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Monde - Proche-Orient

La Ligue arabe rejette officiellement le plan de paix américain

Mahmoud Abbas annonce la rupture de « toutes les relations », y compris sécuritaires, entre l’Autorité palestinienne d’une part et Israël et les États-Unis d’autre part.


La réunion de la Ligue arabe samedi au Caire. Khaled Desouki/AFP

La réunion de la Ligue arabe est souvent un lieu propice à la surenchère et aux démonstrations d’unité quand la question du conflit israélo-palestinien est en jeu. Celle de samedi n’a pas échappé à la règle. Alors qu’une partie des pays arabes – notamment les Émirats arabes unis, l’Égypte, et dans une moindre mesure l’Arabie saoudite – avaient accueilli plutôt positivement le plan de paix pour le Proche-Orient dévoilé par le président américain Donald Trump mardi dernier, la Ligue arabe a rejeté officiellement samedi l’offre de la Maison-Blanche. Ce plan « ne respecte pas les droits fondamentaux et les aspirations du peuple palestinien », a affirmé l’organisation, en promettant que les dirigeants arabes ne coopéreraient pas avec Washington pour sa mise en œuvre. Réunie au niveau de ses ministres des Affaires étrangères autour du président palestinien Mahmoud Abbas, la Ligue a insisté sur la création d’un État palestinien fondé sur les frontières d’avant la guerre des Six-Jours, en 1967. Comment expliquer ce contraste entre ce rejet unanime qui s’accompagne d’une réaffirmation de la position traditionnelle des pays arabes et leur absence de critique vis-à-vis du plan depuis mardi ? La volonté des pays arabes, notamment de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, de ne pas heurter directement l’allié américain est sans doute un élément à prendre en compte pour analyser leurs premières réactions. Mais leur rejet du plan, via la Ligue, ne doit pas non plus être surinterprété, compte tenu du fait qu’il leur était difficile de dire autre chose dans de telles conditions, ce qui aurait pu donner l’impression qu’ils ont abandonné la cause palestinienne. Plus que l’unité des pays arabes, la réunion de la Ligue a surtout confirmé que la question palestinienne était encore taboue dans la région et que personne – pas même les Émirats arabes unis qui ont participé à l’annonce du plan mardi et qui ont « salué une initiative sérieuse » – ne pouvait officiellement soutenir un plan qui franchit plusieurs lignes rouges, notamment celle de considérer Jérusalem comme la capitale indivisible d’Israël. « Je ne vais pas rester dans l’histoire comme celui qui a abandonné ou vendu al-Qods », a dit samedi le président palestinien, utilisant ainsi un argument particulièrement sensible et efficace dans le monde arabe.

Des dizaines d’attentats

Visiblement fatigué, Mahmoud Abbas a tout de même fait un long discours samedi, durant lequel il a annoncé la rupture de « toutes les relations », y compris sécuritaires, entre l’Autorité palestinienne d’une part et Israël et les États-Unis d’autre part. Il avait déjà annoncé en juillet 2019 son intention de « ne plus appliquer les accords signés avec Israël », lors d’une poussée de tension. Il n’avait toutefois pas traduit cette démarche dans les faits.

Samedi, le président de l’Autorité palestinienne s’est voulu catégorique en affirmant qu’il n’y aurait désormais « aucune sorte de relation » avec les Israéliens « ainsi qu’avec les États-Unis, y compris en matière de sécurité à la lumière du plan américain » dévoilé mardi par le président Donald Trump.

Mahmoud Abbas a affirmé avoir averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de sa décision et a appelé l’État hébreu à « prendre ses responsabilités en tant que puissance occupante » des territoires palestiniens. Les Palestiniens « ont le droit de continuer leur lutte légitime par des moyens pacifiques pour mettre fin à l’occupation », a-t-il ajouté, justifiant son annonce par le fait que le plan américain constituait une « violation des accords d’Oslo » signés avec Israël en 1993.

Ces accords, dont M. Abbas a été une figure-clé durant les négociations, ont permis de créer l’Autorité palestinienne et de définir les relations avec l’État hébreu dans des domaines allant de la gestion de l’eau à la coordination sécuritaire, en passant par les liens économiques. Si les Palestiniens cessent d’appliquer les accords conclus avec Israël, cela pourrait avoir des conséquences notamment sur la sécurité en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Environ 400 000 colons israéliens y vivent, de manière souvent conflictuelle, avec plus de 2,5 millions de Palestiniens, et la coopération entre services de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. Les Israéliens assurent de leur côté que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité.

Précédent

Avant cette annonce et ses déclarations de juillet 2019, M. Abbas avait déjà affirmé suspendre la coordination sécuritaire avec Israël en juillet 2017, avant de la rétablir officiellement un an plus tard. Pendant cette année de pause, elle avait toutefois été maintenue de facto à 95 %, d’après la police palestinienne. Si M. Abbas a en outre gelé les relations entre Ramallah et Washington dès décembre 2017 – après la reconnaissance unilatérale par M. Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël –, l’Autorité palestinienne a maintenu ses contacts avec la CIA.

Le président palestinien a annoncé qu’il se rendrait au Conseil de sécurité de l’ONU – où Washington a un droit de veto – d’ici peu pour appeler à une conférence internationale visant à relancer les négociations avec Israël, sous l’égide d’un quartet incluant la Russie, l’Union européenne, l’ONU et les États-Unis. « Mais nous n’accepterons pas que ce soit uniquement les États-Unis. Nous avons déjà essayé », a-t-il ajouté.

Rédaction avec AFP


La réunion de la Ligue arabe est souvent un lieu propice à la surenchère et aux démonstrations d’unité quand la question du conflit israélo-palestinien est en jeu. Celle de samedi n’a pas échappé à la règle. Alors qu’une partie des pays arabes – notamment les Émirats arabes unis, l’Égypte, et dans une moindre mesure l’Arabie saoudite – avaient accueilli plutôt...

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