Le quotidien gouvernemental iranien Iran a perdu l'accès à son site internet en .com et son directeur a accusé lundi Washington de lui avoir "volé" son nom de domaine, dénonçant une "violation des droits humains".
Des journalistes de l'AFP ont constaté lundi que l'adresse http://iran-newspaper.com où l'on pouvait encore consulter récemment l'édition en ligne du journal ne fonctionnait plus. Le journal reste en revanche disponible à l'adresse correspondant à son nom de domaine iranien se terminant par .ir.
Joint par l'AFP, Mehdi Chafii, directeur du groupe de presse publiant Iran ainsi qu'un certain nombre d'autres journaux, a accusé le "département du Trésor" américain de vouloir "bloquer" et "confisquer" les noms de domaine utilisés par son entreprise de presse.
"Le gouvernement [du président américain Donald] Trump a jusqu'à présent montré qu'il n'est pas du tout rationnel, ni logique, et donc un comportement tel que voler le domaine d'un journal n'était pas inattendu de sa part", a-t-il ajouté. Cela "viole les droits humains, en particulier la liberté d'expression", a encore déclaré M. Chafii, appelant "toutes les instances internationales, les membres des médias, ainsi que tous les partisans de la liberté d'expression dans le monde, à réagir et à condamner cette décision."
Le département du Trésor américain, en particulier son Bureau de contrôle des actifs financiers (OFAC), a la haute main sur les programmes de sanctions économiques des Etats-Unis, que le gouvernement Trump a considérablement durcis à l'encontre de l'Iran depuis 2018. En vertu de ces sanctions, certains réseaux sociaux, comme Instagram, ont fermé des comptes appartenant à des responsables iraniens nommément cités sur la liste noire du Trésor américain.
Une recherche sur le nom de domaine en .com du journal Iran montre que celui-ci a fait l'objet de changements le 23 avril et qu'il est désormais propriété d'une certaine "OFAC Holding" immatriculée à Jacksonville en Floride (Sud-Est des Etats-Unis).
En 2013, un journaliste d'investigation américain spécialisé dans la cybersécurité, Brian Krebson, avait rapporté sur son blog qu'"OFAC Holding" était la signature d'une société américaine, Network Solutions, et de sa maison-mère Web.com. Selon lui ces deux sociétés avaient à l'époque "saisi" des centaines de noms de domaines liés à des entités syriennes visées par les sanctions américaines pour leur liens avec le président Bachar al-Assad.
L'Iran figure à la 173e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières (RSF).
Les plus commentés
Le faux pas de Samir Geagea… et de l’opposition ?
L'UE annonce un financement pour le Liban d'un milliard d'euros, jusqu'en 2027
Pourquoi la Palestine mobilise une partie de la jeunesse occidentale