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Algérie: la contestation reste mobilisée après l'investiture du nouveau président

Photo REUTERS/Ramzi Boudina

Au lendemain de la prise de fonction du nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune, une foule compacte manifeste à nouveau vendredi à Alger, rejetant le "système" politique dont il est issu et restant sourde à son offre de dialogue.

En ce 44e vendredi consécutif de manifestations à travers le pays, la mobilisation dans la capitale --épicentre de la contestation-- est difficile à évaluer en l'absence de comptage officiel, mais elle semblait moins importante que les deux vendredis précédents, durant lesquels elle fut exceptionnelle.

"Ou c'est vous, ou c'est nous, nous n'allons pas nous arrêter", scandent les manifestants, tandis que sur des pancartes, on peut lire "Nous n'allons pas nous soumettre", selon un journaliste de l'AFP.

Investi jeudi, Abdelmadjid Tebboune succède à Abdelaziz Bouteflika dont il fut ministre puis brièvement Premier ministre. M. Bouteflika a été contraint de démissionner en avril après 20 ans de présidence, sous la pression du "Hirak", mouvement populaire inédit de contestation du régime qui entrera dimanche dans son 11e mois.

"Je ne reconnais pas ce président. Son investiture ne change rien. Je suis contre le dialogue tel qu'il est préconisé par le pouvoir" mais "pour des négociations qui doivent déboucher sur un départ en douceur des figures de l'ancien +système+ au pouvoir", explique à l'AFP Amar Alileche, retraité de 66 ans.

La contestation réclame le démantèlement du "système" qui dirige l'Algérie depuis l'indépendance en 1962 et le départ de tous ses représentants, dont fait partie M. Tebboune, 74 ans, préfet de carrière, puis membres de plusieurs gouvernements, essentiellement sous M. Bouteflika.

"Changement radical"

Jeudi, le nouveau chef de l'Etat s'est à nouveau dit prêt à discuter avec le "Hirak" et a déclaré vouloir "amender" la Constitution pour en faire "la pierre angulaire de la nouvelle République". Selon lui, le nouveau texte "réduira les pouvoirs du président de la République, protégera le pays contre le pouvoir d'un seul et garantira la séparation et l'équilibre des pouvoirs".

Pour le "Hirak" les promesses de M. Tebboune sont bien en deçà de ses revendications. Il réclame notamment une Constitution totalement nouvelle, reprochant à l'actuelle d'avoir été taillée et retaillée à la mesure de M. Bouteflika. Il refuse aussi que le "système" se charge lui-même de se réformer et exige que la tâche échoie à des "institutions de transition".

"Le +Hirak+ va se poursuivre jusqu'à la satisfaction de toutes ses revendications", assure dans le cortège, Ali Salhi, 53 ans, salarié de Sonatrach, le géant public des hydrocarbures. "Il faut un changement radical du système, une période de transition et une nouvelle Constitution. Nous avons besoins de mesures concrètes", ajoute-t-il.

"Comment faire confiance au nouveau président alors que le jour même de son investiture un jeune du Hirak a écopé de 18 mois (de prison) ferme ?", poursuit-il en référence à Mohamed Tadjadit, figure du mouvement, surnommé le "poète du Hirak" et jugé coupable jeudi d'"atteinte à l'intérêt national" par un tribunal d'Alger pour des publications sur les réseaux sociaux.

"Appels citoyens"

A Oran, où la manifestation hebdomadaire avait été empêchée et violemment réprimée par la police le vendredi précédent, elle a cette fois eu lieu sans incident, a indiqué à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de Ligue algérienne de défense des droits humains (LADDH), citant des militants sur place.

Des "appels citoyens" à manifester vendredi en solidarité avec les manifestants réprimés la semaine passée dans la 2e ville du pays, à 350 kilomètres à l'ouest d'Alger, ont été lancés, selon M. Salhi. Mais de nombreux barrages de police dressés depuis la veille en ont interdit l'accès aux véhicules portant des plaques d'immatriculation étrangères à la région, a-t-il précisé.

A travers le pays, "la mobilisation est intacte. Le défi est de continuer cette mobilisation pour la quête de changement nécessaire et pour protester contre le coup de force" que constitue l'élection de M. Tebboune, lors d'une présidentielle boycottée par une majorité de la population (près de 60% selon les chiffres officiels), a expliqué M. Salhi.

Dans le cortège algérois, Malek, chirurgien de 40 ans confirme : "le dialogue avec ce pouvoir n'a pas lieu d'être. Il faut maintenir la pression dans la rue par les manifestations pacifiques".

Au lendemain de la prise de fonction du nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune, une foule compacte manifeste à nouveau vendredi à Alger, rejetant le "système" politique dont il est issu et restant sourde à son offre de dialogue. En ce 44e vendredi consécutif de manifestations à travers le pays, la mobilisation dans la capitale --épicentre de la contestation-- est difficile...