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Nos Lecteurs ont la Parole

État du monde « 2020 »

Ai-je manqué une année ? J’ai lu beaucoup de réactions au sujet de l’abolition de l’excision au Soudan. De la joie, oui, qu’enfin cette mutilation soit reconnue comme un crime, c’est un bon début ! Mais aussi des exclamations que je trouve étranges. Des exclamations comme : « Oh mon Dieu, on est en 2020 et ça se passe encore ? » Oui... Y a-t-il une année où l’hommerie a disparu ?

Le monde a-t-il été réparé sans que je le sache ? Est-ce parce qu’on n’en entend pas vraiment parler signifie que le monde va bien ? Avons-nous tout réglé, la misère du monde, en se cachant les yeux, confortablement blottis dans la « démocratie », le capitalisme et la mondialisation ? Non.

Non, nous n’avons rien réglé. L’excision se pratiquait encore hier, des têtes sont encore coupées, des mains aussi. Demain, dans le monde, des hommes et des femmes seront encore fouettés. Quelque part, des enfants sont encore exploités pour fabriquer des cochonneries qui pollueront nos océans ou pour le plaisir d’humains exécrables. Des guerres font encore rage, des peuples demandent encore à rentrer chez eux. Des terres sont occupées ou volées. Des familles sont décimées par la violence ou la famine.

Désolé de te l’apprendre si tu pensais qu’en « 2020 », on avait rendu un monde meilleur. Ici, les femmes et les hommes commencent à être égaux, et c’est tant mieux (il reste du travail), on respecte les diversités culturelles, les orientations sexuelles, etc. Mais il y a encore des gens sans domicile qui meurent dans les rues. Peut-être pas ta rue, mais une rue pas loin. Des anciens, des bâtisseurs, des personnes en or qui étaient laissées à elles-mêmes dans des CHSLD, oubliées pour certains par leurs familles (vivement la crise, ces gens reçoivent maintenant un peu l’attention du monde). Certaines femmes doivent vendre leur corps. La cocaïne trouve toujours des narines et les antidépresseurs ne cessent d’être avalés, etc. On est en « 2020 », et ce monde est encore brisé, brisé plus que jamais.

Pour le réparer, il faudrait commencer par regarder les choses en face. Regarder autour, observer différentes perspectives. Et surtout, tendre l’oreille, écouter l’autre. Écouter sa détresse. On parle beaucoup de l’après-crise, comme si les choses allaient changer toutes seules. Il y a de l’espoir, il suffit d’utiliser la lumière pour éclairer le chemin et non pour s’éblouir. Une réflexion tard le soir...

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Ai-je manqué une année ? J’ai lu beaucoup de réactions au sujet de l’abolition de l’excision au Soudan. De la joie, oui, qu’enfin cette mutilation soit reconnue comme un crime, c’est un bon début ! Mais aussi des exclamations que je trouve étranges. Des exclamations comme : « Oh mon Dieu, on est en 2020 et ça se passe encore ? » Oui... Y a-t-il une année où...

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