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Idées - Tribune

Les jeunes peuvent conduire les changements nécessaires pour parvenir à la sécurité alimentaire en Afrique

La FAO forme des employés administratifs de gouvernements à l’usage de drones pour accéder aux dégâts causés par des phénomènes météorologiques extrêmes et au déploiement d’une assistance rapide auprès des victimes les plus touchées. Photo FAO

Nous vivons une époque riche en défis. Après des années de déclin, la faim augmente pour la troisième année consécutive. Malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies, un Africain sur cinq lutte encore pour manger à sa faim et une personne sur dix dans le monde vit dans une pauvreté extrême, la majorité d’entre eux en Afrique.

Cinq ans se sont écoulés et il ne reste que dix ans avant l’échéance fixée pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable, et le monde a un besoin urgent de changements transformateurs, si nous voulons atteindre les objectifs mondiaux d’élimination de la pauvreté et de la faim sur le continent. D’ici 2050, le monde doit nourrir 11 milliards de personnes. La demande de nourriture sera de 60 pour cent supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui.

Les jeunes peuvent jouer un rôle moteur dans la transformation que nous recherchons, mais nous devons encore surmonter certains défis persistants. Nous devons équiper et soutenir la jeune génération pour qu’elle puisse relever les défis actuels et émergents qui menacent l’avenir de l’agriculture et de la sécurité alimentaire.

La croissance démographique rapide, la rareté et la fragilité des ressources naturelles, le retard de productivité de l’agriculture face à la menace croissante du changement climatique, la médiocrité des infrastructures et des services ruraux, la faiblesse des services d’éducation et de santé dans les zones rurales jouent tous un rôle important pour maintenir les zones rurales pauvres et risquent de creuser les disparités rurales et urbaines.



Les conditions difficiles et les possibilités d’emploi limitées dans les zones rurales forcent un plus grand nombre de jeunes à s’installer dans des villes qui ne sont souvent pas préparées à l’afflux massif de personnes. En conséquence, le chômage des jeunes continue d’augmenter - sachant que 25 pour cent des jeunes en Afrique sont au chômage.

Il s’agit d’un gaspillage massif de ressources humaines sur un continent qui compte le plus grand nombre de personnes dans le monde - un cinquième de la population africaine est âgée entre 15 et 24 ans.

Le chômage des jeunes, la pauvreté rurale et la forte prévalence de la sous-alimentation sont autant de facettes d’un même problème : le retard pris dans la transformation de l’agriculture en raison du manque d’investissements et la lenteur de l’adoption des innovations dans les zones rurales.

Parmi tous les secteurs, c’est l’agriculture qui a le plus grand potentiel de réduction de la pauvreté et d’élimination de la faim en Afrique.

Le Chili et la Chine comptent parmi les pays en développement du monde qui ont réalisé des progrès rapides et durables dans la réduction de la pauvreté et de la sous-alimentation en transformant leurs systèmes agroalimentaires et en investissant massivement dans le développement rural.

L’investissement dans l’agriculture et la transformation des systèmes alimentaires ne profite pas seulement aux agriculteurs, il améliore également la croissance économique de l’ensemble du pays et génère des emplois dans les secteurs rural et urbain grâce à des services de transformation, de manutention, de stockage, de distribution et de commercialisation destinés à améliorer la qualité, la sécurité et l’attrait des produits agroalimentaires.

L’innovation rapide dans les technologies de l’information et de la communication offre de réelles possibilités de transformer le secteur agricole, d’accroître la productivité et les revenus des petits exploitants et de rendre les emplois ruraux attractifs pour les jeunes et les personnes instruites. L’exploitation des innovations numériques et technologiques peut rendre l’agriculture encore plus efficace et offrir de nouvelles possibilités et de nouveaux services aux jeunes entrepreneurs.

Cette révolution est déjà en cours en Asie, mais également en Afrique.

