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Dernières Infos - OMS

Enquête sur la réponse internationale à la pandémie : quand ? comment ? et après ?

Le logo de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Photo d'archives AFP

En pleine guerre des mots sino-américaine et alors que le président américain Donald Trump menace de couper les vivres à l'OMS, les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé ont adopté mardi une résolution sur l'évaluation de la réponse sanitaire internationale, y compris de l'agence onusienne, à la pandémie.

Les termes de la résolution demeurent vagues quant à sa mise en œuvre : quand sera-t-elle engagée ? Par quelle instance ? Avec quel mandat ? quelle réforme de l'OMS en attendre ? La Chine finira-t-elle par accepter une enquête indépendante sur son sol ? Voici quelques éléments de réponse.

Evaluation
La résolution appelle l'OMS à lancer "au plus vite" une "évaluation indépendante" de la riposte sanitaire internationale à la pandémie, y compris des mesures prises par l'OMS. Si la résolution laisse toute liberté à l'OMS de décider de la façon de procéder et ne pointe aucunement la Chine, l'organisation fait face à une pression accrue américaine. Les Etats-Unis et l'Australie réclament depuis des semaines une enquête sur la façon dont a été gérée la pandémie par l'OMS et la Chine. Mais Pékin a refusé l'idée d'une enquête centrée sur la Chine, demandant une évaluation de la riposte sanitaire globale.

A l'OMS, son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus, accusé par Washington d'être l'homme de Pékin à Genève, a lui aussi répété qu'il fallait avant tout en finir avec le coronavirus, assurant que le temps des évaluations viendrait. Fin diplomate, cet ancien ministre des Affaires étrangères éthiopien a toutefois annoncé lundi avant l'adoption de la résolution une évaluation "au moment approprié", tout en se gardant bien de dire quand elle serait lancée.

Lundi un comité consultatif indépendant de l'OMS a de son côté publié son premier rapport sur la pandémie, suggérant aux pays de transmettre plus rapidement leurs informations à l'organisation, de donner plus de moyens et d'améliorer son système d'alerte.

Conclusions
De nombreux experts, pays et observateurs ont souligné la nécessité de réformer l'OMS, née après la Seconde Guerre mondiale, afin qu'elle puisse mieux répondre aux défis du XXIe siècle, et notamment aux pandémies. "La structure de l'OMS est calamiteuse parce que les pays votent sur presque tous les sujets. L'OMS n'a pas de pouvoir indépendant : chaque pays a une voix, et cela signifie que le directeur général a près de 200 chefs", a expliqué à l'AFP l'épidémiologiste américain, Larry Brilliant. La résolution souligne que l'évaluation de l'action de l'OMS doit permettre "d'améliorer les capacités mondiales de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies". Enfin, elle appelle la communauté internationale à fournir à l'OMS "un financement durable" face à la pandémie de Covid-19.

Enquête zoonotique
La résolution, si elle ne mentionne pas le fait que le virus soit apparu fin décembre en Chine, appelle le directeur général de l'OMS à collaborer avec l'Organisation mondiale de la santé animale, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et les pays "en vue d'identifier la source zoonotique du virus, et de déterminer par quelle voie il s'est introduit dans la population humaine". Elle souligne que cette démarche peut se faire "notamment moyennant des missions scientifiques et des missions de collaboration sur le terrain". La Chine s'est déclarée ouverte à une enquête indépendante, mais pas avant la fin de la pandémie.

Accès universel aux vaccins
La résolution pointe le "rôle d'une vaccination à grande échelle, en tant que bien public mondial". Elle demande "l'accès universel, rapide et équitable et la juste distribution de tous les produits et de toutes les technologies de santé essentiels", soulignant que les règles de l'Organisation mondiale du commerce en termes de propriété intellectuelle comportent des "flexibilités".

Mais la question-clé reste "comment fait-on cela ?" a affirmé à l'AFP Gaëlle Krikorian, responsable de la campagne de MSF pour l'accès aux médicaments. La question est d'autant plus pressante que les Etats-Unis ont fait part mardi, après l'adoption de la résolution, de leur désaccord sur l'interprétation des règles de l'OMC. Pour Anna Marriott, de l'ONG Oxfam, les pays rédacteurs de la résolution "n'ont rien fait pour obliger l'industrie pharmaceutique à mettre en commun les brevets".

Taïwan
Au premier jour de la réunion, les pays ont décidé de reporter les débats sur la participation de Taïwan comme observateur, alors que les Etats-Unis et une quinzaine de pays avaient réclamé ces dernières semaines que l'île, exclue depuis 2016, puisse participer.  Le report des débats a été accepté lundi sans opposition des Etats-Unis mais peu après Washington a "condamné" cette "exclusion de Taïwan", estimant qu'elle portait "encore davantage atteinte à la crédibilité" de l'OMS.

En pleine guerre des mots sino-américaine et alors que le président américain Donald Trump menace de couper les vivres à l'OMS, les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé ont adopté mardi une résolution sur l'évaluation de la réponse sanitaire internationale, y compris de l'agence onusienne, à la pandémie.Les termes de la résolution demeurent vagues quant à sa mise en...