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L'armée nigériane ferme des bureaux de l'ONG Action contre la faim dans le Nord-Est

Photo d'archives AFP

L'armée nigériane a fermé des locaux de l'ONG française Action contre la faim (ACF), dans le nord-est du pays, foyer de l'insurrection jihadiste de Boko Haram, dans un nouvel acte de défiance de l'armée envers les humanitaires.

Sans préavis et sans donner de raison, deux camions de l'armée sont arrivés mercredi soir pour fermer les bureaux d'ACF dans la grande ville de Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno.
"Ils ont demandé à tout le monde d'évacuer les bureaux, disant que c'était un ordre d'en haut", a expliqué un employé de l'ONG sous couvert de l'anonymat. 
Un journaliste de l'AFP présent sur place a confirmé jeudi après-midi qu'un véhicule Hilux de l'armée était toujours stationné devant les locaux avec "plusieurs soldats à son bord et sur la voie".
Jeudi après-midi, vers 16H45 (15H45 GMT), deux véhicules blindés sont arrivés dans la ville de Damaturu (Etat de Yobé, nord-est), pour fermer les locaux d'ACF. "Ils ont demandé au personnel de partir et personne n'a eu le droit d'emporter quoi que ce soit avec lui", a fait savoir un employé du bureau de Damaturu à l'AFP. 
"Nous ne comprenons pas ce qui se passe. Même ceux qui vivent sur place ont dû partir", a dit l'un de ses collègues, soulignant qu'ils avaient même dû laisser les véhicules de l'ONG sur place.

En juillet dernier, six employés d'ACF, dont des contractuels, avaient été enlevés par l'ISWAP, la branche de Boko Haram affiliée au Groupe Etat islamique, alors qu'ils rentraient à leur base de Damaturu.  Le directeur-pays d'ACF, Shashwat Saraf, a confirmé la fermeture de ses bureaux dans une interview donnée à un titre de la presse locale.  "Nous sommes très surpris", a-t-il dit. "Pour l'instant, nous n'avons toujours aucune information", a souligné M. Saraf. 


'Décision soudaine, sans explication" 
ACF a fait savoir peu après dans un communiqué que l'ONG ne "ferait aucun commentaire pour le moment" sur cette "décision soudaine et prise sans aucune explication". 
Elle "compromet l'aide apportée par Action contre la faim aux plus vulnérables de l'Etat du Borno et force à suspendre immédiatement ses programmes touchant plusieurs millions de personnes", regrette ACF. 

L'armée nigériane, qui a tenu une conférence de presse jeudi après-midi à Maiduguri sur la situation dans le Nord-Est, n'a fait aucun commentaire et n'était pas joignable par l'AFP. 
Les relations entre l'armée nigériane et les ONG dans le nord-est du Nigeria ont toujours été très tendues. 
En août 2017, des soldats avaient menés une fouille jugée "illégale" dans un camp des Nations unies de Maiduguri, et les bureaux à Abuja d'Amnesty International, ONG de défense des droits humains, qui dénonce les exactions des forces de sécurité nigérianes, sont régulièrement visés. 
Relevant un "sentiment d'impunité" au sein de l'armée nigériane, Yan St-Pierre, consultant en contre-terrorisme pour MOSECON (Modern Security Consulting Group) rappelle que "ce n'est pas une tactique nouvelle". 
"L'armée nigériane nous a habitués à agir de manière totalement imprévisible. Mais la violence de cette fermeture détonne toutefois un peu avec les autres actions", souligne l'expert. 
Une source humanitaire basée dans la région a confié à l'AFP que ces fermetures soudaines devaient être liées avec les négociations menées pour libérer les otages, toujours entre les mains de l'ISWAP. 
"L'armée peut croire que ACF ne révèle pas tout, ou les autorités soupçonnent une taupe au sein de l'ONG", estime Yan St Pierre, spécialiste du conflit. 

En 10 ans, l'insurrection jihadiste et sa répression dans le nord-est du Nigeria ont fait plus de 27.000 morts. 
L'ONU estime que près de deux millions de personnes déplacées par ce conflit ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers et, près du double dépendent toujours de l'aide humanitaire pour survivre dans la région du lac Tchad, malgré les déclarations constantes des autorités affirmant que l'insurrection est "techniquement vaincue".

L'armée nigériane a fermé des locaux de l'ONG française Action contre la faim (ACF), dans le nord-est du pays, foyer de l'insurrection jihadiste de Boko Haram, dans un nouvel acte de défiance de l'armée envers les humanitaires.Sans préavis et sans donner de raison, deux camions de l'armée sont arrivés mercredi soir pour fermer les bureaux d'ACF dans la grande ville de Maiduguri, la...