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Culture - Exposition

Picasso dans les rêves de Federico Fellini

2020 est l’année de la célébration du centenaire du cinéaste italien. Une exposition assez particulière, produite par la Cinémathèque française et présentée à Paris en 2019, devait avoir lieu lors de la 1re édition du Red Sea International Festival à Jeddah, désormais annulé en raison de la pandémie de coronavirus. Retour sur ce lien qui unissait le créateur de « La Strada » et celui des « Demoiselles d’Avignon ».

Visuel de l’exposition « Quand Fellini rêvait de Picasso ». Photo DR

Fellini + Picasso ? Une idée saugrenue que d’avoir réuni ces deux artistes ? Pourquoi et comment le monstre sacré du 7e art et le précurseur de la peinture moderne se sont-ils retrouvés sans se rencontrer dans la vie ? Quel est ce lien entre le créateur de La Strada et celui des Demoiselles d’Avignon ? D’autant que l’univers artistique de Fellini est davantage associé aux toiles baroques de Bruegel ou de Jérôme Bosch qu’au cubisme du peintre espagnol. Pourtant, cette exposition – produite par la Cinémathèque française en collaboration avec la Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte, et conçue en partenariat avec le Museo Picasso Málaga – fait le tour d’horizon de l’imaginaire des deux artistes et tente de faire le rapprochement entre eux. Il semblerait donc que leurs rencontres se seraient produites en rêve. Comment ce dialogue imaginaire s’est-il engagé entre deux artistes qui s’admiraient et côtoyaient la même sphère culturelle sans jamais se rencontrer dans la réalité ? Sur les conseils de son psychanalyste, Federico Fellini dessinait ce que la nuit lui apportait.

Ces dessins, on les retrouve dans un ouvrage volumineux, publié après sa mort, Le livre de mes rêves, où il détaille ces dialogues imaginaires au cours desquels Picasso le conseillait, lui montrait la voie, comme un père. On y découvre l’incroyable admiration que vouait le cinéaste italien à Picasso, de quarante ans son aîné. Ou comment les deux hommes vont dialoguer, toujours en rêve, à trois reprises, alors qu’ils ne se seraient rencontrés réellement qu’une fois, à Cannes, en 1961. Ces rêves seraient intervenus chez Fellini dans des périodes de doute et de crises artistiques.


Et pourtant ils ne se connaissaient pas

Ces trois songes sont la base de l’exposition présentée en 2019 à Paris. Le premier rêve donnera naissance au chef-d’œuvre de Fellini Huit et demi (1963), et Picasso y apparaît avec un visage qui tient du masque primitif en tenue estivale. Le deuxième songe du cinéaste italien annonce un autre film, Satyricon (1969), dans lequel on retrouve des clins d’œil à l’œuvre du maître catalan. Enfin, le troisième rêve évoque La Cité des femmes (1980), le thème féminin constituant un véritable trait d’union entre les deux artistes. Grâce aux affiches de cinéma, aux photographies et aux costumes présentés, à la soixantaine d’œuvres de Picasso exposées ainsi qu’à des extraits de films de Fellini, on découvre que les deux maîtres se ressemblaient beaucoup. Tous deux partageaient les mêmes obsessions, la même sensibilité, les mêmes thématiques, comme celles de la femme sous toutes ses facettes, le cirque et la mythologie dont elle est souvent issue. Cette exposition n’est pas une étude comparative de deux œuvres. Plutôt un jeu de miroirs où l’art de Picasso se reflète dans le cinéma de Fellini. Ainsi, même si Les Vitelloni, La Strada et Les Nuits de Cabria ont été réalisés par Fellini en noir et blanc, ces films évoquent les périodes bleue et rose de Picasso.

« Fellini a démarré sa carrière comme caricaturiste pour l’hebdomadaire Marc’Aurelio dans lequel il tenait une rubrique entre 1939 et 1943, tout en écrivant de temps à autre pour le cinéma avant de s’y consacrer entièrement comme assistant scénariste – notamment de Rome, ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini.

En 1955, soit deux ans après la grande exposition que Rome consacra au peintre espagnol à la Galleria nazionale d’arte moderna, Fellini, dans Il Bidone, attribue le surnom de “Picasso” au personnage de Raoul, un peintre raté qu’il reconnaîtra, des décennies plus tard, comme un génie.

Federico Fellini n’a cessé de penser, de rêver de Picasso au cours de sa carrière. Rétrospectivement, il se référera à l’inventeur du cubisme pour expliquer la structure narrative éclatée de La Dolce Vita », raconte Audrey Norcia, historienne de l’art et commissaire de l’exposition. « Quand Fellini rêvait de Picasso », une exposition qui était en soi une œuvre d’art originale et unique.


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