La communauté sunnite au Liban a élu hier un nouveau Conseil supérieur chérié de 33 membres, pour un mandat de 4 ans. Le scrutin a confirmé le leadership du chef du courant du Futur Saad Hariri, qui a obtenu une majorité de voix dans les grandes villes sunnites de Beyrouth, Tripoli et Saïda. Le taux de participation a été jugé satisfaisant.
Toutefois, quelques percées de l’opposition ont été enregistrées quand même, soit de la part d’indépendants, comme à Beyrouth, soit de la part des sunnites du 8 Mars, à Tripoli (un élu). Par contre, la liste des candidats du courant du Futur à Saïda a été élue d’office.
S’il y a une protestation quelconque, c’est du côté des indépendants qu’elle s’est exprimée. En effet, une partie de l’opinion sunnite est déçue de ce que les partis aient eu une mainmise si totale sur les élections, au détriment des autorités religieuses. Beaucoup affirment en effet que le nouveau Conseil supérieur chérié est « une image réduite de la représentation sunnite au Parlement ».
Le scrutin s’est tenu dans les sept circonscriptions suivantes : Beyrouth, Tripoli, Akkar, Mont-Liban, Békaa, Saïda et Hasbaya-Marjeyoun. Prenant la parole à Beyrouth en cours de matinée, le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, s’est félicité de ce que les élections se déroulent « dans un climat de transparence, de démocratie et un esprit institutionnel marqué par l’ouverture et la concurrence loyale. Tout le monde doit savoir que Dar el-Fatwa est à égale distance de tous les candidats, que c’est une institution ouverte à tous les ulémas et musulmans libanais et que c’est une instance modérée et du juste milieu. Je tiens à féliciter à l’avance tous ceux qui l’emporteront, dans l’espoir que le nouveau conseil poursuivra les œuvres entamées par son prédécesseur ».
Le collège électoral à Beyrouth comptait l’ancien Premier ministre Tammam Salam, les ministres Raya el-Hassan (Intérieur), Mohammad Choucair (Télécoms) et les députés Nouhad Machnouk, Fouad Makhzoumi, Adnan Traboulsi et Roula Tabch, ainsi que les membres du Conseil supérieur chérié en exercice, le secrétaire de Dar el-Fatwa, les enseignants et lecteurs du Coran approuvés, les juges religieux en exercice, les administrateurs des biens (wakfs), les imams des mosquées agréés, les magistrats sunnites, notamment les membres du Conseil constitutionnel et les fonctionnaires sunnites de la première catégorie, le président et les membres sunnites des conseils municipaux, soit au total 135 électeurs. L’opération de vote s’est achevée à 13h30.
Ambiance calme
Venu vers midi déposer son bulletin dans l’urne, le Premier ministre Saad Hariri a salué « l’ambiance calme » du scrutin. « Ces élections étaient nécessaires et nous souhaitons que toutes les élections se déroulent aussi bien au Liban », a-t-il déclaré à sa sortie.
Quant à l’ancien Premier ministre Tammam Salam, il a insisté sur les deux dimensions religieuse et nationale d’une instance comme le Conseil supérieur chérié sunnite.
À Tripoli, venu voter pour la liste de la coalition qu’il a formée avec le Premier ministre Saad Hariri, l’ancien chef de l’exécutif Nagib Mikati a déclaré, après avoir déposé son bulletin, que « le gagnant veillera sur les affaires communautaires et le Liban ». « Nous faisons partie des fondateurs de cette nation et tenons au vivre-ensemble et à la cohabitation de tous les Libanais », a-t-il ajouté.
Les résultats
Les résultats du dépouillement des bulletins se présentent comme suit :
À Beyrouth (8 membres) : Mohammad Talal Anis Beydoun, Wassim Mougharbel, Waël Chbaro, Abdallah Chahine, Moustapha Kheir, Mohammad Zahreddine, Ziad Saheb et Fouad Zrad.
Liban-Nord (7 membres) : Omar Mikati, Bilal Baraké, Ahmad Abdel Kader Amine, Oussama Moustapha Kamal Trad, Fayez Seif, Rabih Dandachi et Amir Raad.
Akkar (1) : Wassim Ghandi Merhebi.
Mont-Liban (2) : Raïf Younès Abdallah, Mohammad Bahige Mansour.
Békaa (2) : Abdel Rahman Charkieh, Mohammad Schéhadé Soumayli.
Saïda (3) : Abdel Halim Zein, Mohammad Ibrahim Rawas, Fayez Salaheddine Baassiri.
Hasbaya-Marjeyoun (1) : Hassan Ismaïl Dally.
Soit 24 élus auxquels il faut ajouter le mufti et 8 membres nommés par lui.
On rappelle que le Conseil chérié comprend 33 membres et coiffe la communauté sunnite d’un appareil religieux central qui exerce des compétences législatives, exécutives et judiciaires en tout ce qui touche aux affaires religieuses et à la gestion de ses biens (wakfs).
La législation qui l’organise remonte à 1955 (décret-loi 18/55), dans le prolongement d’une tradition législative remontant à l’Empire ottoman.
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COURAGE ET PERSEVERANCE SAAD HARIRI.
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 40, le 14 octobre 2019