Carburant « non conforme » : pas d’impact sur le rationnement actuel, assure EDL

Électricité du Liban a confirmé à L’Orient-Le Jour qu’une partie du carburant récemment livré par le fournisseur algérien Sonatrach avait été jugée « non conforme » après examen. Ce carburant (du fuel) était destiné aux deux navires-centrales loués à la société turque, la société Karpowership, à Zouk et Jiyé, ainsi qu’aux unités de production les plus récentes des centrales terrestres sur ces deux sites.

« Nous attendons les résultats de nouveaux tests lundi et nous avons déjà signalé l’incident à la direction des installations pétrolières qui est compétente dans ce domaine. Comme l’a déjà souligné la direction d’EDL, il n’y aura pas d’impact sur le niveau actuel de rationnement, les équipes en place ayant pris les mesures nécessaires sur le plan contractuel », a expliqué une source à l’établissement public chargé de la production d’électricité dans le pays. Selon elle, les unités auxquelles le carburant était destiné ne tournaient pas à pleine capacité.

L’information concernant la qualité du carburant livré a été commentée hier notamment par l’ancienne ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani. « Nous suivons le dossier et nous ne nous tairons pas. Les rapports ont démontré la responsabilité des fournisseurs », a martelé celle qui pourtant a quitté son poste en janvier dernier, lors de la formation du gouvernement de Hassane Diab, dans lequel son ancien collaborateur au ministère Raymond Ghajar a pris la relève. Si l’ancienne ministre a affirmé que l’utilisation de ce carburant pouvait causer d’importants dégâts sur les installations, EDL a assuré de son côté avoir détecté le problème en amont et que le carburant n’avait pas été utilisé.

Chargé d’assurer l’essentiel de la production de courant dans le pays, EDL ne dispose pas de capacités suffisantes pour approvisionner tous les foyers abonnés 24 heures sur 24. L’établissement public, qui ne peut en effet déployer qu’entre 1 800 et 2 000 mégawatts (MW) pour une demande qui tourne autour de 3 000 MW, a de plus annoncé en début d’année avoir réduit sa production de près d’un quart afin de pouvoir continuer à fournir du courant le plus longtemps possible malgré les incertitudes concernant le montant des avances du Trésor pour l’achat de carburant. Le budget 2020, adopté fin janvier par le Parlement alors que le pays s’enfonçait depuis plusieurs mois dans la pire crise économique et financière de son histoire récente, n’a finalement consacré qu’un milliard de dollars à ces avances, un montant presque moitié moins élevé que celui mobilisé en 2019, ce qui explique qu’EDL fasse encore tourner ses installations au ralenti aujourd’hui.

P.H.B.