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De retour sur Netflix, « Fauda » veut montrer l’envers du conflit israélo-palestinien

Photo d’archives du coauteur de « Fauda », Avi Issacharoff, prise le 8 mars 2017 à Tel-Aviv. AFP/Archives

Après les traques d’un responsable du Hamas et d’un combattant de l’organisation État islamique, la série israélienne Fauda plonge l’action de sa troisième saison à Gaza pour montrer « le lourd tribut » payé par les « innocents » du conflit israélo-palestinien, explique son auteur à l’AFP.

Le malheur des uns fait parfois les audiences des autres. En cette période de confinement en raison de la pandémie de Covid-19, la plateforme américaine de diffusion en ligne Netflix connaît des pics de popularité et voit son action en Bourse se tonifier malgré une marche mondiale vers la récession.

Déjà sortie sur une chaîne locale, la troisième saison de la série israélienne Fauda (« chaos » en arabe) débarque le 16 avril sur Netflix et plante pour la première fois son intrigue dans la bande de Gaza, enclave palestinienne sous contrôle du mouvement islamiste Hamas et sous blocus israélien.

« La recette reste la même dans l’ensemble, mais cette saison est beaucoup plus complexe que les précédentes », explique à l’AFP Avi Issacharoff, coauteur de la série avec Lior Raz, le dur à cuir, crâne rasé à la Bruce Willis, qui incarne le personnage de Doron Kavillio, agent d’une unité spéciale israélienne infiltrée en milieu palestinien.

« Les antagonismes sont moins marqués » que dans les saisons précédentes, souligne Avi Issacharoff, lui-même un des rares reporters israéliens à couvrir l’actualité palestinienne et qui connaît Gaza pour y avoir réalisé des reportages avant le blocus.

« On voit comment des gens qui ne veulent pas faire la guerre, qui veulent vivre en paix, se retrouvent happés malgré eux dans le conflit israélo-palestinien et en deviennent partie prenante », dit celui dont la série a acquis une popularité à l’international sans avoir le budget des grosses productions.

Engrenage

Pour sa troisième saison, l’agent Doron Kavillio commence sa mission d’infiltration dans la ville de Hébron, en Cisjordanie occupée. Il s’y fait passer pour un coach sportif et, dans le but de se rapprocher de cibles palestiniennes, manipule Bashar, un jeune boxeur à l’avenir prometteur, qu’il entraîne dans une spirale infernale.

Sans trop « spoiler » ou « divulgâcher » – contraction des mots « divulguer » et « gâcher » –, l’intrigue va conduire l’équipe de Doron dans la bande de Gaza et dévoiler un univers plus complexe que la rhétorique du Hamas et d’Israël qui se sont livré trois guerres depuis 2008 et poursuivent régulièrement les échanges de tirs.

« On a voulu montrer le lourd tribut que paient des innocents à cause du conflit », avance Avi Issacharoff, car « la réalité est plus complexe qu’on ne l’imagine ». Preuve en est : on observe en pleine crise du nouveau coronavirus des rapprochements « officieux » entre le Hamas et Israël, qui bénéficient d’une trêve, pour lutter contre la pandémie, souligne-t-il.

Puisqu’il est notamment interdit pour les Israéliens de se rendre à Gaza, les scènes qui se déroulent dans l’enclave palestinienne ont été tournées dans les villes arabes israéliennes de Kfar Kassem et Jisr al-Zarqa, ainsi que dans un camp d’entraînement militaire dans lequel l’armée a reconstitué des ruelles gazaouies, raconte M. Issacharoff.

Malgré les tensions, « il était important pour nous de ne pas caricaturer l’ennemi » et de montrer que lui aussi « souffre », « pleure » et « aime », assume t-il. « C’est à chaque fois un nouveau défi. »

Bâtir des ponts

Diffusée en Israël par le réseau YES, Fauda a conquis la critique et des millions de téléspectateurs à travers le monde depuis sa diffusion sur Netflix en décembre 2016. Il y a quelques mois, le New York Times l’a distinguée comme l’une des meilleures séries étrangères de la décennie. Elle est en outre devenue l’emblème du savoir-faire israélien en matière de formats originaux et relativement peu chers à produire.

Son succès tient notamment à son réalisme, les deux auteurs étant d’anciens membres d’une unité infiltrée. « Cela reste une fiction même si on essaye de donner des éléments de réalité », précise Avi Issacharoff qui dit s’être inspiré de Yahya Sinwar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, pour créer les principaux personnages palestiniens.

Le charismatique capitaine Ayoub, personnage phare des services de sécurité israélien, est lui aussi inspiré d’une personne ayant existé.

Bien que tournée en arabe et en hébreu, Fauda reste « une série israélienne », reconnaît Avi Issacharoff qui travaille déjà à l’écriture d’une quatrième saison. Mais la représentation selon lui nuancée du conflit qui affecte le quotidien des Israéliens et Palestiniens permet, espère-t-il, de bâtir des ponts entre les deux peuples.



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