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Diaspora

« Face au virus, les Libanais ont agi avec responsabilité », affirme un médecin libanais aux USA

Le Dr François Abi Fadel est urgentiste et pneumologue à l’hôpital de Cleveland dans l’Ohio. Il raconte dans quelles conditions difficiles son équipe et lui exercent leur métier de soignants depuis la propagation du coronavirus.

Le Dr François Abi Fadel, urgentiste et pneumologue auprès de l’hôpital de Cleveland. Photo DR

Depuis quelques semaines, le quotidien du Libanais François Abi Fadel, urgentiste et pneumologue auprès de l’hôpital de Cleveland (classé deuxième au monde par Newsweek), a été complètement bouleversé. Devant les cliniques, il n’y a plus que des chaises vides et des portes fermées. Tous les services hospitaliers sont passés à la télémédecine et, pour les prochains trois mois au moins, les patients sont priés de ne plus se rendre à l’hôpital qu’en cas d’extrême urgence.

L’épidémie qui frappe les États-Unis – comme le reste du monde – a considérablement compliqué les conditions de travail du Dr Abi Fadel et de son équipe. De jour en jour, le personnel médical est touché encore plus sévèrement par le virus. « Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles, raconte-t-il à L’Orient-Le Jour. Parfois c’est l’un de nos résidents, l’une de nos infirmières ou l’un nos collègues qui sont atteints par le virus. » Pour ne pas tomber malade, les membres de son équipe tentent au maximum de se protéger et de protéger leur entourage. Le Dr Abi Fadel ne voit plus sa propre famille. Après ses longues journées de travail, ce père de trois enfants rentre directement se réfugier dans le sous-sol de sa maison. « C’est très dur de savoir que je vais être privé de mes proches durant des mois », soupire-t-il. Il ajoute que son chef n’habite tout simplement plus chez lui et vit dans une tente. Comme partout ailleurs, le quotidien de ce personnel médical est bouleversé.


La pression de ne pas pouvoir sauver des vies
Même après avoir une journée de travail de 18 heures et des gardes plus prolongées que d’habitude, le Dr Abi Fadel doit affronter le plus dur : se rendre compte que la situation se détériore et que la pandémie ne cesse de se propager dans le pays.

« Le manque de matériel médical est particulièrement difficile à vivre, mais ce n’est rien devant la pression que l’on ressent quand on veut sauver des vies et qu’on n’y arrive pas », raconte le médecin, qui reconnaît être hanté par la peur atroce de l’inconnu.

« Dès le début, on a compris que le Covid-19 ne peut être comparé à la grippe, explique-t-il. Si les symptômes de ces deux virus sont semblables, la manière dont ils impactent les patients est complètement différente. L’hospitalisation d’un patient atteint de la grippe ne nécessite pas une cinquantaine de jours avec recours obligatoire aux ventilateurs, comme c’est le cas pour certains patients du coronavirus. D’ailleurs, de 40 à 50% des patients atteints du Covid-19 ont besoin de soins intensifs et le nombre de décès est 10 à 20 fois plus élevé que dans les cas de grippe. »


Ce qu’il faut pour sortir du tunnel
Le Dr Abi Fadel ne s’attend pas à une amélioration prochaine de la situation. Il estime qu’entre 100 000 et 200 000 personnes risquent de périr aux États-Unis dans les mois à venir et que ce nombre variera selon que le confinement sera ou non respecté. À ce sujet, le pneumologue regrette que dans certains États américains, le confinement ne soit pas encore à l’ordre du jour.

S’il y a un pays qui le rend fier, c’est bien son pays d’origine. « Les Libanais ont agi en toute responsabilité et ont pris les choses au sérieux, affirme-t-il. Il est vrai que cela est encourageant parce qu’on sait à quel point ils souffrent depuis trente ans. »


Depuis quelques semaines, le quotidien du Libanais François Abi Fadel, urgentiste et pneumologue auprès de l’hôpital de Cleveland (classé deuxième au monde par Newsweek), a été complètement bouleversé. Devant les cliniques, il n’y a plus que des chaises vides et des portes fermées. Tous les services hospitaliers sont passés à la télémédecine et, pour les prochains trois mois au...