L’ancien député Boutros Harb a condamné hier la décision du procureur général près la cour d’appel de Beyrouth, Ziad Abou Haïdar, de déférer devant le tribunal des imprimés le rédacteur en chef du quotidien Nidaa el-Watan, Béchara Charbel, et son directeur responsable, Georges Berberi, pour une manchette caustique qui a été considérée par la justice comme portant atteinte à la dignité du président de la République et d’un chef d’État étranger. Pour M. Harb, les journalistes n’ont commis aucune faute et n’ont fait qu’exercer des droits que leur reconnaît la Constitution. Il est reproché aux deux journalistes d’avoir, dans l’édition du 12 septembre, écrit en manchette : « Nouveaux ambassadeurs à Baabda : bienvenue dans la République de Khamenei », dans une critique des empiétements du Hezbollah sur la souveraineté et la sécurité nationale et de la passivité du pouvoir qui le laisse faire, sans réagir.
La manchette se référait clairement au secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait, dans un discours prononcé le 9 septembre, proclamé son allégeance à l’ayatollah Ali Khamenei, guide de la République islamique d’Iran et affirmé clairement qu’il attaquerait Israël, si une guerre était déclenchée contre l’Iran.
Une manchette qui reflète l’opinion publique
En sa qualité d’avocat de Nidaa el-Watan, M. Harb a considéré que la manchette du journal « reflète l’opinion d’une large tranche de Libanais qui refusent que les prérogatives du chef de l’État et celles du Conseil des ministres soient confisquées par le chef d’un parti qui se permet ainsi de prendre des décisions graves engageant l’état de guerre et de paix du pays ». Il s’agit, selon lui, « d’atteintes à la souveraineté, aux prérogatives de l’État et aux institutions ».
Mettant en doute l’indépendance de la justice, M. Harb a affirmé : « Si le parquet s’est vu contraint de prendre cette décision conformément aux orientations de l’autorité politique, il en ressort qu’il porte ainsi atteinte aux principes de base de notre régime démocratique, ainsi qu’à la liberté d’expression et à la liberté de critiquer l’autorité politique. C’est là chercher à bâillonner l’opposition (…) en contravention grave avec les dispositions de l’alinéa du Préambule qui dit exactement : “Le Liban est une République démocratique parlementaire qui repose sur le respect des libertés publiques, à commencer par la liberté d’opinion et de croyance“. »
À ces libertés, a ajouté en substance M. Harb, s’ajoutent celles de la parole, de l’écrit, de l’imprimé et de réunion. Et de conclure en affirmant qu’en s’écartant de ses devoirs de respect des libertés, l’autorité s’engage sur la voie « des pratiques généralement suivies par les régimes totalitaires et dictatoriaux ».
Kossayfi désavoué
Par ailleurs, le président de l’ordre des rédacteurs, Joseph Kossayfi, a été désavoué hier par le rédacteur en chef de Nidaa el-Watan. Ce dernier a dénoncé un communiqué dans lequel M. Kossayfi s’est félicité que le quotidien ait été déféré devant le tribunal des imprimés. Ce communiqué reflète exclusivement l’avis de M. Kossayfi, et n’émane pas du conseil de l’ordre, qui ne s’est pas réuni, a fait valoir à L’OLJ M. Charbel.
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REVELER LA VERITE INDENIABLE DECLAREE AVEC TAMBOURS ET TROMPETTES PAR LA MILICE ETRANGERE EST UN ACTE DE PATRIOTISME A RESPECTER ET NON A CONDAMNER.
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 08, le 21 septembre 2019