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Liban - Événement

« Égaux en citoyenneté dans la diversité », thème du congrès organisé par la « Rencontre levantine »

Qui se souvient de la fameuse « cellule du samedi » ? Cette équipe de sept personnes qui se réunissait tous les samedis à Rabieh, au domicile du chef du bloc du Changement et de la Réforme (devenu aujourd’hui bloc du Liban fort) ? Devenue, en juin 2017, « La Rencontre levantine », elle organise un congrès international sur le dialogue et la diversité qui réunira des personnalités politiques et religieuses, et s’ouvrira lundi par un discours du chef de l’État, Michel Aoun.

Le secrétaire général de cette rencontre, Habib Ephrem, raconte à L’OLJ que, depuis le début, cette cellule – formée de Élie Ferzli (devenu vice-président de la Chambre), Gebran Bassil (ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, principale composante du bloc Liban fort), Salim Jreissati (ministre d’État pour les Affaires présidentielles), Abdallah Abou Habib (ancien ambassadeur du Liban aux États-Unis), Karim Pakradouni (ancien ministre), Jean Aziz (ancien conseiller présidentiel) et lui-même – n’était pas destinée à s’occuper des questions internes et de la petite politique. Elle a été créée pour discuter de stratégie et s’articule autour d’une grande idée : la promotion du modèle libanais et par là même l’importance du rôle des chrétiens dans la spécificité libanaise.

Selon Habib Ephrem, l’idée d’organiser un congrès sur le thème du dialogue et du respect de la diversité était dans l’air depuis le début, lorsque la cellule a décidé de devenir une institution, en se faisant enregistrer en tant qu’association sous le nom de « La Rencontre levantine ». Mais le fait que trois de ses membres aient désormais des fonctions officielles et des postes de responsabilité a retardé le processus.

Après des mois de préparatifs, c’est à partir de lundi que doit se tenir le congrès dans le cadre duquel des représentants de la plupart des communautés de la région pourront s’exprimer, dans une totale ouverture d’esprit.Après le discours du chef de l’État, quatre séances sont prévues qui seront consacrées aux axes suivants : « La diversité et la pluralité ethnique, religieuse et confessionnelle au Machrek » ; « La protection de la diversité est une responsabilité internationale » ; « Ensemble pour faire face au terrorisme, à l’extrémisme et à l’élimination » ; « Le rôle du Liban en tant que patrie message, un message de dialogue, de coexistence, d’égalité et de citoyenneté ». À la question de savoir si ce congrès ressemble à celui qui doit se tenir bientôt à Paris sur le thème des « Chrétiens arabes », organisé par le comité de Saydet el-Jabal présidé par l’ancien député Farès Souhaid, Habib Ephrem répond que la comparaison n’a pas lieu d’être. D’abord, ce congrès est en gestation depuis des mois et de plus, dit-il, le congrès est ouvert à tous, « ce qui compte pour nous, c’est de préserver le tissu de diversité qui fait de cette région une zone aussi riche sur le plan culturel et spirituel ». Pour « La Rencontre levantine », les chrétiens ont un rôle primordial dans la construction de ce tissu particulier et, depuis des décennies, ont le sentiment d’être les victimes des courants extrémistes. Ils ont été affaiblis en Palestine, mais aussi en Irak et en Syrie. « Au Liban, ils souffraient du fameux malaise et lorsque nous discutions, les samedis matin à Rabieh, raconte Ephrem, nous nous demandions comment faire pour les ramener au sein de l’État et leur redonner confiance dans un avenir dans la région. Le premier pas de ce processus a été accompli à travers l’élection de Michel Aoun à la présidence de la République et le second a eu lieu à travers la nouvelle loi électorale, inspirée du projet dit orthodoxe, qui a, en fait, introduit le principe de la proportionnelle dans le mode de scrutin, pour assurer une meilleure représentativité. »

Le droit d’être différents

Selon Habib Ephrem, même si le congrès se préparait depuis des mois, le vote de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur de la création de l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue a été, pour les organisateurs, un appui imprévu et leur a permis de donner une nouvelle dimension à leur travail. Ephrem et ses compagnons ont participé à plusieurs congrès sur le dialogue, organisés dans le monde, aux États-Unis et en Russie notamment. À chaque fois, ils étaient encore plus convaincus de la nécessité d’en tenir un au Liban qui est finalement le pays du monde qui concrétise le mieux ces valeurs. En effet, le Liban est le seul pays du monde où les différentes communautés participent à la décision politique, en plus d’être un modèle particulier de coexistence et un pays où les libertés sont consacrées par la Constitution. « Pour nous, dit Habib Ephrem, la liberté est sacrée et le principe que nous défendons est celui de l’égalité. C’est-à-dire que, aussi différents que nous soyons, nous avons le droit d’être présents et d’être égaux dans la citoyenneté. »

Il ne s’agit donc pas, comme certains le leur reprochent, de prôner « l’alliance des minorités ». « Nous pensons, précise Habib Ephrem, que chacun a le droit d’être fier de son identité, indépendamment de la taille de sa communauté. De plus, les minorités et les majorités changent selon les pays. C’est pourquoi nous pensons qu’on ne peut pas retenir le critère du nombre. Notre objectif est de lancer une nouvelle culture, celle du droit d’être différents, tout en restant égaux. Pour nous, c’est cela la grande particularité du Liban et son apport en particulier au monde arabe, qui a besoin de renforcer sa cohésion. »

C’est ainsi que des groupes qui n’ont jamais eu l’occasion de s’exprimer ont été conviés à ce congrès, comme les Bahaïs (Iran), les Kakaïs (communauté kurde hétérodoxe en Irak), ainsi que des délégations venues d’Indonésie, du Pakistan, d’Égypte, d’Allemagne, de Belgique et bien sûr du Vatican. Près de 300 personnalités participeront donc à ce congrès dont plus de 120 venues de l’étranger.

Habib Ephrem martèle que « La Rencontre levantine » n’a pas une identité politique et ne s’inscrit dans aucun axe régional ou international. « Nous avons vu comment les États-Unis ont placé le Liban sous tutelle syrienne en 1990 et plus récemment comment ils ont pratiquement lâché les Kurdes en Syrie. Nous ne voulons pas de leur protection, ni de celle des Russes d’ailleurs, ni de celle d’aucun pays de la région. Notre force réside dans notre diversité et c’est elle qui nous protège. »

Selon lui, « La Rencontre levantine » part de principes sur lesquels il n’est pas question de faire des compromis : le refus de l’implantation palestinienne, le refus d’une présence des déplacés syriens au Liban sur le long terme, la condamnation des ambitions israéliennes au Liban et le refus du « deal du siècle » (l’accord de paix que prépare l’administration américaine pour régler le conflit israélo-palestinien). Tout le reste peut être discuté. Il précise enfin que le financement du congrès vient de dons internes.

Lorsque, enfin, on lui fait remarquer que vus de près, les Libanais ne sont pas forcément des modèles de tolérance et de citoyenneté, Habib Ephrem répond : « C’est justement pour cela que nous voulons agir, pour que les Libanais recommencent à croire en leur destin si particulier. »


Qui se souvient de la fameuse « cellule du samedi » ? Cette équipe de sept personnes qui se réunissait tous les samedis à Rabieh, au domicile du chef du bloc du Changement et de la Réforme (devenu aujourd’hui bloc du Liban fort) ? Devenue, en juin 2017, « La Rencontre levantine », elle organise un congrès international sur le dialogue et la diversité qui réunira...

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