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Liban - Tensions

Un tragique accident de la route à Jiyé exploité à des fins politico-confessionnelles

Nabih Berry appelle l’armée à garder les routes ouvertes « afin de prévenir toute sédition », après la mort de deux civils dans un accident en raison de la fermeture de la route menant au Sud.


Dans le contexte actuel d’extrême tension, un accident de la route qui s’est produit à Jiyé et au cours duquel deux personnes ont péries, carbonisées, sur l’autoroute reliant Beyrouth au Liban-Sud a pris une tournure politico-confessionnelle, le Hezbollah et Amal mobilisant des centaines de leurs partisans hier soir dans la banlieue sud mais également dans le sud et la Békaa pour dénoncer, dans une volonté de surenchère inadmissible, ce qu’ils ont qualifié de « crime terroriste ».

L’accident s’est produit hier à l’aube, sur l’autoroute de Jiyé, au niveau du croisement de Barja, lorsqu’une voiture se rendant à Beyrouth a percuté une grille métallique et un poteau renversé non signalés, installés là semble-t-il par l’armée pour dévier la circulation vers l’ancienne route côtière, l’autoroute étant bloquée un peu plus loin par des manifestants.

Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent le véhicule en feu. Dans le tragique incident, qui peut être également le résultat d’une négligence criminelle, deux des occupants du véhicule ont péri carbonisés.Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), la voiture « a finalement percuté la séparation en béton de l’autoroute » et deux de ses occupants, Hussein Chalhoub et Sana al-Jundi, sa belle-sœur, ont péri. La fille de Hussein Chalhoub, Nour, qui était installée à l’arrière, a raconté depuis son lit d’hôpital à des chaînes locales comment son père et sa tante ont péri dans les flammes, sous ses yeux, incapables d’ouvrir les portières de la voiture pour se sauver. Selon certaines informations impossibles à vérifier, le véhicule aurait été la cible de jets de pierre qui auraient fait perdre au conducteur le contrôle de la voiture, mais l’heure matinale de l’accident rend cette hypothèse peu plausible.

Un manifestant de la région, Jamal Terro, a assuré sur les chaînes locales que les contestataires qui coupaient la route étaient à plusieurs centaines de mètres du lieu où s’est produit l’accident et qu’ils n’en sont en aucun cas responsables. Il a ajouté que les manifestants ont accouru lorsqu’ils ont vu les flammes, mais que tout s’est passé trop vite. « 

Crime épouvantable »

Le Hezbollah a dénoncé hier, dans un communiqué au ton surfait, « le crime épouvantable qui s’est produit sur l’autoroute de Jiyé », affirmant que les deux victimes ont trouvé la mort « en raison des attaques miliciennes menées par des groupes qui coupent les routes et terrorisent les citoyens innocents qui circulent ».

« Cette attaque est dirigée contre tous les Libanais et menace la paix civile », a ajouté le communiqué, qualifiant l’accident de « crime terroriste » et appelant à « punir les assaillants ». En soirée, des centaines de personnes brandissant des drapeaux d’Amal et du Hezbollah, ainsi que quelques drapeaux libanais, se sont rassemblés dans la banlieue sud, allumant des bougies à la mémoire des victimes de l’accident. « Le peuple veut un 7 mai », ont scandé les manifestants, en référence à la prise de contrôle par le Hezbollah de Beyrouth-Ouest en 2008.

De son côté, le président du Parlement, Nabih Berry, a dénoncé « ce qui s’est produit sur les routes du pays hier, que ce soit dans le centre-ville ou sur l’autoroute du Liban-Sud », dans une référence, outre à l’accident, aux attaques de ses partisans et de ceux du Hezbollah contre les manifestants sur le Ring dans la nuit de dimanche à lundi. Il a appelé « les forces de sécurité et l’armée à veiller à maintenir les routes ouvertes devant tous les Libanais, afin de prévenir toute sédition, tout en respectant le droit d’expression à condition qu’il ne porte pas atteinte à la paix civile ».

Le leader druze Walid Joumblatt, qui en sait quelque chose, a lui aussi estimé que « couper les routes ne peut qu’aboutir à des problèmes, créer des tensions et faire des victimes », alors que le chef du Parti démocratique libanais Talal Arslan dénonçait également « l’accident tragique », mettant en garde contre des affrontements qui pourraient conduire à la discorde.

Dans le contexte actuel d’extrême tension, un accident de la route qui s’est produit à Jiyé et au cours duquel deux personnes ont péries, carbonisées, sur l’autoroute reliant Beyrouth au Liban-Sud a pris une tournure politico-confessionnelle, le Hezbollah et Amal mobilisant des centaines de leurs partisans hier soir dans la banlieue sud mais également dans le sud et la Békaa pour...

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L’Emotion sélective pour resserrer les rangs! Car l’émotion nous empêche de penser; elle peut même se traduire par un refus de penser

Jack Gardner

10 h 13, le 26 novembre 2019

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Commentaires (2)

  • L’Emotion sélective pour resserrer les rangs! Car l’émotion nous empêche de penser; elle peut même se traduire par un refus de penser

    Jack Gardner

    10 h 13, le 26 novembre 2019

  • Cet accident est un drame, bien sûr, mais les propos du Hezbollah n'ont évidemment aucun rapport avec la réalité. Les mots "terroriste", "milicien", tellement outrés, n'ont pas d'autre but que d'instiller la haine. Ils ne servent qu'à justifier les violences passées, présentes et futures des contre-révolutionnaires du Hezbollah.

    Yves Prevost

    07 h 15, le 26 novembre 2019

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