Dans des vidéos fuitées, Wahhab accuse Fenianos et Choucair de corruption

Des vidéos de l'ancien ministre druze Wi'am Wahhab dans lesquelles il accuse de nombreux responsables d'avoir trempé dans des dossiers de corruption, liés notamment aux dossiers de l'électricité, de l'importation de pétrole et des télécommunications, circulent depuis dimanche sur les réseaux sociaux. Ces révélations interviennent alors que le Premier ministre, Saad Hariri, une des cibles des propos de M. Wahhab, doit annoncer incessamment son plan de réformes pour faire face à la crise socio-économique et apaiser les Libanais, qui descendent massivement dans les rues du pays depuis jeudi soir. 

Dans ces vidéos, qui auraient été prises à son insu alors qu'il parle à des visiteurs, M. Wahhab évoque la taxe sur les appels par VoIP (via les messageries instantanées), qui avait provoqué le mouvement de contestation, avant d'être annulée, sans que cela n'apaise les manifestants. Selon lui, le ministre des Télécommunications, Mohammad Choucair, avait discuté de cette décision de taxer les appels via messageries avec les directeurs des sociétés de téléphonie Touch et Alfa, la première ayant accepté la proposition, la seconde l'ayant qualifiée de "suicide". Mohammad Choucair "a mis le feu aux poudres dans le pays et a coûté des centaines de millions de dollars au Trésor public", ajoute Wi'am Wahhab. Insultant le ministre des Télécoms, il l'accuse d'avoir pris cette décision dans le cadre d'un accord douteux, qui impliquerait également le ministre des Transports publics, Youssef Fenianos. Il a également accusé M. Fenianos d'avoir reçu des pots de vin pour faire asphalter la route d'un particulier, aux frais de l'Etat. Et M. Wahhab d'espérer que le chef du parti de Youssef Fenianos, Sleimane Frangié, "l'oblige à démissionner immédiatement". Il a encore accusé le responsable de la centrale électrique de Deir Ammar d'avoir mis un terme au projet de modernisation de cette infrastructure parce qu'il n'avait pas reçu de pot de vin, soulignant que les responsables de cette affaire sont "des proches du président de la Chambre, Nabih Berry".  

Dans une autre vidéo, Wi'am Wahhab dénonce un scandale lié "à la location par l'Etat libanais de réservoirs de gaz", contraire aux principes d'appels d'offres qui doivent normalement être lancés par le ministère concerné. Il a dans ce contexte appelé le Courant patriotique libre (aouniste) et son chef, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, à enquêter sur cette affaire, "sans quoi ils seront considérés comme des complices qui veulent couvrir cette affaire".

L'ancien ministre mentionne par ailleurs brièvement "la faillite" Premier ministre, Saad Hariri. Ces dernières années, la compagnie Saudi Oger et le groupe de presse incluant notamment la chaîne de télévision Future TV et le quotidien al-Moustaqbal ont fait faillite.

Le ministre des Travaux publics, de son côté, a estimé que les déclarations de M. Wahhab entrent dans le cadre de "sa longue série de provocations". "J'invite toutes les autorités compétentes à prouver que ces informations sont erronées", a-t-il écrit sur son compte Twitter. 

Le parti Tawhid de M. Wahhab a publié dimanche en soirée un communiqué dans lequel il souligne que "les propos du responsable ont été tronqués" mais que les informations contenues sont véridiques mais rendues imprécises par les coupures de la vidéo.  

Lundi matin, poursuivant sur sa lancée, l'ancien ministre druze a écrit une série de tweets dans lesquels il s'en prend à nouveau avec virulence aux ministres Fenianos et Choucair, réitérant ses accusations de corruption. 

Dimanche, M. Wahhab avait estimé que seules des élections anticipées pourraient permettre de sortir de la crise, au quatrième jour de la mobilisation massive des Libanais à travers tout le pays, contre le pouvoir et les élites politiques.