Egypte: la justice ordonne aux autorités de dire où se trouve un ex-député

Une cour administrative égyptienne a rendu une décision exigeant du ministère de l'Intérieur qu'il révèle où se trouve l'ex-député d'opposition Mostafa al-Naggar disparu depuis 2018, a indiqué sa famille à l'AFP mardi.

Aucune nouvelle de M. al-Naggar, ancienne figure du soulèvement populaire de 2011 qui a renversé le président Hosni Moubarak, n'est disponible depuis septembre 2018. Sa disparition a suscité des spéculations selon lesquelles il serait en détention dans un lieu tenu secret.

Les organisations de défense des droits humains affirment régulièrement que les autorités égyptiennes pratiquent les disparitions forcées dans le but de museler toute opposition au régime autoritaire d'Abdel Fattah al-Sissi, président depuis 2014.

"Nous attendons qu'elles (les autorités) nous disent où il se trouve", a dit à l'AFP l'épouse de l'ancien parlementaire Shymaa Afifi. Cette décision de la cour administrative rendue samedi prendra effet dans le courant du mois prochain, obligeant le ministère de l'Intérieur à révéler où se trouve M. al-Naggar, a-t-elle assuré. Selon Mme Afifi, la décision de justice "ouvre les portes de l'espoir".

De son côté, la Commission pour les droits et la liberté, une ONG locale qui a réclamé la remise en liberté de M. al-Naggar, a confirmé cette semaine la décision de la Cour.

En octobre 2018, peu après la disparition de M. al-Naggar, l'Organisme général de l'information avait publié un communiqué niant l'arrestation de l'ancien élu et affirmant qu'il fuyait au contraire une peine de trois ans de prison prononcée contre lui.

Depuis la destitution en 2013 du président Mohamed Morsi, issu de la confrérie islamiste des Frères musulmans, les autorités égyptiennes ont mené une répression impitoyable contre toute forme d'opposition islamiste ou libérale, emprisonnant des centaines de personnes.

Selon les autorités, ces mesures sont nécessaires pour maintenir la stabilité du pays face au risque terroriste.

M. al-Naggar avait été élu après le soulèvement populaire de 2011, ne siégeant que quelques mois avant la dissolution du parlement en 2012.