L'ancien ministre français François Bayrou, dirigeant centriste et proche allié d'Emmanuel Macron, a été inculpé vendredi soir pour "complicité de détournement de fonds publics" dans l'affaire des assistants d'eurodéputés de son parti, a-t-on appris de sources concordantes.
"Cette mise en examen, annoncée à l'avance dans les journaux, a été décidée à l'encontre de tous les éléments de preuves produits", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de M. Bayrou, Pierre Cornut-Gentille. "La suite de l'instruction démontrera qu'elle est totalement infondée".
Le président du parti centriste MoDem, 68 ans, est resté environ dix heures dans le bureau des juges au tribunal de Paris, répondant point par point à toutes les questions qui lui étaient posées, selon des sources concordantes. Les juges cherchent à déterminer si des assistants parlementaires, qui travaillaient aussi à temps partiel pour le MoDem, ont réellement effectué les tâches financées par les crédits européens ou si ce montage servait à financer frauduleusement la masse salariale du parti.
La justice soupçonne M. Bayrou d'être responsable de l'ensemble du système présumé reproché au parti centriste.
"Pour cela, il faut des instructions", fait valoir l'entourage du responsable politique. "Or, aucun témoignage, aucun document ne désigne François Bayrou", selon cette source.
Une douzaine de responsables du mouvement ont déjà été inculpés depuis la mi-novembre dans cette affaire, dont l'ex-eurodéputée et ex-candidate à la Commission européenne Sylvie Goulard, l'ancien Garde des Sceaux Michel Mercier ou le directeur financier du parti Alexandre Nardella.
La vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez, entendue mercredi, a pour sa part été inculpée pour "détournement de fonds publics" pour le contrat d'une ancienne assistante. Pour cinq autres contrats suspects, la juge l'a placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté.
L'enquête porte essentiellement sur la législature 2009-2014 mais aussi, dans une moindre mesure, sur les législatures antéieure et postérieure. À ce stade, neuf anciens eurodéputés MoDem se trouvent dans le viseur de la justice.
François Bayrou, qui a toujours nié tout système d'emplois fictifs, a relativisé la semaine dernière ces poursuites, déclarant que "tout le monde" était "mis en examen ou à peu près dans la vie politique française".
L'ouverture d'une enquête préliminaire dans cette affaire, en juin 2017, avait entraîné la démission de M. Bayrou du poste de ministre de la Justice. Cette affaire, ajoutée à la polémique sur des prestations réalisées pour un think tank américain, a par ailleurs coûté à Sylvie Goulard sa place dans la nouvelle Commission européenne, refusée en octobre par les eurodéputés.
Le MoDem n'est pas la seule formation dans le viseur de la justice pour des emplois présumés fictifs au Parlement européen. Des enquêtes similaires ont ainsi été ouvertes pour La France insoumise (gauche radicale) et pour le Front national (extrême droite). Dans cette dernière, une vingtaine de personnes, dont Marine Le Pen, ont été mises en examen.
"Cette mise en examen, annoncée à l'avance dans les journaux, a été décidée à l'encontre de tous les...
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