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Pakistan : Musharraf dénonce une "vendetta personnelle", le gouvernement veut faire appel


Des partisans de l'ex-président pakistanais Pervez Musharraf, lors d'un rassemblement devant le tribunal spécial à Karachi, qui l'a condamné à mort pour trahison, le 18 décembre 2019. Photo AFP / Asif HASSAN

L'ex-président pakistanais Pervez Musharraf, en exil à Dubaï, a qualifié de "vendetta personnelle" sa condamnation à mort pour trahison, contre laquelle le gouvernement entend faire appel en invoquant la formulation "méprisable" du jugement qui décrit de manière très crue le châtiment.

"Cette affaire a été montée et poursuivie en raison d'une vendetta personnelle de certaines personnes contre moi", a déclaré l'ancien général, désignant implicitement le pouvoir judiciaire pakistanais comme étant à l'origine de cette vengeance.
L'ex-chef de l'Etat est apparu mercredi soir dans une vidéo depuis un lit d'hôpital, l'air frêle et peinant à parler.

"Pervez Musharraf souffre d'amylose cardiaque", une maladie provoquant des dysfonctionnements du cœur, a déclaré Mehrene Malik Adam, la secrétaire générale de la Ligue musulmane pour tout le Pakistan (APML), parti qu'il a fondé. "Il est hospitalisé depuis une dizaine de jours et est traité par chimiothérapie" à l'hôpital américain de Dubaï, a-t-elle ajouté.

Un tribunal spécial l'a condamné mardi par contumace à la peine de mort par contumace pour "haute trahison" pour avoir instauré l'état d'urgence dans le pays en 2007. Les termes très crus du jugement, rendus publics jeudi, ont provoqué une vive polémique dans le pays. "Nous demandons aux forces de l'ordre de faire tout leur possible pour appréhender le fugitif/condamné et de veiller à ce que la peine soit infligée conformément à la loi et que, s'il est trouvé mort, son cadavre soit traîné jusqu'à (...) Islamabad et pendu pendant trois jours", peut-on notamment lire.

"Nous allons défendre l'honneur du pays et de ses institutions", a répondu lors d'une allocution télévisée le général Asif Ghafoor, porte-parole de la puissante armée pakistanaise qui a gouverné le pays près de la moitié de ses 72 années d'existence. Les termes du jugement sont "répugnants", a-t-il souligné. "Nous ne laisserons pas le chaos s'emparer du pays", a également averti le porte-parole militaire, estimant que "certains éléments", sans plus de précision, "essaient de nous monter les uns contre les autres".


"Inconstitutionnel" 
"Dans mes quarante ans de carrière dans la justice, je n'ai jamais entendu de tels mots", a commenté à l'AFP le procureur général Anwar Mansoor Khan, nommé par le gouvernement. Ce jugement "inconstitutionnel, contraire à l'éthique et illégal" sera "contesté", avait-il précédemment déclaré.

Le ministre de la Justice Farogh Naseem a renchéri en qualifiant d'"incompétent" et de "mentalement inapte" le juge à l'origine de cette formulation. "Le gouvernement fera appel" d'un jugement terni par des observations "méprisables", "erronées" et "sans précédent", a-t-il poursuivi.

La réaction du gouvernement d'Imran Khan était très attendue, l'actuel Premier ministre ayant lui-même appelé à la résistance contre l'état d'urgence imposé par Musharraf alors qu'il était dans l'opposition en 2007. Mais l'opposition l'accuse d'avoir plus récemment bénéficié d'un soutien de l'armée, qui lui aurait permis de remporter les législatives de 2018 et d'accéder au pouvoir.

Personnage central de la vie politique pakistanaise, Pervez Musharraf était parvenu au pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang en octobre 1999, avant de s'autoproclamer président en juin 2001 et de remporter en avril 2002 un référendum controversé. Le 3 novembre 2007, il avait invoqué la défense de l'unité nationale face au terrorisme islamiste et l'opposition de la Cour suprême, qui devait se prononcer sur la légalité de sa réélection un mois plus tôt, pour suspendre la Constitution. La mesure, très impopulaire, avait fini par causer sa chute en 2008.

Sous le règne de Pervez Musharraf, un stratège connu pour son franc-parler, admirateur de Napoléon Bonaparte et amateur de cigares, le Pakistan avait vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l'armée jouer la carte de l'apaisement face à l'Inde rivale. Mais ses opposants dénonçaient sa mainmise "dictatoriale" sur le pouvoir, le renvoi "illégal" de juges de la Cour suprême qui s'opposaient à lui ou l'assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d'Islamabad à l'été 2007.

L'ex-président pakistanais Pervez Musharraf, en exil à Dubaï, a qualifié de "vendetta personnelle" sa condamnation à mort pour trahison, contre laquelle le gouvernement entend faire appel en invoquant la formulation "méprisable" du jugement qui décrit de manière très crue le châtiment."Cette affaire a été montée et poursuivie en raison d'une vendetta personnelle de certaines...