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Nos Lecteurs ont la Parole - Par Lyna COMATY ABOU ADAL

Réflexions sur le congé maternité de Nada Boustani

Le 15 octobre, L’Orient-Le Jour publiait un article relatif à la naissance de la fille de la ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani. Dans cet article, intitulé « Maman comblée, Nada Boustani ne prendra qu’une semaine de congé », il était précisé que la ministre ne comptait pas user de son droit à un congé maternité de 70 jours.

Permettez-moi, ici, de présenter nos félicitations à Madame la ministre de l’Énergie pour la naissance de son second enfant. Il est intéressant d’avoir choisi de ne bénéficier que d’un dixième de son droit pour un congé de maternité. Cela m’amène à cette modeste contribution sur la question :

1) Être une figure publique implique des responsabilités. Nada Boustani est la plus jeune femme à avoir accédé à un poste de ministre, une jeune professionnelle expérimentée dans le secteur de l’énergie, une mère et une épouse parmi d’autres rôles. La première femme à accoucher en exercice ! Sensationnel. Elle a tout pour être un modèle pour tant de jeunes femmes dans notre pays et dans la région. Retourner au travail après une semaine après avoir accouché envoie un message clair : il est presque impossible de jongler avec tous ces rôles, il faut faire un choix entre être une professionnelle et être une mère.

2) Le post-partum est une réalité scientifique et sociale. Il existe une raison pour laquelle la majorité des traditions sociales parlent de ces fameux 40 jours. Les femmes vivent en effet un déséquilibre hormonal les premières semaines après l’accouchement. Certaines traditions vont jusqu’à considérer les femmes comme étant dans un état d’entre-deux, entre la vie et la mort, pendant les 40 premiers jours. Je me demande comment une femme se concentrerait dans cet état. Surtout si elle occupe un poste élevé au sein du gouvernement et se doit de traiter de questions de politique publique de haut niveau.

3) « J’ai des responsabilités à assumer. » Le b.a.-ba des ressources humaines dans n’importe quelle organisation soutient que personne n’est irremplaçable. Qui plus est, quelqu’un qui a eu neuf mois pour planifier son remplacement de deux mois. Il existe des systèmes et des processus qui peuvent être mis en place, et une multitude de possibilités de travailler à distance si et lorsque l’urgence se présente.

4) Créer des précédents. Il est vraiment là le nœud du problème. Positionner en héroïne une femme qui ne prend qu’une semaine de congé de maternité envoie le message que c’est tout à fait faisable et que celles qui ne le font pas ne sont... pas des héroïnes. Cela ramène le débat, dans notre pays où il est encore timide, à la case départ. « Walaw, vous voulez prendre 12 semaines de congé et la ministre n’en n’a pris qu’une après avoir accouché ! »

La maternité est un choix. Le congé maternité est un droit.

Une femme a le choix de ne pas jouir d’un droit, mais elle a moins le droit d’affecter le choix d’une autre.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Le 15 octobre, L’Orient-Le Jour publiait un article relatif à la naissance de la fille de la ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani. Dans cet article, intitulé « Maman comblée, Nada Boustani ne prendra qu’une semaine de congé », il était précisé que la ministre ne comptait pas user de son droit à un congé maternité de 70 jours.Permettez-moi, ici, de...

commentaires (1)

Tout est dit. Et bien dit. Effectivement cet exemple risque d'affecter l'application de leur droit de beaucoup d'autres "héroïnes" dans leur vie de maman. Personne n'est irremplaçable comme vous l'écrivez. A plus forte raison pour deux petits mois...

Sybille S. Hneine

09 h 19, le 19 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • Tout est dit. Et bien dit. Effectivement cet exemple risque d'affecter l'application de leur droit de beaucoup d'autres "héroïnes" dans leur vie de maman. Personne n'est irremplaçable comme vous l'écrivez. A plus forte raison pour deux petits mois...

    Sybille S. Hneine

    09 h 19, le 19 octobre 2019

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