Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, est revenu pour L’Orient-Le Jour sur les détails du processus que le gouvernement libanais a décidé de mettre en œuvre pour lancer la construction de nouvelles centrales électriques dans le pays sur trois sites : deux au Liban-Nord, à Deir Ammar (Tripoli) et Selaata (Batroun) ; et une au Liban-Sud, à Zahrani (Saïda).
« Le gouvernement a approuvé jeudi le texte du protocole d’entente (Memorandum of Understanding, MOU) qui va être soumis aux entreprises intéressées à remporter ce marché et qui le mettront en œuvre avec les garanties de leurs États respectifs », a exposé le ministre. Pour l’heure, le ministère de l’Énergie a mené des pourparlers avec quatre sociétés : l’allemande Siemens, l’américaine General Electric, l’italienne Ansaldo et la japonaise Mitsubishi. Mais aucune n’a encore formulé d’offre ferme. Ces dernières devront signer le MOU avant d’aller plus loin.
« Le MOU fixe le cadre des négociations futures qui auront lieu et les grandes lignes des critères de sélection qui départageront les propositions et les offres de chacune des sociétés candidates », a ajouté le ministre. Ce cadre s’inspire largement du plan de l’ancienne ministre Nada Boustani, approuvé par le précédent gouvernement en avril 2019 et modifié au courant de l’été dernier. Ce plan s’articule en trois temps : réduction des pertes ; construction de centrales puis augmentation des tarifs, figés depuis les années 1990, d’Électricité du Liban qui coûte cher en avances du Trésor chaque année.
Critère de rentabilité
Concrètement, le ministère vise dans l’idéal la construction de trois centrales de 500 mégawatts (MW) chacune sur chacun des sites. « Le critère de rentabilité ne sera pas évalué sur le prix de construction de la centrale uniquement, mais sur son coût global, les frais de fonctionnement et le coût du carburant inclus sur une période d’exploitation de 25 ans (assurée par la société qui vendra donc l’électricité à EDL, NDLR). Le coût approximatif moyen d’une centrale de 500 MW est d’un demi-milliard de dollars », enchaîne Raymond Ghajar. Aucune solution n’est arrêtée pour l’instant, mais les centrales hybrides fonctionnant aussi bien au gaz qu’au diesel seront en principe privilégiées. Les candidats ne seront en outre pas contraints de proposer en même temps une solution temporaire pour fournir de l’électricité le temps que la centrale permanente soit mise en service comme le prévoyait le plan Boustani, le gouvernement étant ouvert à toutes les propositions. Ce sera d’ailleurs lui qui aura le dernier mot une fois que le ministre de l’Énergie aura fourni son rapport évaluant les propositions reçues. Le ministre espère qu’une étape décisive sera franchie dans les six mois.
Si le gouvernement a décidé de lancer ce processus de sélection plutôt que de passer par un appel d’offres, c’est parce que la situation économique et financière du pays – qui a fait défaut en mars sur sa dette en devises et négocie actuellement une aide financière du Fonds monétaire international – ne lui permet pas de fournir une « garantie souveraine » aux candidats qui y participeraient. Très répandue, notamment en Afrique, dans le cadre des contrats entre producteurs indépendants d’électricité et les États, les garanties souveraines peuvent consister en un engagement financier (échelonnement des paiements, fixation contractuelle d’une indemnité de résiliation) ou une obligation de prise en charge d’une partie d’un chantier lié à la construction de la centrale (construction d’une infrastructure connexe, par exemple). Selon le ministre, le MOU fixant les termes de la négociation de gré à gré avec les différentes entreprises autorisera la société intéressée à trouver elle-même des financements pour les projets, la question et les modalités du remboursement étant du coup négociés entre l’entité qui financera les projets (donateurs de la CEDRE, pays de l’entreprise intéressée, organisations internationales, etc.) et l’État libanais. C’est enfin dans ce cadre qu’une proposition de prêt du gouvernement chinois intervient. Son montant n’a pas été précisé, ni les motifs qui poussent les autorités chinoises à envisager cet investissement.
Hydrocarbures offshore
Enfin, Raymond Ghajar a apporté une précision concernant le dossier des hydrocarbures offshore libanais et ses récentes déclarations concernant l’évolution de la phase d’exploration du bloc n° 4 de la zone économique exclusive (ZEE) du Liban par le géant français Total. En cours de semaine, le ministre avait indiqué que le creusement d’un premier puits n’avait pas permis de confirmer la présence de réserves d’hydrocarbures suffisamment importantes pour être commercialisées, mais qu’il y « avait encore la possibilité de creuser deux puits supplémentaires ». Concernant ce point, Raymond Ghajar a ajouté que le contrat liant l’État libanais au consortium Total/Eni/Novatek – qui obtenu en février 2018 les licences d’exploitation concernant les blocs n° 4 (centre) et n° 9 (Sud) – ne contraignait pas ce dernier à creuser un autre puits dans le bloc 4 immédiatement, mais que rien n’empêchait que cela soit fait ultérieurement. « Tout dépendra du résultat définitif des analyses sur les échantillons obtenus suite au forage du premier puits, qui seront connus d’ici à juillet », a-t-il conclu.
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Si c’est le ministre de l’énergie qui présentera le dossier on se reverra dans dix ans et ils diront. ILS M’ONT EMPÊCHÉ SACRÉ BASSIL POURQUOI TU NE PASSES PAS LA MAIN ENFIN SUR L’ÉNERGIE? Tu ne penses pas que le CPL A ASSEZ GAFFE ( pour ne pas dire autre chose qui m’amenerai chez Ghada Aoun ) dans ce dossier durant DIX ANS DÉJÀ?
LA VERITE
04 h 14, le 17 mai 2020