Le vicaire patriarcal de Jounieh, Mgr Antoine Andari, a appelé mercredi "les autorités judiciaires et sécuritaires à s’emparer rapidement du sujet" de l'agression, par des habitants du village chiite de Lassa, d'agriculteurs venus exploiter des terres mises à leur disposition par le vicariat.
"A chaque fois que nous sommes confrontés à ce sujet, a affirmé Mgr Andari lors d'une conférence de presse, nous l'abordons avec mesure et dans le cadre de la justice et de la loi. Nous nous efforçons de ne pas répondre aux provocations." "Mais la question a atteint un niveau critique et nous ne pouvons plus nous taire, a-t-il mis en garde, surtout après des contacts avec des représentants religieux et partisans qui fuient leurs responsabilités". "Nous avons besoin d'une intervention rapide des autorités judiciaires et sécuritaires", a insisté le dignitaire maronite.
Un litige oppose depuis des années l’Église maronite, propriétaire de terrains qu'elle met à la disposition d'agriculteurs, au comité des waqfs chiites de Lassa, qui estime que les habitants de confession chiite sont victimes d’un plan d’éviction de la région, établi selon un agenda "bien précis". De son côté, l’Église maronite fait état d’empiétements chiites sur ses biens-fonds.
Il faut "que chacun prenne ses responsabilités afin que la situation ne se détériore pas", a encore averti le vicaire Andari, qui a annoncé "une initiative prochaine, qui s’ajouterait à la présente, de donner gratuitement d’autres terrains à exploiter en cette saison agricole".
"Nous sommes attachés à la paix civile et au vivre-ensemble", rappelle-t-il. "Cette terre est la nôtre et nous ne sommes pas des envahisseurs, comme vous dites. Ne falsifiez pas l’histoire. Ne vous mettez pas en travers de notre chemin, ne nous chassez pas", a-t-il lancé. Plus conciliant, il a demandé enfin au Conseil supérieur chiite et à toutes les autorités sécuritaires et partisanes de "mettre un terme aux mauvais comportements" afin de préserver "la paix civile". "Ne jouez pas avec la sécurité et la stabilité", a-t-il conclu.
Prenant également part à la conférence de presse, le député du bloc "La République forte" (Forces Libanaises), Chawki Daccache, a interpelé nommément les autorités du pays, dont le ministre de l'Intérieur Mohammad Fehmi, la ministre de la Défense, Zeina Acar, ainsi que le Premier ministre Hassane Diab et le chef de l'Etat, Michel Aoun, en affirmant que "notre terre sera cultivée, en vertu de la loi". "Pour moi, c'est sur les autorités que repose la responsabilité, tant pratique que morale, de la sécurité des agriculteurs", a-t-il ajouté.
Le député Ziad Hawat, également membre du groupe parlementaire des Forces libanaises, a affirmé de son côté avoir "transmis le dossier au président de l’Assemblée Nabih Berry (qui jouit d'une forte influence dans la localité de Lassa, NDLR), qui a promis qu’il le suivrait de près". "La justice doit régner dans toutes les régions", a ajouté le député de Jbeil.
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