« Monsieur Secrets d’histoire »
Jeudi soir, l’amphithéâtre Pierre Abou Khater de l’USJ était plein à craquer. Même les travées avaient été investies, tandis que dans le hall quelque deux cents personnes suivaient la conférence sur écran. Stéphane Bern a pulvérisé les records. Invité par Christian Taoutel, chef du département d’histoire et de relations internationales de l’Université Saint-Joseph, et Karl Akiki, à la tête du département de lettres françaises, l’animateur vedette de Secrets d’histoire sur France 3 et sa collaboratrice Ségolène Danton avaient, dans la journée, pris la route du palais Moukhtara où ils ont été reçus à l’heure du petit déjeuner par Nora Joumblatt et Dalia Joumblatt, avant d’aller planter un cèdre dans la réserve du Barouk. Cap ensuite sur le palais de Beiteddine qu’ils ont visité avec Antonia Kanaan, guide idéale grâce à ses connaissances pointues des lieux. Le groupe s’est également promené à Deir el-Qamar et s’est accordé une pause-café au caravansérail qui abrite l’Institut français.
Les jours suivants, nos invités français n’ont pas résisté à la tentation d’aller à la découverte d’autres sites et villes historiques du pays. L’itinéraire préparé par Taoutel et Akiki englobait Baalbeck, Tripoli, le couvent de Saydet al-Nouriyé, Byblos, Harissa et le vieux Saïda. Au programme également, le palais de Lady Cochrane, le musée national de Beyrouth et le musée de minéraux mim. On rapporte que Stéphane Bern était aussi surpris et enchanté par la richesse culturelle du Liban, qu’atterré par la menace qui pèse sur les bâtiments patrimoniaux abandonnés. Vendredi soir, à la Résidence des Pins, l’ambassadeur Bruno Foucher a réuni autour de Bern une vingtaine de personnes, notamment le recteur de l’USJ, le père Salim Daccache, la directrice de l’Institut français Véronique Aulagnon, l’attachée de coopération culturelle Bénédicte Vigner, le directeur du département d’archéologie et d’histoire ancienne à l’IFPO Dominique Pieri, l’ancien ambassadeur Samir Moubarak, l’ancien ministre Ziyad Baroud, Andrée Daouk, Gisèle Khoury, Hoda Hammour et sa fille Joanna, membre actif de l’association Save Beirut Heritage, Jean-Louis Mainguy, Jean Riachi et Camille Tarazi, qui a raconté à Stéphane Bern la contribution de sa famille à la réalisation de la boiserie orientale de la Résidence des Pins.
Laura-Joy au top…
L’Oréal-Unesco for Women in Science a décerné son palmarès 2019 : Après avoir été en 2019 une des dix lauréates du Levant, Laura-Joy Boulos est en 2020 « une des 15 chercheuses les plus prometteuses au monde ». Au début de son adolescence, elle rêvait de construire des voitures. Aujourd’hui, diplômée de l’université McGill à Montréal, professeur assistant à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, experte en psychologie et neurosciences, elle est récompensée pour ses travaux mêlant neurosciences et IA (intelligence artificielle). Au cours de la dernière décennie, Laura-Joy Boulos a consacré ses recherches à l’étude des fonctions cognitives et de leurs bases cérébrales, et manifeste aujourd’hui un intérêt sur la prise de décision dans des conditions d’incertitude.
La sœur de Laura-Joy est la photographe Myriam Boulos dont trois des clichés ont été sélectionnés par le Time et publiés sur son compte Instagram. Leur mère Michèle Standjofski enseigne la bande dessinée et l’illustration à l’Académie libanaise des beaux-arts. Elle a travaillé notamment pour L’Orient-Le Jour dans une chronique hebdomadaire de 1979 à 1989, et de 1987 à 1997 dans un strip bihebdomadaire baptisé Beyrouth-Déroute.
