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France : le Premier ministre dresse un bilan critique de la politique migratoire


Le Premier ministre Edouard Philippe à l'Assemblée nationale, à Paris, le 7 octobre 2019. REUTERS/Benoit Tessier

Le Premier ministre Edouard Philippe a dressé lundi un bilan critique de la politique migratoire française, "qui n'a pas atteint tous ses objectifs", en ouverture d'un débat sensible à l'Assemblée voulu par le président Emmanuel Macron mais qui divise jusque dans la majorité.

Revendiquant "une politique sans coup de menton ni naïveté", Edouard Philippe a donné le coup d'envoi de ce débat sans vote.

Un an après la promulgation de la loi asile-immigration-intégration, le Premier ministre a souligné l'augmentation de 22% entre 2017 et 2018 du nombre de demandes d'asile. "Le système français d'asile est aujourd'hui saturé", a-t-il déploré.

Avec 123.000 demandeurs en 2018 (+22%), la France est un des rares pays européens où les chiffres progressent. L'importance des demandes venant de pays "sûrs" comme l'Albanie et la Géorgie inquiète particulièrement les autorités.

Le Premier ministre a présenté six axes de travail, dont une réflexion sur les prestations sociales accordées aux demandeurs d'asile. "La France (...) ne doit être ni plus, ni moins attractive que ses voisins", a plaidé Edouard Philippe en appelant à "regarder les choses en face, sans tabou, sans rien renier de nos principes", notamment sur les conditions d'accès aux soins.

"Je n'ai pas peur de réfléchir à l'idée de quotas" en matière d'immigration économique, a aussi lancé le chef du gouvernement, qui a aussi dénoncé ce qu'il a qualifié de "fausses solutions", comme "l'+immigration zéro+, dont on sait qu'elle n'a jamais existé dans le passé et qu'on imagine encore moins dans un monde ouvert et hyper-connecté".

Les récents propos controversés du polémiste Eric Zemmour, assimilant les immigrés musulmans à des "colonisateurs", ont montré l'inflammabilité du sujet. La justice a ouvert une enquête pour "provocation à la haine", mais des députés de droite ont défendu sa "liberté d'expression".

Les immigrés représentent 9,7% de la population vivant en France, contre 5% en 1946, selon l'institut national des statistiques.

Répondant aux "inquiétudes" des Français, M. Philippe s'est dit aussi "prêt" à ouvrir un débat sur "les dérives communautaires", en indiquant qu'il ne liait pas le sujet à celui de la politique migratoire.


"Danger islamiste"

Dès avant le coup d'envoi des échanges, la chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, a fait le lien entre la tuerie de la préfecture de Paris, perpétrée par un musulman français radicalisé, et une "immigration anarchique" qui a laissé se développer le "fondamentalisme islamiste".

L'assaillant "était un Français, né en France, mais il a été converti (...). La quasi intégralité des imams salafistes ou islamistes dans notre pays (...) est étrangère", a-t-elle affirmé, alors que la France est en proie depuis 2015 à une vague d'attentats islamistes sans précédent qui a fait 251 morts.

Le "danger islamiste" est "un danger mortel que le gouvernement aggrave chaque jour davantage avec sa politique insensée d'immigration", selon Marine Le Pen, qui réclame un "moratoire" sur l'immigration.

Depuis plusieurs mois, M. Macron insiste sur ce thème de l'immigration, persuadé que la présidentielle de 2022 se jouera en partie sur ce thème et qu'il se retrouvera à nouveau face à Marine Le Pen.

Dans la majorité, la mise en avant du thème de l'immigration, qui avait déjà divisé lors du vote de la loi Asile et immigration en 2018, a fait grincer une partie de l'aile gauche, même si M. Macron se veut le défenseur autoproclamé d'un équilibre entre "humanité" et "efficacité".

"La France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien", avait-il assuré fin septembre, tout en prônant un changement de la politique actuelle de l'immigration, en Europe comme en France, qu'il juge "inefficace et inhumaine".

Au 31 décembre 2018, le ministère de l'Intérieur recensait 3.231.823 étrangers en situation régulière sur le territoire français, correspondant au nombre de titres de séjour valides à cette date.

Le Premier ministre Edouard Philippe a dressé lundi un bilan critique de la politique migratoire française, "qui n'a pas atteint tous ses objectifs", en ouverture d'un débat sensible à l'Assemblée voulu par le président Emmanuel Macron mais qui divise jusque dans la majorité.Revendiquant "une politique sans coup de menton ni naïveté", Edouard Philippe a donné le coup d'envoi de ce...