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Moyen-Orient - Santé

Centres de convalescence en Italie : la peur d’une « bombe virale »

Une partie de ceux qui quittent l’hôpital ont encore le virus.

Une chambre d’hôpital à Varese, hier, en Italie. Flavio lo Scalzo/Reuters

Ils quittent parfois l’hôpital sous les applaudissements, comme autant de symboles de victoires remportées sur le coronavirus : mais en Italie, des médecins s’inquiètent des sorties trop rapides de convalescents encore positifs, véritables « bombes virales ». Il y a plus de 30 000 malades dans les hôpitaux italiens, qui craquent de toutes parts, submergés par l’afflux de malades, notamment en Lombardie dans le Nord. Les lits sont une denrée rare alors, dès que les patients vont mieux et que leur existence n’est plus en péril, ils doivent laisser la place aux arrivants. Ceux qui ne peuvent s’isoler à domicile sont envoyés dans des hôtels réquisitionnés, mais aussi dans une partie des 7 000 centres de soins et de convalescence du pays, qui accueillent 300 000 personnes, notamment âgées.

Des médecins évoquent « un massacre silencieux » dans ces structures. Aucune donnée officielle n’est disponible, surtout en l’absence de tests généralisés, mais des experts estiment que des centaines de personnes sont mortes dans ces centres de convalescence, dont environ 600 pour la seule région de Bergame, particulièrement durement touchée. « Dans une guerre comme celle-ci, on ne peut se permettre de s’exposer à l’apparition de nouveaux foyers de contagion qui risquent de transformer ces centres de convalescence en bombes virales qui diffusent le virus », met en garde Raffaele Antonelli Incalzi, président de la Société de gériatrie italienne (SIGG). « Utiliser largement les lits de ces centres pour alléger la pression sur les hôpitaux (...) mettrait en péril les résidents âgés, qui représentent le maillon faible de cette pandémie », souligne-t-il. En Lombardie, épicentre de la pandémie italienne, quelque 2 000 patients ont été envoyés dans ce type de centres. Un modèle recommandé par le ministère de la Santé et désormais imité par la Sicile et les Marches, région peu peuplée et pourtant très endeuillée (plus de 450 morts). Aucun chiffre n’est disponible au niveau national.

« Extrêmement perplexe »

Chercheur à l’Institut italien de sciences politiques (ISPI), Matteo Villa a estimé lundi devant la presse étrangère que les données régionales montraient qu’une partie de ceux qui quittaient l’hôpital avaient encore le virus. Les autorités assurent que des règles strictes sont appliquées : éloignement physique, choix de structures adaptées, personnel formé et muni d’équipements de protection...

Mais « qui va vérifier que les règles sont suivies ? » s’interroge Marco Agazzi, représentant à Bergame du syndicat national des médecins.

« Il est extrêmement difficile de se procurer des équipements de protection, et si on ne peut pas recruter, il va falloir prélever du personnel essentiel dans des structures déjà débordées », affirme ce médecin, « extrêmement perplexe » face à ce choix du gouvernement.

Pour Roberto Bernabei, professeur de gériatrie à l’Université catholique de Rome, les règles qui s’appliquent aux centres de convalescence sont « une zone grise parce qu’elles varient d’une administration de santé à l’autre, d’une ville à l’autre, d’une région à l’autre ».

Selon l’Institut supérieur de la santé (ISS), 86 % de ces structures ont du mal à obtenir du matériel de protection. D’après la Société de gériatrie, des proches des employés, inquiets, leur fournissent des masques faits maison et des gants médicaux pour qu’ils se protègent et ne contaminent pas leur famille. Les associations représentant les retraités ont demandé qu’à la place de ces centres de soins, les rescapés du coronavirus encore convalescents soient installés dans des hôtels, logements universitaires ou casernes réquisitionnés. Si la hausse de la contagion semble ralentir depuis plusieurs jours, l’afflux de malades se poursuit et la pression sur les hôpitaux ne diminuera que lentement, prévient Matteo Villa. Et quand le confinement sera allégé, elle pourrait rebondir, met-il en garde, jugeant « irréaliste d’imaginer que le système sanitaire ne sera pas soumis à d’autres moments de tension ».

Ella IDE/AFP

Ils quittent parfois l’hôpital sous les applaudissements, comme autant de symboles de victoires remportées sur le coronavirus : mais en Italie, des médecins s’inquiètent des sorties trop rapides de convalescents encore positifs, véritables « bombes virales ». Il y a plus de 30 000 malades dans les hôpitaux italiens, qui craquent de toutes parts, submergés par...

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