Les nouvelles idées des jeunes ainsi que des organisations, des universités et des entreprises du monde entier contribuent à libérer le potentiel des secteurs de l’alimentation et de l’agriculture. Il existe un énorme potentiel pour réduire la pauvreté et combler le fossé rural. L’investissement et l’innovation créeront des possibilités d’emploi et d’autonomisation pour les jeunes et leur donneront un accès égal à l’information, à la technologie et aux marchés.

À l’âge de 27 ans, le couple égyptien Aly Abu Zeid et Eman Hassan a remarqué une lacune sur le marché des machines de transformation bon marché mais de haute qualité pour les producteurs laitiers. Ensemble, ils lancent CUBII, une entreprise spécialisée dans les machines pour la fabrication de produits alimentaires fabriqués localement. Non seulement leur entreprise est florissante, mais leur équipement facilite également l’expansion verticale des producteurs le long de la chaîne de valeur.

Au Nigeria, Abigail Alabi, 28 ans, a fondé Recy World, une entreprise sociale qui apporte modernisation et efficacité aux agriculteurs africains grâce à une technologie à faible coût. Depuis 2016, Recy World propose un service de location qui permet de semer le manioc 40 fois plus vite et une usine de transformation qui multiplie le rendement de chaque récolte pour améliorer la productivité. Alabi prévoit de franchiser ce modèle et de l’étendre à tout le continent.

En Chine, Shi Yan, 27 ans, a fondé une ferme dans le cadre du programme d’agriculture soutenue par la communauté. L’initiative a été lancée en 2009 et s’est rapidement transformée en un mouvement entier d’exploitations communautaires. Au cours des cinq premières années de fonctionnement, plus de 800 fermes agricoles soutenues par la communauté ont été établies à travers la Chine avec plus de 100 000 membres.

Aly, Eman, Abigail et Shi, et des milliers de jeunes leaders à travers le monde, sont en train de changer le visage de l’agriculture et de construire l’inclusion, la durabilité et la productivité. L’autonomisation des jeunes hommes et des jeunes femmes est l’un des moyens les plus efficaces pour encourager l’innovation et les approches pionnières nécessaires pour revitaliser les zones rurales et accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs du développement durable d’ici 2030.

Les jeunes sont les mieux équipés pour favoriser et adopter l’innovation et la technologie et s’en servir comme force de changement, non seulement dans l’agriculture mais également dans d’autres secteurs. Le Forum mondial de la jeunesse, accueilli par le gouvernement égyptien sous les auspices du Président Abdel Fattah el-Sissi, offre une excellente occasion de nouer le dialogue avec les jeunes d’Afrique et du monde entier et de leur donner les moyens de diriger la prochaine phase du développement mondial.

Un soutien aux jeunes et aux jeunes entrepreneurs est nécessaire, notamment pour créer et promouvoir des solutions innovantes afin de relever le défi de produire plus et mieux pour nourrir une population mondiale croissante et d’atténuer les effets du changement climatique.

Il est urgent d’investir dans les zones rurales pour combler le fossé entre les zones urbaines et rurales dans l’infrastructure des TIC afin de permettre aux agriculteurs d’Afrique et plus généralement des régions en développement d’exploiter le potentiel des nouvelles technologies et de l’agriculture numérique pour améliorer la productivité, accéder aux marchés et générer des revenus décents.

La FAO est prête à travailler avec ses partenaires des Nations Unies et le système des Nations Unies dans son ensemble afin de soutenir les jeunes entrepreneurs afin qu’ils puissent créer des solutions innovantes pour relever le défi de nourrir la population mondiale croissante face à la menace croissante du changement climatique.

Une transformation de l’agriculture est en cours grâce à la révolution numérique. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer à côté. Nous devrions soutenir cette vague et habiliter les jeunes à la diriger.

QU Dongyu est le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

Nous vivons une époque riche en défis. Après des années de déclin, la faim augmente pour la troisième année consécutive. Malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies, un Africain sur cinq lutte encore pour manger à sa faim et une personne sur dix dans le monde vit dans une pauvreté extrême, la majorité d’entre eux en Afrique.Cinq ans se sont écoulés et il ne...

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