Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - pandémie

Coronavirus : le doute grandit sur les chiffres officiels en Iran

"Il apparaît clairement que (les responsables iraniens) sous-estiment, en tout cas publiquement, la gravité de la crise", estime Seth Jones, du Centre pour les études stratégiques et internationales de Washington. 

Des Iraniens préparant des lits dans un hôpital de fortune installé dans un centre commercial du nord-ouest de Téhéran, le 21 mars 2020. Photo AFP

L'Iran ment-il sur son bilan des victimes du coronavirus ? Les autorités ont-elles dissimulé le démarrage de l'épidémie ? La République islamique est aujourd'hui l'un des pays les plus touchés de la planète, avec des chiffres officiels de plus en plus ouvertement remis en cause.

D'après les données fournies dimanche par le gouvernement, le Covid-19 a fait 1.685 morts en Iran pour quelque 20.600 personnes contaminées. Jeudi, le porte-parole du ministère de la Santé Kianouche Jahanpour avait évoqué un rythme de 50 nouveaux cas chaque heure, pour "un mort toutes les dix minutes".

Sur les réseaux sociaux, le nombre des victimes est multiplié. Répondant aux chiffres du gouvernement, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, opposition en exil) évoquait dans un communiqué 8.800 morts. Un chiffre invérifiable et invalidé par les sources contactées par l'AFP. "En Iran, certains universitaires ont des estimations beaucoup plus élevées que les données officielles, mais il faut faire très attention", tempère Thierry Coville, un spécialiste français de l'Iran à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), qui met en exergue l'utilisation de modèles plus théoriques qu'empiriques.

Le doute est pourtant bien là. "Il apparaît clairement que (les responsables iraniens) sous-estiment, en tout cas publiquement, la gravité de la crise", a affirmé à l'AFP Seth Jones, du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington. Il souligne que le contrôle exercé par le pouvoir sur les médias gouvernementaux n'invite pas à l'optimisme. "Ce que le gouvernement peut certainement faire, même s'il est honnête avec les chiffres et je ne sais pas s'il l'est, c'est de dissimuler le défi que représente cette crise".


(Lire aussi : Coronavirus: l'Iran n'envisage pas une aide des "charlatans" de Washington)


Dissimulations 
Téhéran a été déjà été mis en cause à propos d'autres crises dans un passé récent, comme à la suite de l'affaire du Boeing ukrainien abattu en janvier ou après le bilan contesté des manifestations antigouvernementales fin 2019. "C'est un régime qui est fondé sur la dissimulation", dénonce Azadeh Kian, une sociologue franco-iranienne. "Ce n'est que quand c'est devenu très grave qu'ils (les responsables iraniens, ndlr) ont commencé à parler du coronavirus", ajoute-t-elle, affirmant avoir appris de sources médicales iraniennes que les certificats de décès des premières victimes ne portaient que la mention "insuffisances respiratoires".

Les autorités semblent avoir notamment sous-estimé le démarrage de la crise sanitaire dans la ville religieuse de Qom (centre). Une cité qui brasse un flux conséquent de pèlerins où vivent plusieurs centaines d'étudiants chinois et où le premier décès d'un Iranien a été répertorié : celui d'un commerçant qui rentrait de la ville chinoise de Wuhan.

"Je pense que nous avons été un peu en retard dans l'annonce de la détection du virus", a d'ailleurs déclaré à la télévision d'Etat iranienne un vice-ministre de la Santé, Réza Malekzadeh, admettant que la maladie était probablement dans son pays depuis janvier, alors que les autorités n'ont reconnu sa présence que le 19 février. Désormais, elle s'est largement répandue. Le système sanitaire national ne semble plus en mesure de faire face, en dépit de l'excellente qualité du personnel. Les sanctions internationales ont éreinté l'économie iranienne, touchant par ricochet les hôpitaux.


(Lire aussi : Covid-19 : vers un changement de paradigme géopolitique ?)



"L'Iran fait de son mieux"
"C'était un des systèmes de santé parmi les meilleurs, mais qui aujourd'hui n'a pas les moyens d'acheter des vaccins, des masques, des produits de santé essentiels", constate Azadeh Kian.

