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Liban - Liberté de la presse

« Nidaa el-Watan » devant le tribunal des imprimés, fort de la solidarité du 14 Mars

Le procès du quotidien, accusé de diffamation à l’encontre du chef de l’État, s’est ouvert hier. Le verdict sera rendu le 21 novembre prochain.

De gauche à droite, Boutros Harb, Samy Nader, Imad Wakim, Béchara Charbel, May Chidiac, Michel Mecattaf, Richard Kouyoumjian, Paula Yacoubian et Georges Okaïs, lors du sit-in hier devant le Palais de justice de Beyrouth.

L’affluence était forte, hier, au tribunal des imprimés, à l’ouverture du procès du rédacteur en chef du quotidien Nidaa el-Watan, Béchara Charbel, et de son directeur responsable, Georges Berberi, tous deux accusés d’avoir porté atteinte au président de la République, Michel Aoun. Des dizaines de personnalités politiques du 14 Mars, des journalistes et des activistes ont assisté à la séance, afin de soutenir la liberté de la presse dans le pays.

Nidaa el-Watan est poursuivi en justice après la publication d’une manchette, le 12 septembre dernier, sur laquelle on pouvait lire : « Nouveaux ambassadeurs à Baabda : bienvenue dans la République de Khamenei », en référence au guide suprême iranien Ali Khamenei. Le quotidien faisait allusion à un discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah à l’occasion de la commémoration de la Achoura, dans lequel le leader chiite avait réaffirmé son allégeance à Ali Khamenei.

Le journal était représenté au tribunal par l’ancien ministre et ancien député, Boutros Harb, ainsi que par Alexandre Najjar. La séance, qui a duré environ deux heures, était particulièrement tendue, en raison de joutes verbales entre Me Harb et le procureur général Zaher Hamadé, après que Me Harb eut critiqué dans sa plaidoirie le parti chiite. Signe que le procès va au-delà de la liberté d’expression et vient cristalliser les tensions politiques entre le 14 et le 8 Mars. « Tout le monde sait que les armes illégales que possède le Hezbollah sont un sujet de discorde », a lancé Me Harb. « Certains Libanais refusent la détention d’armes en dehors de l’institution militaire légale et appellent à la mise en place d’une stratégie de défense nationale », a-t-il ajouté. Le juge Hamadé lui a alors coupé la parole, estimant que le procès ne se prêtait pas à la critique d’un parti politique particulier. M. Hamadé a en outre appelé les journalistes à faire preuve, de manière générale, d’objectivité.

« Ce procès va au-delà du verdict qui pourrait en découler à l’encontre de MM. Charbel et Berberi, a poursuivi Me Harb. Il s’agit d’une cause qui concerne tout un système politique et son identité. Il s’agit du devenir de notre système politique démocratique et de la manière de le préserver », a expliqué l’avocat dans sa plaidoirie, estimant que cette affaire était éminemment politique. Le verdict devrait être annoncé le 21 novembre prochain.

Parmi les personnalités politiques qui ont assisté au procès, les députés Nadim Gemayel et Élias Hankache (Kataëb), ainsi qu’une délégation des Forces libanaises représentées par la ministre d’État pour le Développement administratif May Chidiac, le ministre des Affaires sociales Richard Kouyoumjian, et les députés Imad Wakim, Pierre Bou Assi et Georges Okaïs. La députée de Beyrouth Paula Yacoubian était également présente.



(Lire aussi : Liberté d’expression : La répression est l’arme des faibles, lance Mecattaf)



« Ils veulent un État policier, mais nous ferons face »
L’ouverture du procès a été précédée d’un sit-in devant le Palais de justice de Beyrouth, auquel ont participé les personnalités politiques susmentionnées. De nombreux activistes et personnalités médiatiques étaient également de la partie, aux côtés des employés du quotidien.

Interrogé par L’Orient-Le Jour peu avant le début du procès, Béchara Charbel s’est dit déterminé à continuer à s’exprimer librement. « Nous insistons sur la défense de notre liberté et de notre opinion. Ils veulent mettre en place un État policier, mais nous ferons face. Rustom ne reviendra pas », a-t-il lancé, en référence à Rustom Ghazalé, ancien chef du renseignement militaire syrien au Liban.

« Les Libanais de tous bords doivent être solidaires de notre cause, a pour sa part estimé Michel Mecattaf, propriétaire du quotidien. Quand on touche aux libertés, on ne touche pas à un groupe particulier mais à tous les Libanais. La liberté d’expression et de la presse sont sacrées dans ce pays », a-t-il indiqué à L’Orient-Le Jour. « Au lieu de perdre son temps à nous convoquer, l’État devrait nous féliciter, car nous sommes en train de défendre la présidence de la République. Ils devraient plutôt se pencher sur les sujets économiques, politiques et de développement car le pays est au bord de l’effondrement », a ajouté M. Mecattaf.

Nadim Gemayel s’en est pris, quant à lui, violemment au parti chiite. « Lorsque Hassan Nasrallah déclare quelque chose et que la presse reprend ses paroles en manchette, celui qu’il faudrait arrêter, c’est Nasrallah et pas les journalistes. Hassan Nasrallah a clairement indiqué que nous vivons dans un État qui est sous influence directe des régimes iranien et syrien », a-t-il déclaré à L’OLJ.

Pierre Bou Assi a pour sa part assuré que les FL continueront à se battre pour la liberté d’expression. « La presse sera libre ou ne sera pas. Il n’y a pas de demi-mesures dans ce domaine. Le journaliste s’exprime selon ses convictions et il exprime l’opinion du peuple. Ce qui se passe aujourd’hui est dangereux, car nous vivons dans une région où les gens sacrifient leur vie pour obtenir le droit de s’exprimer », a lancé le député de Baabda.

Même son de cloche du côté de l’analyste politique Samy Nader, qui estime que « les médias font aujourd’hui le contrepoids d’une opposition quasi inexistante ». « Le Liban fait face à une grave crise socio-économique et si on entrave la liberté d’expression, c’est la confiance qu’on peut encore avoir dans ce pays que l’on ébranle. En l’absence d’une opposition forte et à cause de la présence d’un gouvernement d’union nationale, aucune autre opinion (que l’officielle) n’est exprimée. C’est dans les médias que l’on peut retrouver des opinions contraires, des médias qui font donc contrepoids », a-t-il déclaré à L’OLJ.



Pour mémoire

Les responsables de « Nidaa el-Watan » déférés devant le tribunal des imprimés

Sit-in de solidarité avec le quotidien « Nidaa el-Watan »


L’affluence était forte, hier, au tribunal des imprimés, à l’ouverture du procès du rédacteur en chef du quotidien Nidaa el-Watan, Béchara Charbel, et de son directeur responsable, Georges Berberi, tous deux accusés d’avoir porté atteinte au président de la République, Michel Aoun. Des dizaines de personnalités politiques du 14 Mars, des journalistes et des activistes ont...

commentaires (2)

TOUS DEVRAIENT EN ETRE SOLIDAIRES ET NON UNIQUEMENT LE 14 MARS.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 28, le 11 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • TOUS DEVRAIENT EN ETRE SOLIDAIRES ET NON UNIQUEMENT LE 14 MARS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 28, le 11 octobre 2019

  • Le procés en sorcellerie des braves qui défendent le Liban, ses valeurs et sa dignité.

    Christine KHALIL

    07 h 38, le 11 octobre 2019

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