Le président libanais, Michel Aoun, a déclaré samedi qu'il ne permettrait pas de dégradation de la situation sécuritaire au Liban, où des manifestations ont viré à l'émeute tout au long de cette semaine, notamment à Tripoli (Nord), craignant, dans un entretien à l'agence de presse russe Sputnik, "l'exploitation" de la rue par certaines formations politiques.
Lors de cette interview, le chef de l'Etat a exprimé sa crainte que "l'indignation dans la rue ne soit exploitée par certains partis mécontents des performances du gouvernement actuel" de Hassane Diab. "Dans tous les cas, nous ne permettrons pas que la situation sécuritaire se dégrade et nous garantissons la liberté de manifester et de s'exprimer", a-t-il ajouté. "J'espère que tous les responsables et les partis ont bien compris que la colère des Libanais a explosé face à la corruption, aux pertes d'emplois et au gaspillage financier", a souligné le président Aoun.
Et de poursuivre : "Je comprends que les gens veulent des changements rapides et concrets mais nous ne pouvons pas résoudre les conséquences des politiques de ces 30 dernières années en une nuit. Le gouvernement a à peine cent jours et il ne peut pas faire de miracles". Il a dans ce contexte appelé les Libanais à "surveiller de près les développements à venir".
Michel Aoun a en outre affirmé que l'exécutif était déterminé à mettre en oeuvre le plan de redressement qu'il a approuvé jeudi pour lutter contre la crise financière et économique, la pire depuis la fin de la guerre civile (1975-1990). "J'espère que cette étape aidera le Liban à se redresser", a-t-il ajouté.
Le gouvernement libanais a paraphé vendredi une requête officielle qui sera envoyée au Fonds monétaire international (FMI) pour réclamer une aide financière, dans l'espoir de relancer l'économie au bord du naufrage dans un pays secoué par un violent regain de contestation sociale. Cette demande d'aide au FMI entre dans le cadre du plan de réformes approuvé jeudi par l'exécutif. Les autorités ne se sont toutefois pas exprimées sur le montant attendu du FMI ni sur les modalités de cette aide. Le Liban, qui a annoncé en mars être en défaut de paiement, croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l'un des taux les plus élevés au monde. Selon des estimations officielles, 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Ces derniers mois, des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi ou vu leur salaire réduit. Le 17 octobre, dans ce contexte de crise, une révolte populaire sans précédent a éclaté, et depuis, des Libanais manifestent leur opposition au pouvoir de manière régulière à travers tout le territoire.
commentaires (27)
Il fallait le dire Monsieur le président , quand les t-shirts noirs, attaquaient les manifestants pacifiques. C’est la que la sécurité était menacé. La dictature des armes illégales n’est pas de la sécurité, mais plutôt la plus grande menace pour la sécurité du Liban!
LeRougeEtLeNoir
23 h 36, le 03 mai 2020