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Nos Lecteurs ont la Parole

Le Liban face à un projet (étranger) pernicieux

Mettons les points sur les « i ». La dérive politique, économique, financière, sociale, légale et environnementale que subit le Liban durant ces dernières décennies est davantage le résultat de l’inféodation servile du pays à une force étrangère que le fruit d’une corruption omniprésente. Certes, la corruption est vile et néfaste, mais elle est éminemment moins dangereuse qu’une machination machiavélique orchestrée à partir de l’étranger. En effet, le Liban fait face à un projet pernicieux qui consiste à contrôler toutes les décisions importantes et providentielles du pays. La formulation stratégique de ce vaste chantier, c’est-à-dire sa vision ainsi que ses choix stratégiques, se fait à partir de l’extérieur. Par contre, l’exécution du plan se fait localement par le biais d’un soutien interne dont le leadership est totalement acquis à la cause étrangère pour des raisons idéologiques qui ne sont pas nécessairement compatibles avec les valeurs et les aspirations de la majorité des Libanais.

Concrètement, le projet se base sur des principes simples et efficaces. Il s’agit d’établir un appareil sécuritaire parallèle et autonome, d’éliminer les obstacles même par la force si nécessaire, de bloquer les institutions lorsque les circonstances ne sont pas propices, d’utiliser de façon judicieuse les médias pour la propagande, et de conclure des alliances stratégiques avec d’autres partis locaux. L’objectif suprême est de contrôler la machine politique libanaise en y plaçant des hommes de confiance dans les postes-clefs d’influence. Ainsi, pour accéder au poste suprême, le candidat doit faire preuve d’un dévouement inconditionnel, sans faille et en toute circonstance.

Sans rentrer dans les détails, force est de constater que le projet est sur de bons rails. L’opposition, faute de moyens et d’organisation, a finalement capitulé face à l’attaque frontale et foudroyante de cette machine étrangère bien rodée.

Malheureusement, les conséquences de cette défaite furent néfastes, voire désastreuses, pour le Liban. Le pays a irréversiblement perdu son libéralisme et sa neutralité, c’est-à-dire le prestige qui faisait son orgueil et sa fierté dans la région et dans le monde. Le Liban ne pourra plus se targuer d’être la Suisse du Moyen-Orient. Le Liban ne pourra plus non plus se vanter d’être un lieu de rencontre entre l’Est et l’Ouest. Il n’est plus unique. Il n’est plus privilégié. Bref, le Liban d’antan n’existe plus. C’est la volonté étrangère qui en a décidé ainsi grâce à un précieux soutien interne.Chaque jour qui passe rend le quotidien du citoyen de plus en plus difficile et de plus en plus précaire. Les pays influents, et jadis amis, ne nous regardent plus. Pourquoi devraient-ils le faire si nous-mêmes nous regardons ailleurs ? De temps à autre, ils nous prodiguent des mots affectueux, histoire de nous réconforter un tant soit peu. Mais ce ne sont finalement que des « parole parole » comme le chantait si bien la divine Dalida.

Quid de l’avenir du Liban ? Il faut se rendre à l’évidence. Aucune aide étrangère ne nous sera octroyée, aucune réforme structurelle ne portera des fruits, tant que la cause profonde du mal perdurera indéfiniment. L’unique solution consiste à éradiquer cette influence externe qui agit à contrecourant de la culture du pays, de ses valeurs ancestrales et de l’aspiration de son peuple. Cependant, il ne faut pas se leurrer. Cela ne sera pas chose facile.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Mettons les points sur les « i ». La dérive politique, économique, financière, sociale, légale et environnementale que subit le Liban durant ces dernières décennies est davantage le résultat de l’inféodation servile du pays à une force étrangère que le fruit d’une corruption omniprésente. Certes, la corruption est vile et néfaste, mais elle est éminemment moins...

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