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Liban - Société

Après le verdict d’un procès qu’il attendait depuis 10 ans, un homme tente de s’immoler

L’hôpital Jeïtaoui à Beyrouth, dans lequel l’homme qui a tenté hier de s’immoler par le feu est soigné. Facebook/Hôpital libanais Geitaoui – CHU

Nouveau drame dû à la situation économique délétère et à une justice qui traîne les pieds. Un père de famille libanais, également détenteur de la nationalité américaine, a tenté de s’immoler par le feu hier devant le Palais de justice de Beyrouth, « dans un moment de colère contre le système judiciaire », selon ses dires. Cet entrepreneur a accompli son geste désespéré après avoir perdu un procès qui traînait depuis dix ans, et via lequel il espérait récupérer de l’argent que lui devaient ses clients. Le pire a été évité et l’homme, atteint de brûlures aux deuxième et troisième degrés, a été rapidement transporté à l’hôpital. Il reste néanmoins dans une situation de grande fragilité. « Il s’agissait d’un acte désespéré », reconnaît Georges K., la cinquantaine, interrogé par L’Orient-Le Jour, à l’hôpital Jeïtaoui à Beyrouth. Père de deux enfants âgés de 13 et 9 ans, Georges en est arrivé à tenter de mettre fin à ses jours après avoir perdu ce procès qui, espérait-il, l’aurait aidé à redresser sa situation financière. Il a été secouru de justesse mais ses bras sont entièrement brûlés, ainsi qu’une partie de son ventre. Selon les médecins traitants, le malheureux a besoin d’une dizaine de jours de convalescence. Les brûlures au 2e et du 3e degré couvrent 15 % de la surface de son corps.

« J’étais désespéré. Je suis fatigué de ce pays. J’ai passé 10 ans à attendre une décision de justice et quand elle a été rendue, j’ai perdu. Beaucoup de personnes me doivent de l’argent. Je fais face à une injustice », explique cet entrepreneur dans le domaine de la construction. « Aujourd’hui, je veux quitter ce pays, émigrer. La justice ne m’a pas accordé mes droits. Et ma situation financière est difficile », ajoute Georges, qui envisage désormais partir pour les États-Unis et repartir de zéro.

C’est par les médias que la femme de Georges a appris la nouvelle, quand une chaîne de télévision locale a filmé son époux sur son lit d’hôpital et diffusé la nouvelle durant son journal télévisé en journée. « Mon frère a dit à mon épouse que je m’étais brûlé en réparant quelque chose dans ma voiture. C’est la journaliste qui a dit la vérité à mon épouse », confie Georges à L’OLJ. « Je ne veux pas que mes enfants ou mon frère me voient dans cet état », ajoute-t-il, au bord des larmes.

Le geste désespéré de Georges K. n’est pas sans rappeler celui de Georges Zreik, ce père de famille qui s’était donné la mort en février dernier à cause de son incapacité à payer les frais de scolarité de ses enfants. Georges Zreik s’était immolé par le feu dans la cour de l’école de sa fille, le collège grec-orthodoxe Notre-Dame de Bkeftine dans le Koura. Pressé par la direction de l’établissement de régler les frais scolaires qui s’étaient accumulés, il était passé à l’acte pour protester contre le refus de l’administration de l’établissement de lui délivrer une attestation de scolarité tant qu’il n’avait pas réglé la somme qu’il lui devait.


Pour mémoire
Georges Zreik s’immole par le feu devant l’école de sa fille

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