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Coronavirus : "la crise de trop" pour l'Afrique ? s'interroge Paris


Un petit garçon regardant un employé municipal désinfecter une école coranique de Dakar, au Sénégal, le 1er avril 2020. Photo d'illustration AFP / JOHN WESSELS

La crise du Covid-19 risque de balayer des "régimes fragiles" au Sahel et "en bout de course" en Afrique centrale, met en garde le centre d'analyse du ministère français des Affaires étrangères dans une note dont l'AFP a obtenu copie.

"L'onde de choc à venir (...) pourrait être le coup de trop porté aux appareils d'Etat", qui vont faire "massivement la preuve de (leur) incapacité à protéger les populations", pointe cette note diplomatique réalisée par le Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du Quai d'Orsay et datée du 24 mars. En Afrique de l'Ouest, les mesures de confinement vont saper des "économies de survie", qui reposent sur des réseaux informels et sont essentielles à l'équilibre social, considère cette note intitulée "+L'effet pangolin+ : la tempête qui vient en Afrique ?" et adressée notamment aux conseillers diplomatiques du président Emmanuel Macron. En Afrique centrale, "le choc pourrait précipiter la crise finale de la rente pétrolière au Cameroun, au Gabon et au Congo-Brazzaville, là aussi au cœur des équilibres sociaux", poursuit-elle.

Le ministère s'est refusé vendredi à tout commentaire sur le fond. Ces notes "ne visent qu'à alimenter, de façon libre, la réflexion interne" et "ne représentent en aucune façon la position du Quai", a relevé la porte-parole de la diplomatie française, Agnès von der Mühll.

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian soulignait pour sa part le 24 mars dans l'édition en ligne du quotidien Le Figaro que la crise du coronavirus risquait d'"affecter des Etats, en Afrique en particulier, dont les capacités sanitaires risquent de se trouver dépassées très rapidement".

"Les déclencheurs de la crise politique pourraient prendre plusieurs formes", détaille la note : un nombre "trop élevé" de décès, des comparaisons "défavorables" à certains Etats fragiles - au Sahel et en Afrique centrale - par rapport à d'autres plus solides comme le Rwanda et le Sénégal - ou encore la mort de personnalités qui "cristalliserait la contestation". "Le risque d'infection d'un dirigeant âgé et souffrant d'autres pathologies pourrait avoir de lourdes conséquences et obligerait à se positionner clairement et rapidement sur la fin d'un système et sur une transition", souligne également la note, sans citer de noms.
Plusieurs chefs d'Etat de la région détiennent une longévité record au pouvoir, de Paul Biya (87 ans) au Cameroun à Denis Sassou Nguesso (77 ans) au Congo-Brazzaville.

Dans ce contexte, la note identifie quatre types d'acteurs qui doivent "d'ores et déjà constituer des interlocuteurs" afin d'anticiper les crises éventuelles : les autorités religieuses, les diasporas, les artistes populaires et les entrepreneurs et businessmen "néolibéraux"."Anticiper le discrédit des autorités politiques signifie accompagner en urgence l'émergence d'autres formes d'autorités africaines crédibles pour s'adresser aux peuples afin d'affronter les responsabilités de la crise politique qui va naître du choc provoqué par le Covid-19 en Afrique... et sans doute ailleurs", observe le CAPS.

La crise du Covid-19 risque de balayer des "régimes fragiles" au Sahel et "en bout de course" en Afrique centrale, met en garde le centre d'analyse du ministère français des Affaires étrangères dans une note dont l'AFP a obtenu copie."L'onde de choc à venir (...) pourrait être le coup de trop porté aux appareils d'Etat", qui vont faire "massivement la preuve de (leur) incapacité à...