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Liban - Crise de l’école privée

La MLF annonce un « climat d’apaisement général » en cette rentrée scolaire

Malgré le gel des majorations d’écolages pour deux années consécutives, les cinq lycées de la Mission laïque française ont perdu 350 élèves depuis l’adoption de la loi 46 sur l’échelle des salaires.

Pendant la conférence de presse : Véronique Aulagnon, Jean-Christophe Deberre et Éric Krop. Hassan Assal/an-Nahar

La rentrée scolaire du réseau de la Mission laïque française au Liban était l’occasion hier pour le directeur général de la MLF, Jean-Christophe Deberre, de faire le point sur la crise qui a secoué l’institution depuis l’adoption de la loi 46 sur l’échelle des salaires, en août 2017. Il a annoncé « un climat d’apaisement général » dans les cinq établissements de la MLF, le Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, le Lycée franco-libanais Lamartine de Tripoli, le Lycée franco-libanais de Nahr Ibrahim, le Lycée franco-libanais de Verdun et le Lycée franco-libanais de Habbouche à Nabatiyé. Et ce après la signature d’accords avec la plupart des comités de parents d’élèves pour « l’abandon des contentieux ouverts ».

La MLF avait décidé d’appliquer intégralement la loi qui accordait des augmentations de salaires et six échelons exceptionnels aux enseignants du secteur privé, au même titre que les fonctionnaires. Une décision qui ne pouvait qu’entraîner des majorations des frais de scolarité, poussant les comités de parents d’élèves à contester ces augmentations auprès des juges des référés.


Les parents et les contentieux en justice
Lors d’une conférence de presse au Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth, qui a clôturé un séminaire de deux jours, M. Deberre est donc revenu sur l’affaire qui a secoué l’enseignement français au Liban. « Durant ces deux dernières années, la vie scolaire n’a pas été de tout repos », avoue le DG. Il a fallu « prendre des décisions difficiles, les piloter et les faire comprendre ». La MLF a ainsi pris la décision « de geler les majorations d’écolages pour les deux années scolaires 2018-2019 et 2019-2020 », à la condition que les comités de parents d’élèves « abandonnent les contentieux » et « acceptent de signer les budgets scolaires présentés par les administrations d’établissement ». Ce qui équivaut à « une subvention de 2,2 millions d’euros » au réseau des cinq lycées MLF du Liban.

Face aux doutes émis par nombre de parents d’élèves sur « le manque de transparence » des budgets scolaires, l’institution a également « diligenté un audit sur l’ensemble des budgets des établissements, par un cabinet indépendant agréé par le ministère des Finances, qui a conclu à une gestion en conformité totale avec les dispositions de la loi 515 ».

Résultat, et au terme de pourparlers et d’accords avec les comités de parents, « tout contentieux en justice s’est éteint au Lycée Lamartine de Tripoli », affirme le responsable. Il en est de même « au Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth » et au « Lycée Habbouche de Nabatiyé ». Au Lycée Nahr Ibrahim, s’il « n’y a plus de contentieux devant le juge des référés », une procédure est toujours en cours « devant le tribunal arbitral concernant le budget 2017-2018 ». Enfin, au Lycée de Verdun, où les choses sont aussi réglées, Jean-Christophe Deberre rappelle qu’un certain nombre de parents d’élèves « avaient refusé de signer le règlement financier » de ce dernier établissement, condition de la réinscription de leurs enfants. « 49 élèves étaient concernés et aujourd’hui, tous les parents ont signé et les élèves ont été admis », assure-t-il.

L’événement a vu la participation notamment de la conseillère à la coopération et l’action culturelle près l’ambassade de France, Véronique Aulagnon, également directrice de l’Institut français du Liban, et du coordonnateur du réseau Liban MLF et proviseur du Lycée franco-libanais de Verdun, Éric Krop. Il s’est déroulé en présence des proviseurs des établissements de la MLF, mais aussi des conférenciers français Philippe Gaudin, directeur de l’Institut européen en sciences des religions, et Eirick Prairat, professeur de philosophie de l’éducation à l’Université de Lorraine, Nancy.


Une quarantaine de licenciements
La situation est aujourd’hui « à peu près apaisée », annonce Jean-Christophe Deberre. « La MLF a réussi à convaincre les parents d’élèves d’accepter globalement les majorations des frais de scolarité (pour la prochaine année scolaire) proportionnellement aux augmentations de salaires des enseignants », affirme-t-il. La crise a en revanche entraîné des répercussions négatives sur l’institution. La MLF qui comptait 8 330 élèves en 2018-2019 en compte 350 de moins en cette rentrée 2019-2020. Une baisse qui n’affecte ni le GLFL ni le Lycée de Nahr Ibrahim, mais qui est particulièrement marquée au Lycée de Verdun. « En trois ans, il passe de 2 000 à 1 660 élèves. » Il faut dire, précise M. Deberre que l’établissement concerné « souffre d’un déficit d’image lié à ses installations », d’où la décision d’y entreprendre « des travaux de réhabilitation globale pour un montant prévu de 12 millions d’euros ». Cette perte d’élèves a, à son tour, conduit au licenciement d’« une quarantaine de salariés, enseignants à 95 % », souligne de son côté Eric Krop, qui précise que les élèves qui ont fait défection « se sont dirigés vers l’école publique ou vers des établissements privés moins chers ». « Beaucoup de familles souffrent de difficultés économiques », reconnaît M. Deberre.

Il n’en reste pas moins que « la MLF est une association d’utilité publique qui reçoit ses moyens de l’État français via les professeurs et les bourses attribuées aux familles françaises, rappelle Véronique Aulagnon. Le reste de son financement est assuré par les écolages versés par les parents d’élèves ». C’est dans ce cadre que M. Deberre insiste sur la responsabilité des parents d’élèves de s’acquitter des frais de scolarité, sur base d’une « relation contractuelle » avec la direction de l’école. « Autrement, ils sont considérés comme des passagers clandestins », note-t-il. « Car nul ne les oblige à scolariser leurs enfants dans des établissements privés. Et la loi ne nous oblige pas à garder des enfants si les conditions ne sont pas remplies », insiste-t-il, soulignant que « le dialogue avec les parents d’élèves dans ce sens fait l’objet d’efforts considérables des directeurs d’établissement ».

Une question interpelle toutefois. Après deux années de gel des augmentations des frais de scolarité, la MLF devrait présenter des factures majorées, dès l’année prochaine (2020-2021). « Nous avons déjà lancé une réflexion sur la question, conclut Jean-Christophe Deberre. D’un côté, nous préparons le cadrage de la dépense scolaire. De l’autre, nous développons avec les parents d’élèves un dialogue sur la sécurité de l’enfant à l’école, et sur la pédagogie, deux points essentiels qui ont un coût. »



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