Et le nombre des cas augmenterait certainement si l'Iran pouvait faire plus de tests. Ce pays fait "de son mieux" mais a "besoin de beaucoup d'équipements", a à cet égard souligné mercredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les autorités ont vraisemblablement cherché à cacher tout signe de faiblesse au tout début de l'épidémie, estime Thierry Coville, invoquant en particulier un contexte de tensions très fortes avec les Etats-Unis. Mais il voit dans ces dernières semaines des raisons de conserver un optimisme prudent. "J'ai l'impression qu'on entend de plus en plus les responsables de la santé et non les politiques", constate-t-il. "Le gouvernement est en train de prendre conscience qu'il faut qu'il laisse les spécialistes parler".
De fait, l'Iran n'est pas une société fermée, imperméable aux influences extérieures. "Si la crise rentre dans une phase catastrophique, ils (les responsables, ndlr) ne pourront pas le cacher", assure-t-il. "Il y a des journaux modérés qui critiquent le gouvernement, une population relativement bien éduquée qui va sur les réseaux sociaux et regarde ce qui se passe à l'étranger. Les autorités ne peuvent pas dire n'importe quoi".



Pour mémoire
Khamenei et Rohani promettent la victoire contre le coronavirus et les sanctions

L'Iran ment-il sur son bilan des victimes du coronavirus ? Les autorités ont-elles dissimulé le démarrage de l'épidémie ? La République islamique est aujourd'hui l'un des pays les plus touchés de la planète, avec des chiffres officiels de plus en plus ouvertement remis en cause.
D'après les données fournies dimanche par le gouvernement, le Covid-19 a fait 1.685 morts en Iran...

commentaires (4)

Si c'était un pays agissant correctement en tout depuis le début de l'ère des Ayatollahs: Khomeïny et les suivants, on aurait pas autant de doutes ! Mais ils nous ont habitués à toutes les méthodes: guerres, (chez les autres !) menaces, usurpation de divers pays dont le Liban pour entretenir leur domination chiite dans cette région du Proche Orient, dissimulation de la vérité sur les sujets gênants etc., etc. Cela ne suffit pas de se décréter Guide Suprême et de citer le nom de DIEU en toutes occasions pour convaincre ! Irène Saïd

Irene Said

14 h 35, le 23 mars 2020

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Si c'était un pays agissant correctement en tout depuis le début de l'ère des Ayatollahs: Khomeïny et les suivants, on aurait pas autant de doutes ! Mais ils nous ont habitués à toutes les méthodes: guerres, (chez les autres !) menaces, usurpation de divers pays dont le Liban pour entretenir leur domination chiite dans cette région du Proche Orient, dissimulation de la vérité sur les sujets gênants etc., etc. Cela ne suffit pas de se décréter Guide Suprême et de citer le nom de DIEU en toutes occasions pour convaincre ! Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 35, le 23 mars 2020

  • CA C,EST ATTENDU DE CE REGIME DES MOLLAHS DE TROMPER LE MONDE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 52, le 23 mars 2020

  • Incroyable ça ! L'Iran ment , l'Iran cache l'Iran ceci cela , mais l'Iran est sous sanctions et embargos, et l'Iran NPR compte moins de dégâts que l'Italie, et vous allez voir bientôt que la France et l'Espagne et surtout les usa qui eux ne connaissent aucune de ces mesures de terrorisme d'État. Ça vous fait plaisir de regarder les souffrances qu'un d'un côté, comme si il suffisait de voir l'Iran malade pour jubiler et commencer à croire que c'est le début d'une accalmie pandémique ? Ma question est doit ont forcément critiquer voir insulter l'Iran pour avoir le privilège d'être publié dans l'olj ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 40, le 23 mars 2020

  • Le régime iranien ment en permanence sur tous les sujets. Les 2 derniers exemples sont en effet le Boeing abattu et la crise du covd19 qu’ils ont exporté en premier lieu au Liban. Beaucoup d’européens qui ont vécu en Iran ces dernières années pour des motifs professionnels racontent la révolte de la majorité de la population contre ce régime totalitaire et archaïque. Mais la population est muselée par la force des armes comme dans tous les régimes totalitaires

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 12, le 23 mars 2020

Retour en haut