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Liban - Médias

Joseph Kossaïfi : Seul le tribunal des imprimés est compétent pour les délits de presse

Le président du syndicat des rédacteurs fustige la convocation par la police judiciaire de deux journalistes, suite à une action intentée contre eux par le chef du PSP, Walid Joumblatt.

Hassan Moukalled et Joséphine Dib, sur la chaîne OTV. Photo tirée du compte Twitter de Mme Dib

Il semble que les autorités judiciaires ne soient toujours pas convaincues que les infractions liées aux médias relèvent du seul tribunal des imprimés. Le président de l’ordre des rédacteurs, Joseph Kossaïfi, le leur a encore rappelé hier, après avoir appris que deux journalistes, Joséphine Dib, présentatrice de l’émission Hiwar el-Yom (OTV), et Hassan Moukalled, propriétaire d’un magazine spécialisé en économie, pourraient être déférés devant la police judiciaire à la suite d’une plainte déposée par le leader du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt.

« L’ordre des rédacteurs rejette toute action contre des confrères, qui serait présentée devant un autre tribunal que celui des imprimés (…). Cette règle doit ainsi s’appliquer à nos deux confrères, Hassan Moukalled et Joséphine Dib, qui auraient été convoqués par la police judiciaire à des fins d’enquête dans le cadre d’un procès intenté contre eux dans une affaire d’opinion. Le syndicat souhaite que la justice rectifie le tir et les défère devant le tribunal des imprimés, et assure que son bureau juridique est à la disposition de tout confrère qui s’expose à une requête judiciaire liée à l’exercice de sa profession. »

Il y a moins de dix jours, lors de l’émission animée par Joséphine Dib, Hassan Moukalled avait évoqué l’existence d’une demande de transfert de 300 millions de dollars dans une banque suisse, présentée par une personnalité politique et rejetée par ladite banque.

Contacté par L’Orient-Le Jour, Hassan Moukalled affirme qu’il n’a à aucun moment cité le nom de Walid Joumblatt, s’étonnant du procès que ce dernier lui a intenté : « Jeudi, un jour avant l’annonce de la démarche, le secrétaire général du PSP, Zafer Nasser, avait pourtant lui-même affirmé que les informations que j’avais évoquées pouvaient concerner de nombreux politiciens. » M. Moukalled avait déclaré à la télévision que la personnalité concernée « est un ancien de la politique et se trouve à la tête d’un groupe parlementaire assez important ».



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« Aucune base légale »
Le journaliste soutient par ailleurs qu’à ce jour, il n’a pas été notifié de manière officielle de la plainte. « C’est un communiqué du PSP qui a annoncé vendredi que le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, a déféré à la police judiciaire une plainte de M. Joumblatt contre moi », indique-t-il, s’indignant à l’idée de devoir être entendu par un officier de police. « Je n’ai pas encore reçu de convocation, mais au cas où je la recevrais, il est certain que je n’y répondrai pas », tranche M. Moukalled, qui n’entend être interrogé que par « un procureur général ou un juge d’instruction ».

Et de poursuivre : « Je n’ai accusé personne. J’ai révélé qu’il y a à présent un élément nouveau, à savoir le refus de banques européennes d’accepter des transferts de comptes d’hommes politiques. » « Ce qui m’importait était de dire que le regard international porté sur les deniers provenant des politiciens libanais avait désormais changé. » « Commentant ce changement, je voulais simplement mettre l’accent sur la nécessité d’une mobilisation de l’État en vue de tenter de récupérer ces fonds. » Pour lui, la plainte ne comporte donc pas de base légale. « Une centaine d’avocats se sont d’ailleurs portés volontaires pour me défendre, et je me suis entendu avec les avocats engagés dans le mouvement du 17 octobre pour le faire. »

Le journaliste affirme par ailleurs que le soir même où la démarche de M. Joumblatt a été annoncée, il a reçu de nombreuses menaces de mort. Il a alors réagi sur les chaînes OTV et al-Jadeed, accusant cette fois à découvert le chef du PSP d’être « impliqué notamment dans les dossiers du gaz, de l’essence, des cimenteries, du secteur bancaire et de l’évasion fiscale », et soutenant que « lui-même avait reconnu ses méfaits tout au long des 27 dernières années ».

L’Orient-Le Jour a tenté sans succès de joindre le responsable de la communication du parti joumblattiste, Rami Rayess.

Quant à Joséphine Dib, elle s’étonne via L’OLJ de faire l’objet d’une plainte de M. Joumblatt, alors que, dit-elle, l’information litigieuse avait couru dans les médias un ou deux jours avant son entrevue avec M. Moukalled. « J’ai fait état devant les téléspectateurs d’informations selon lesquelles la personnalité concernée est Walid Joumblatt, et j’ai alors demandé à mon invité s’il s’agissait bien de lui. » « Je ne veux ni confirmer ni infirmer, m’a répondu textuellement Hassan Moukalled », rapporte la journaliste d’OTV.


Les médecins aussi
Le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, a par ailleurs demandé hier au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, d’interdire l’audition dans des postes de gendarmerie de médecins accusés de faute médicale. Accédant à sa requête, M. Oueidate a publié une circulaire auprès des cours d’appel, ainsi que des juges d’instruction et du commissaire du gouvernement auprès du Tribunal militaire, leur demandant d’interroger eux-mêmes ces médecins. À noter que le ministre de la Santé, Jamil Jabak, avait adressé une note dans le même sens à M. Oueidate.


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