Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Algérie : les magistrats ont repris le travail après 10 jours de grève

Juges et avocats devant le conseil judiciaire d'Alger lors d'une journée de mobilisation des magistrats en grève, le 29 octobre 2019. © AFP

Les magistrats ont repris le travail mercredi dans les tribunaux d'Algérie, au lendemain de l'annonce par leur principal syndicat, de l'arrêt d'une grève inédite entamée le 27 octobre et qui paralysait l'activité judiciaire.

Au tribunal de Sidi M'hamed, la principale juridiction d'Alger, les audiences ont repris, a constaté une journaliste de l'AFP.

A Oran (350 km à l'ouest d'Alger) aussi, "les magistrats ont repris le travail", a confirmé à l'AFP Me Wafa Boukadoum, avocate au barreau de la 2e ville du pays.

Selon un de ses confrères, Me Ahmed Hadjazi, de nombreuses audiences ont toutefois été reportées, les magistrats nouvellement nommés dans le cadre du vaste mouvement de mutation qui a déclenché la grève, n'ayant pas encore pris officiellement leurs fonctions.

Dimanche, les forces de l'ordre étaient intervenues pour tenter de déloger par la force des magistrats bloquant le tribunal d'Oran, déclenchant l'indignation.

Selon Me Boudjemaa Guechir, avocat au barreau de Constantine (300 km à l'est d'Alger), "le travail a repris" au tribunal de la 3e ville du pays, malgré "quelques décalages dans les audiences", en raison des "cérémonies d'installation" des magistrats fraîchement nommés.

L'activité a aussi repris au tribunal d'Annaba, selon Me Adel Messaoudi, avocat au barreau de la 4e ville du pays, proche de la frontière tunisienne.

Le Syndicat national des magistrats (SNM) a déclenché cette grève, inédite dans un corps réputé docile à l'égard du pouvoir, pour protester contre le changement d'affectation soudain de près de 3.000 magistrats - soit la moitié du corps de la magistrature, selon les syndicats.

Le SNM avait dénoncé une "mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire" et réclamé "l'indépendance de la Justice".

"C'est honteux"
Le Club des magistrats, syndicat non enregistré, formé par des magistrats en rupture de ban avec le SNM - proche du pouvoir - dans la foulée du "Hirak", le mouvement massif de contestation populaire du régime dont l'Algérie est le théâtre depuis le 22 février, s'était joint à la grève.

Dans un communiqué, il s'est dit "surpris" par l'arrêt du mouvement, sans avancée vers l'indépendance de la Justice.

Au tribunal de Sidi M'hamed, la décision des magistrats d'arrêter leur grève "alors qu'aucune de leurs revendications n'a été satisfaite" anime les discussions, amères, entre avocats, mobilisés depuis le début du "Hirak" pour dénoncer les pressions du pouvoir politique sur la Justice.

"Nous les avons soutenus dès le début et ils reprennent le travail sans avoir obtenu gain de cause pour ce qui est de l'indépendance de la Justice", regrette l'un d'eux, réclamant l'anonymat.

Selon un de ses confrères, qui a aussi requis l'anonymat, "on leur a promis des augmentations de salaires mirobolantes et ils ont sacrifié l'indépendance" de la Justice, "c'est honteux".

Selon le SNM, un accord trouvé mardi avec le ministère de la Justice prévoit que les magistrats contestant leur mutation rejoignent leur nouveau poste et déposent un recours devant le CSM et la mise sur pied d'un "atelier" visant à "enrichir" la législation relative à l'indépendance de la Justice.

Le président du SNM, Issad Mabrouk, que l'AFP n'a pas réussi à joindre, a expliqué à l'agence de presse officielle APS que la suspension de la grève avait été décidée après une "médiation" et à "la lumière des circonstances" que traverse le pays.

Une présidentielle massivement rejetée par la rue est prévue le 12 décembre et les magistrats sont appelés à jouer un rôle-clé en présidant les commissions électorales locales.

Les magistrats ont repris le travail mercredi dans les tribunaux d'Algérie, au lendemain de l'annonce par leur principal syndicat, de l'arrêt d'une grève inédite entamée le 27 octobre et qui paralysait l'activité judiciaire.
Au tribunal de Sidi M'hamed, la principale juridiction d'Alger, les audiences ont repris, a constaté une journaliste de l'AFP.A Oran (350 km à l'ouest d'Alger)...