait en 2015 été victime d'une attaque informatique massive, visant aussi l'Otan et la chaîne de télévision francophone TV5 Monde. Les pirates informatiques s'étaient procurés parallèlement à cette attaque des données personnelles sur une messagerie de la chancelière allemande, sur la période allant de 2012 à 2015.

"Preuves tangibles"

Mme Merkel avait elle-même déploré le 13 mai des tentatives "scandaleuses" de piratage russe l'ayant visée en 2015 et assuré disposer de "preuves tangibles" de l'implication des forces russes dans ces piratages. Moscou avait dès le lendemain rejeté ces accusations. "Cinq ans sont passés. Mais aucun fait concret (appuyant la thèse d'un piratage russe, NDLR) n'a été fourni", avait fait valoir le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

A la demande du Parquet fédéral allemand, un mandat d'arrêt a été récemment émis contre un pirate informatique présumé, Dimitri Badin, également recherché par le FBI (police fédérale américaine). Il est notamment soupçonné d'avoir participé au piratage de la campagne démocrate durant l'élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis et d'avoir mené des actions contre l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

L'ambassadeur russe a été informé que sur la base de ce mandat d'arrêt, le gouvernement allemand chercherait "à Bruxelles à utiliser le régime de sanctions de l'UE contre les responsables de l'attaque contre le Bundestag allemand, y compris M. Badin", a prévenu le ministère allemand des Affaires étrangères. L'Union européenne s'est dotée en 2019 d'un arsenal de sanctions contre des personnes ou entités en cas de cyberattaques. Figurent notamment l'interdiction de se déplacer dans l'UE et le gel d'avoirs.

"Loi du plus fort"

Le gouvernement allemand a indiqué qu'il "évaluait également cet incident, dans le cadre de l'enquête en cours sur l'affaire dite du meurtre de Tiergarten et se réservait expressément le droit de prendre des mesures supplémentaires". Ces investigations concernent le meurtre à l'été 2019, en plein cœur de Berlin, d'un Géorgien d'origine tchétchène. Un suspect, entré en Allemagne avec de faux papiers, est en détention provisoire dans ce dossier. Lui aussi est soupçonné d'avoir été lié aux services russes. En décembre, deux diplomates russes avaient déjà été expulsés de Berlin, faute d'avoir, selon l'Allemagne, accepté de collaborer à l'enquête. Ces affaires interviennent dans un contexte de tensions persistantes entre Moscou et Berlin, dont les intérêts divergent sur de nombreux sujets, de l'annexion de la Crimée par la Russie à la situation en Syrie, en passant par le conflit libyen.

Mercredi soir, Mme Merkel a dit s'attendre à ce que la Russie "occupe", parmi d'autres dossiers internationaux, la présidence allemande de l'Union européenne à partir du 1er juillet. "La base de cette démarche ne peut être que la compréhension du fait que dans les relations internationales, ce n'est pas la loi du plus fort qui s'applique, mais la force du droit", a souligné la chancelière. Elle a accusé Moscou de "soutenir des régimes fantoches dans certaines parties de l'Est de l'Ukraine et d'attaquer les démocraties occidentales, dont l'Allemagne, avec des moyens hybrides".

L'Allemagne a demandé jeudi à l'ambassadeur russe de s'expliquer sur une cyberattaque qui a visé en 2015 la Chambre des députés et les services de la chancelière Angela Merkel, une affaire qui pourrait se solder par des sanctions européennes.Il existe de "fortes indications" que cette attaque ait été menée par un suspect alors membre du service russe de renseignements militaires GRU, a...