Rechercher
Rechercher

Culture - Spectacle

Peter Keuchguerian, content d’être mécontent

Deux ans après avoir présenté son premier stand up, l’humoriste revient « Insatisfait » au théâtre Gemmayzé.

Peter Keuchguerian sur la scène du théâtre Gemmayzé dans « Insatisfait ». Photo Tamara Geadah

La salle du théâtre Gemmayzé est comble. Sur une scène étroite, intimiste, un tabouret haut et un micro. Au fond, un panneau noir où s’esquissent en néon bleu les contours d’un visage. On devinera qu’il s’agit de celui de Peter Keuchguerian, stand up comédien de 24 ans. À peine apparaît-il sur les planches, que les applaudissements retentissent. Une heure plus tard, le public sort de la salle, un sourire greffé au visage. « J’ai tellement ri que j’ai mal aux joues », s’exclame Marie, la vingtaine.

Peter Keuchguerian présente en français Insatisfait, son deuxième spectacle, plus personnel que le précédent, et dont « le cheminement a été laborieux », avoue-t-il à L’Orient-Le Jour. « Le premier stand up, je l’ai écrit plus facilement, j’y observais juste ce qui se passait dans ma vie. Pour le second, je n’avais plus rien à raconter de nouveau, j’ai dû explorer les tréfonds de mes cellules grises, le résultat est donc plus intello », explique-t-il, mi-figue, mi-raisin, à l’issue de sa performance. « J’ai procédé par addition, j’avais toute une série de sketchs dont il a fallu trouver le fil conducteur. »

Le fil ? C’est son insatisfaction permanente, pour tout, tout le temps. Ce trait de personnalité le « caractérise », dit-il avec bonhomie, et il précise aussitôt : « De mon point de vue, il y a tout le temps quelque chose qui ne va pas. » Si les sujets abordés sont « classiques », certains ayant même été usés (et abusés) par nombre d’humoristes (la famille, les réseaux sociaux …), l’angle choisi par Keuchguerian reste quelque part novateur. Il jongle adroitement avec ses différentes histoires, pour offrir un récit fluide, rythmé, à la manière d’une nouvelle. Tout s’enchaîne naturellement, et comme le remarquent deux spectateurs à l’œil aiguisé, Nagy et Josyane : « C’était bien ficelé, ses transitions sont bien faites. » Les deux sexagénaires ajoutent : « On voit bien qu’il aime Gad Elmaleh. »

Effectivement, on retrouve souvent dans Insatisfait des éléments de langage ou des intonations caractéristiques de l’humoriste franco-marocain. Peter Keuchguerian l’évoque comme un modèle, comme le « premier » qui l’a inspiré.

Bien qu’il frôle parfois le cliché, notamment dans les sketchs parlant des filles, il s’applique à mettre en lumière des réalités, et reste dans le vécu, dans ce vrai à l’effet miroir renvoyant le spectateur à ses propres absurdités.

« Peter Keuchguerian fait partie de ces chanceux qui ont une certaine présence », affirme Josyane, qui ajoute : « Une présence sur scène autant que de la présence d’esprit. » Sur les planches, il occupe l’espace et possède la gestuelle du métier : il grimace, imite, bondit et se jette au sol. Il n’hésite pas à interagir avec le public, et comme un habitué du spectacle vivant, il répond du tac au tac, sans perdre ses moyens. Une aisance acquise par sa seule assiduité : « Je fais des voyages, je vois beaucoup de spectacles de stand up, je lis, je m’informe », raconte-il. Aujourd’hui diplômé d’architecture, il avoue rencontrer des difficultés pour concilier ses deux activités – l’architecture et la scène – et confie : « Si l’une des deux fusées décolle plus vite que l’autre, je la prends. »

L’ambition du jeune homme dépasse déjà les frontières du Liban, il rêve notamment de se produire en France. Avec un sourire malicieux, il précise : « Pour voir mon nom écrit en lettres rouge sur la façade de l’Olympia. »

La voie de Peter Keuchguerian semble éminemment tracée. Il ne lui reste plus qu’à affirmer un style propre à lui, afin de se singulariser des professionnels de ce métier très concurrentiel.


Pour mémoire
Peter Keuchguerian : Je me mets en danger, je n’ai aucun problème à me moquer de moi

La salle du théâtre Gemmayzé est comble. Sur une scène étroite, intimiste, un tabouret haut et un micro. Au fond, un panneau noir où s’esquissent en néon bleu les contours d’un visage. On devinera qu’il s’agit de celui de Peter Keuchguerian, stand up comédien de 24 ans. À peine apparaît-il sur les planches, que les applaudissements retentissent. Une heure plus tard, le public...

commentaires (1)

J'observe avec satisfaction l'humour francophone à travers cette belle jeunesse libanaise. Du bonheur.

Sarkis Serge Tateossian

00 h 57, le 02 octobre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • J'observe avec satisfaction l'humour francophone à travers cette belle jeunesse libanaise. Du bonheur.

    Sarkis Serge Tateossian

    00 h 57, le 02 octobre 2019

Retour en haut