À l’heure où une rencontre au sommet se tient à Moscou entre le président russe et son homologue turc, la région d’Idleb est encore sous le coup de ce qui s’est passé dans la localité stratégique de Sarakeb. Il faut préciser que cette localité est un carrefour où se croisent l’autoroute M5 et M4, la première reliant la Jordanie à Alep et traverse donc la Syrie du Nord au Sud, alors que la seconde relie Lattaquié à la frontière irakienne et traverse la Syrie d’Est en Ouest. Revenue sous le contrôle de l’armée syrienne et de ses alliés, cette localité a soudain été reprise par l’armée turque et ses alliés avant de changer une fois de plus de contrôle, à la suite de combats qui ont duré toute une nuit entre les soldats turcs et les combattants de l’unité « al-Radouane », le commando d’élite du Hezbollah.
Tant selon leurs alliés que leurs ennemis, ces combattants ont agi avec une bravoure et un savoir-faire inhabituels qui leur ont d’ailleurs permis de reprendre le contrôle de Sarakeb avant de céder la place aux soldats syriens. C’était d’ailleurs la première confrontation directe entre l’armée turque et le Hezbollah, qui jusqu’à présent avait toujours pris soin d’éviter de se lancer dans des polémiques sur le terrain syrien à travers les médias. Selon des sources concordantes du terrain, la confrontation entre les soldats turcs et les combattants du parti chiite a été causée par un concours de circonstances, sans être le résultat d’une décision politique. C’est ainsi que lors de leur progression dans le rif d’Idleb, les soldats syriens ont été surpris par l’effondrement plus rapide que prévu des combattants qui leur faisaient face dans la région. Ils ont donc avancé rapidement, dépassant les limites fixées par leur commandement militaire. Celui-ci les a donc rappelés à l’ordre et ils se sont retirés. Par contre, les combattants du Hezbollah ont refusé de quitter les lieux fraîchement conquis, en se basant sur le principe militaire qui stipule qu’on ne se retire pas des lieux dont on a pris le contrôle. L’armée turque a aussitôt réagi, lançant une offensive pour stopper l’avancée de l’armée syrienne et de ses alliés, et même pour reprendre Sarakeb. Les combattants du Hezbollah étaient donc seuls sur place et ils ont subi l’attaque turque. Un bombardement turc sur une de leurs positions a ainsi fait près d’une dizaine de morts et de nombreux blessés parmi eux.
Il faut préciser qu’à ce moment-là, le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim se trouvait en Turquie, en réponse à une invitation qui lui avait été adressée précédemment par son homologue turc. Le général Ibrahim a en effet noué depuis des années de solides relations avec le chef des SR turcs, le général Fidan Haqqan. Il avait même joué un rôle dans la rencontre qui avait eu lieu entre ce dernier et le général syrien Ali Mamelouk, en janvier dernier, qui n’avait toutefois pas donné de grands résultats.
Après l’offensive turque sur Sarakeb, qui a fait des victimes dans les rangs des combattants du Hezbollah, les interlocuteurs turcs du général Ibrahim se sont empressés de lui dire qu’ils ne veulent absolument pas d’une confrontation avec le parti chiite, ni d’ailleurs avec l’Iran, demandant au chef de la Sûreté générale de transmettre ce message aux parties concernées et, par conséquent, de pousser vers le calme. Le général Ibrahim est rentré au Liban et il a transmis le message turc à ses destinataires.
Mais pour le Hezbollah, ainsi que pour l’armée syrienne, l’enjeu était trop important pour clore rapidement ce dossier. Ils ont donc décidé de reprendre l’initiative. Le Hezbollah a envoyé sur place des renforts et une contre-offensive a été lancée de nuit pour reprendre le contrôle de Sarakeb. Les combattants chiites ont avancé par le Nord, alors que les soldats syriens avaient choisi de s’approcher par le Sud. C’était aussi la première fois depuis qu’il a commencé à se battre que le Hezbollah lançait une offensive de nuit, en surgissant de toutes parts face à l’ennemi et en réussissant à neutraliser son système d’alerte ainsi que ses drones, qui constituent le point fort de ses attaques, avec le soutien de la défense antiaérienne et de la puissance de feu syriennes. La bataille a duré toute la nuit et elle s’est achevée par la reprise spectaculaire du contrôle de la ville par les combattants du Hezbollah et l’armée syrienne.
Même la presse israélienne en a parlé, en soulignant le fait que la technique militaire des miliciens du parti chiite s’est améliorée de façon impressionnante. C’était ainsi la première fois qu’ils menaient une offensive de nuit de cette ampleur, pour occuper une localité dans une région qui n’est pas la leur. Ce qui, toujours selon la presse israélienne, devrait donner un aperçu de ce que pourrait être la prochaine confrontation dans le nord de la Galilée, comme l’avait laissé entendre le secrétaire général du parti Hassan Nasrallah, dans un de ses discours. D’ailleurs, sitôt après cette bataille, les Turcs ont une fois de plus contacté le directeur de la Sûreté générale pour préparer de nouveaux entretiens après les derniers développements sur le terrain, car depuis des années il a montré qu’il était une personne digne de confiance et un canal de contact sûr. Mais pour l’instant, la priorité est aux discussions qui se sont déroulées à Moscou, hier, entre le président russe et son homologue turc.
commentaires (17)
Il aurait fallu ne pas aller en syrie se battre et remettre leurs armes à l'armée libanaise pour combattre les envahisseurs armés palestino-arabo-intégristo-daechistes. Maintenant qu'ils sont partis? Qu'ils y restent jusqu'à la fin de leur vie. le liban n'a pas besoin de barbus intégristes islamistes d'obédience étrangère. Y a déjà une classe politique à nettoyer, un pays à remettre sur pied et des libanais qui demandent la paix avec le monde entier. Pas besoin de ces va t en guerre .
LE FRANCOPHONE
00 h 24, le 08 mars 2020