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Nos Lecteurs ont la Parole - Eulalie SERHAL

Chronique à l’Élysée

« Chérie, tu diras au président de la République française que le Liban est un petit pays au grand cœur et que nos liens culturels avec la France sont très forts. »

Maman, c’était les derniers mots que tu m’a dit avant que je prenne l’avion. Inutile de te dire qu’au lieu de témoigner sur l’amitié libano-française, j’ai fièrement expliqué à mes collègues pourquoi nous manifestons pour un changement radical au sein du pays. Cette semaine était bien différente au palais de l’Élysée.

Nos chaînes libanaises de télévision ont remplacé le légendaire Netflix qui m’accompagnait quotidiennement durant mes pauses. Mon refuge se trouve désormais à Riad el-Solh, Tyr, Tripoli, alors que mes pieds chevauchent les pavots de la rue de l’Élysée. Oui, j’ai choisi une parenthèse bien loin de chez moi parce que j’ai le déni des pistons qui gangrènent notre quotidien. Cette haine que nous avons, en tant que jeunes Libanais fraîchement sortis des bancs d’université face à tant d’injustice quant aux emplois. D’où vient-on quand on frappe aux portes de l’immigration ? D’une patrie qui souffre beaucoup trop, me répond Albertine !

Oui, j’ai eu tort. Tort de n’avoir pas osé présenter ma candidature dans aucune des institutions libanaises. Acte de lâcheté ou de détresse ? Ni l’une ni l’autre, me répondra la raison, alors que le cœur lâche. Il n’y a qu’un pas entre Baabda et la rue du Faubourg Saint-Honoré, celui de l’envie de s’acharner et de démontrer que l’on peut y arriver. Les « Dites, jeune Libanaise, ça ne va toujours pas chez vous ? Vous n’avez pas peur pour votre entourage ? C’est toujours instable chez vous ? » remplacent enfin le « Ce n’est pas commun qu’une Libanaise de 21 ans travaille au palais de l’Élysée. »

Même si le sérieux dans cette prestigieuse maison est d’or, je ne peux contenir mes larmes de joie qui sont de diamant face à ces foules unies.

« Eulalie, ta prochaine expérience professionnelle sera où ? » me demande mon chef de rang. Inchallah bi baladi...

Chronique d’une jeune stagiaire libanaise, loin de sa patrie. « Reste fort, petit cèdre », me chuchote sans cesse la Marianne...

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

« Chérie, tu diras au président de la République française que le Liban est un petit pays au grand cœur et que nos liens culturels avec la France sont très forts. » Maman, c’était les derniers mots que tu m’a dit avant que je prenne l’avion. Inutile de te dire qu’au lieu de témoigner sur l’amitié libano-française, j’ai fièrement expliqué à mes collègues...

commentaires (1)

Attendrissant !

Marie-Hélène

19 h 30, le 18 novembre 2019

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Commentaires (1)

  • Attendrissant !

    Marie-Hélène

    19 h 30, le 18 novembre 2019

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