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Scan TV - Scan TV

Le retour des ténors dans « Bel aleb » de Tarek Soueid

Gabriel Yamine en compagnie de l’actrice Rania Mroueh lors du tournage de « Bel aleb ». Photo prise du compte Instagram de Rania Mroueh.

Spécialement réalisé pour le mois de ramadan, le feuilleton Bel aleb de Tarek Soueid marque les retrouvailles à l’écran avec les ténors de la télé, du cinéma et du théâtre libanais dans une histoire dramatique sondant les mécanismes de la société libanaise. Le plus grand plaisir que Tarek Soueid nous a réservé, en plus d’un texte qui, pour la première fois, touche à des domaines très sensibles, même s’ils semblent futiles à première vue pour certains, c’est de faire revenir les acteurs qui nous réconcilient avec la télévision, loin de ces visages tellement recyclés qu’ils se vident de tout éclat dans des rôles qui ne ressemblent plus à rien.

C’est avec brio que Tarek Soueid cisèle les histoires de ses personnages en leur donnant à chacun un espace de qualité. Les visages sont ridés mais beaux, car humains. Le réalisateur nous force à regarder au fond de leur âme et à nous identifier à leur histoire.



Carmen Lebbos dans le rôle de Fériale. Capture d’écran

Parmi ces personnages nous retrouvons Gabriel Yammine, une grande pointure du théâtre libanais, excellent dans son rôle de Geryes, un homme usé par le regret plus que par la maladie. C’est avec une grande finesse que Gabriel Yammine s’est emparé de son personnage. Sa longue expérience sur les planches lui a permis de faire de l’ombre à l’ensemble des jeunes acteurs sur la scène télévisée. Sous la direction de Julien Maalouf, Gabriel Yammine nous offre une performance exemplaire, une leçon de théâtre.

Il laisse de côté sa propre image afin de se dissoudre dans son personnage et lui laisser libre cours afin de toucher les téléspectateurs dans la plus grande simplicité d’un sage ayant goûté à la maturité de la vie et l’intelligence d’un grand qui sait que c’est l’intensité de la représentation qui compte et non pas l’importance du rôle dans le scénario. Le personnage que joue Gabriel Yammine ne peut avoir connu le grand amour qu’avec une femme comme Fériale, alias la formidable Carmen Lebbos dans ce feuilleton, une femme blessée mais fidèle à ses sentiments. La parfaite tante, rejetée par la vie et ses petits bonheurs, débordant de maternité sans avoir porté aucune des personnes qu’elle materne, évolue dans son rôle en toute pudeur, avec une discrétion magistrale, et porte au quotidien avec résilience les blessures d’un passé qu’elle refuse de faire revivre à ses proches. L’une des plus proches est Diana, incarnée par Sarah Abi Kanaan, devenue veuve très tôt lorsque qu’une balle perdue a emporté l’amour de sa vie. Même si Diana n’est pas sa nièce biologique, elle ne l’aimera pas moins.

Tarek Soueid nous propose une plongée dans les méandres de la société libanaise où le qu’en-dira-t-on est très bien incarné par la sympathique Rose, avec la talentueuse Samara Nohra. Une voisine ou parente envahissante qui réussit toujours à nous faire sentir le poids du regard de notre entourage sur nos moindres mouvements et sentiments qui finissent par ne plus nous appartenir. Il traite le voyeurisme et l’hypocrisie d’une société qui se permet d’entrer par effraction dans la vie privée de chacun au nom de la moralité, comme s’il s’agissait d’un droit.



Darina el-Joundi dans le rôle d’Amal. Capture d’écran

Bousculement des rituels

Tarek Soueid bouleverse les traditions qui nous emprisonnent, comme la nécessité de porter du noir après la mort d’un de nos proches. Il rabaisse nos rituels au rang d’une grande mascarade élevant, à l’opposé, la liberté personnelle et l’intégrité des sentiments au rang supérieur.

Arrive ensuite dans son rôle d'Amal Darina el-Joundi, actrice exceptionnelle qui a joué dans Homeland et qui, malheureusement pour nous, va disparaître avec la mort de son personnage. Darina el-Joundi, qui figure actuellement dans un autre feuilleton al-Nahat, a brillé dans tous ses passages, que ce soit dans la peau de l’ancienne amante ou celle d’une mère privée de sa fille biologique, souffrant jusqu’au bout d’un passé tumultueux, ou encore d’une femme victime de violences, à laquelle la vie a refusé une seconde chance. Un passage certes court mais intense en ce qu’il a porté comme message et puissance du jeu. Dans son rôle, Darina el-Joundi a bien représenté la femme malmenée par une société impitoyable qui ne croit pas aux secondes chances, et qui ne cesse de jeter la pierre même devant la pesanteur de la mort.

Aux côtés de ces personnages, nous retrouvons aussi Najla el-Hachem, qui dévoile le quotidien douloureux de toutes les maisons qui abritent une personne atteinte d’alzheimer et qui montre combien le tissu social peut jouer un rôle primordial dans l’encadrement de ces personnes en leur procurant amour et sécurité. Najla el-Hachem, une autre ancienne combattante du petit écran, a réussi à se montrer poignante dans le rôle de cette femme qui a tout oublié mais qui dégage une candeur enfantine, parfaitement associée à toutes les personnes atteintes par cette maladie. Cette mère a eu la chance d’être accueillie par son fils, marié, qui apparaît dans une des séquences lui baisant la main et s’occupant de ses moindres soucis. L’auteur de la série a bien montré, à travers cette scène, le rôle primordial que jouent les enfants dans la vie de leurs parents, notamment dans leur vieillesse.

Nous ne pouvons qu’attendre patiemment le dénouement de cet enchaînement d’histoires et leurs rebondissements, sans oublier les personnages principaux, le tandem Sara Abi Kanaan et Badih Abou Chacra, dont le charme est indéniable mais dont l’histoire d’amour va engendrer beaucoup de problèmes.

LBCI, 20h45

Spécialement réalisé pour le mois de ramadan, le feuilleton Bel aleb de Tarek Soueid marque les retrouvailles à l’écran avec les ténors de la télé, du cinéma et du théâtre libanais dans une histoire dramatique sondant les mécanismes de la société libanaise. Le plus grand plaisir que Tarek Soueid nous a réservé, en plus d’un texte qui, pour la première fois, touche à des...

commentaires (1)

Vous faites bien d'encourager ces ténors, ainsi que la production locale. Malheureusement, très peu attachant comme produit. Mais il ne faut pas le leur dire, ni les décourager.

Zena Farah

09 h 47, le 17 mai 2020

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Commentaires (1)

  • Vous faites bien d'encourager ces ténors, ainsi que la production locale. Malheureusement, très peu attachant comme produit. Mais il ne faut pas le leur dire, ni les décourager.

    Zena Farah

    09 h 47, le 17 mai 2020

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