Non à la casse…
La façade vitrée du café-restaurant de l’hôtel Le Gray a été la cible d’un groupe radical mardi dernier. Les informations qui ont circulé sur les réseaux sociaux concernant les dégâts sont toutefois exagérées. On s’est rallié à l’idée que le mouvement contestataire peut se permettre de casser la médiocrité du quotidien. Mais on est loin d’admettre que la violence soit centrée sur l’homme et les propriétés, dont certaines, à l’instar de l’hôtel Le Gray, méritent d’être protégées au titre de patrimoine du XXIe siècle. Situé place des Martyrs, l’établissement avait ouvert ses portes en 2009, s’imposant comme l’hôtel de référence de la ville. Conçu par l’architecte australien Kevin Dash, il s’est vu décerner le prix Villégiature Awards 2019 dans la catégorie « Meilleur design et architecture » du Moyen-Orient, lors d’une soirée au château de Ferrières, non loin de Paris, en présence de la crème de l’hôtellerie venue d’Europe, d’Asie et d’Afrique. En 2018, il avait remporté le prix Villégiature pour la plus belle piscine d’hôtel de la région.
Décorés par la célèbre Britannique Mary Fox Linton et Gordon Campbell Gray, collectionneur féru d’art contemporain, les lieux abritent plus de 500 œuvres d’art réparties entre les chambres, les couloirs, le hall et les restaurants.
Natacha dans une cage
Natacha Tannous, ex-girlfriend de Michael Ballak, un des meilleurs buteurs allemands de tous les temps (à la retraite depuis 2012), a choisi de partager sa vie avec le Sud-Africain Garth Ritchie, ancien patron de la prestigieuse branche d’investissement du géant bancaire allemand Deutsche Bank et ex-membre du directoire. Le mariage civil du couple, célébré la semaine dernière à Londres, sera suivi d’une cérémonie religieuse à Paris le 21 mars prochain. Voilà deux êtres aimant jongler avec les chiffres qui s’unissent. Car la fille de Samir Tannous et de Lena Kamel est en effet une ancienne directrice exécutive de Goldman Sachs, donc une habituée de Financial District de Manhattan, à New York. Elle a également travaillé pour la Deutsche Bank avant de rejoindre l’entreprise Tifosy, un site de financement participatif qui permet aux utilisateurs de soutenir des clubs sportifs professionnels, et dont elle a dirigé l’expansion en Allemagne et en France.
Natacha Tannous n’en était pas à sa première demande de mariage. En 2011, alors qu’elle interviewait Warren Buffett au sujet de la factorisation des équations quadratiques sur la chaîne YouTube qu’elle gère, le magnat des affaires et investisseur américain était tombé sous son charme. Le site du Financial Careers raconte que Buffett s’était mis à genoux pour lui demander sa main !
Au cœur de la révolution...
Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre qui secouent les abords du Parlement et de la place des Martyrs, épicentre de la contestation à Beyrouth, laissent derrière eux des éclats de pierre de toutes tailles et des douilles de grenades lacrymogènes. Ces reliquats de la « thaoura » ont été rassemblés par l’artiste Hayat Nazer et transformés en un gros cœur, comme un symbole de liens profonds entre le peuple et son armée. L’œuvre trône fièrement place des Martyrs depuis le 14 février.
Hayat Nazer, artiste revendicatrice, avait conçu, en novembre dernier, une sculpture représentant un oiseau flamboyant et immortel, référence au Liban qui, comme le phénix de la légende, renaît de ses cendres, en l’occurrence l’échiquier politique interne en déconfiture. L’immense structure a été réalisée avec les décombres du premier poing de la révolution et des échafaudages incendiés par les « chemises noires ». Un mois plus tard, avec des poêles, marmites, cafetières et cuillères, la talentueuse artiste dressait son arbre de Noël. Un clin d’œil à la révolution des casseroles.
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Bravo
09 h 34, le 18 février 2020