Deux journalistes turcs de l'agence américaine Bloomberg accusés d'avoir tenté de saboter l'économie turque après un article sur l'effondrement de la livre ont comparu vendredi devant un tribunal d'Istanbul. Les deux journalistes font partie de dizaines de prévenus jugés dans le cadre d'un même procès, dont certains sont poursuivis pour avoir simplement posté des plaisanteries sur la situation économique.
Les deux journalistes de Bloomberg, Kerim Karakaya et Fercan Yalinkilic, sont accusés d'avoir tenté de "porter atteinte à la stabilité économique de la Turquie", à la suite d'une plainte déposée par l'Agence de régulation et de surveillance du secteur bancaire (BDDK).
L'article incriminé avait été publié en août 2018, au moment où la livre turque s'effondrait face au dollar américain en pleine crise diplomatique avec les Etats-Unis.
Un procureur turc a requis en juin jusqu'à cinq ans de prison contre les deux journalistes
"Je n'arrive pas à comprendre pourquoi notre article a suscité une telle réaction", a déclaré M. Karakaya devant le tribunal, selon une journaliste de l'AFP sur place.
D'autres prévenus se sont dits stupéfaits d'avoir été poursuivis pour des commentaires postés sur les réseaux sociaux.
Le représentant en Turquie de Reporters sans frontières(RSF), Erol Onderoglu, présent à l'audience, a estime que ce procès "illustre une nouvelle tendance préoccupante qui vise la couverture des affaires économiques".
Le juge a rejeté les demandes d'acquittement présentées par les avocats et ajourné le procès au 17 janvier 2020.
En avril, le président Recep Tayyip Erdogan avait vivement critiqué les médias occidentaux, qu'il accuse de gonfler les difficultés économiques de la Turquie, ciblant notamment le Financial Times pour un article sur la Banque centrale turque.
L'économie turque traverse une période particulièrement difficile, ayant connu cette année sa première récession en 10 ans, avec une inflation de 20% et la chute de la livre turque qui a perdu près du tiers de sa valeur face au dollar l'an dernier. En juillet le groupe de réflexion SETA, proche du pouvoir, a publié un rapport citant les noms de certains journalistes turcs travaillant pour des médias étranger en les accusant d'employer "un langage anti-gouvernemental".
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