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Nos Lecteurs ont la Parole - par Jihane PAKRADOUNI

Comme une aire de jeux gonflables...

Mon petit garçon, toi qui grandis loin de mes racines, du haut de tes quatre ans tu as attendu, en comptant les jours, les « dodos » qui te séparaient de ton été au Liban. Ces vacances, tu en as tellement rêvé, tellement parlé à l’école que ton meilleur ami, âgé de 4 ans aussi, ne rêve plus que d’une chose : passer ses vacances à Beyrouth !

Au Liban, dis-tu, il y a tout pour les vacances, il y a surtout beaucoup d’aires de jeux gonflables. Tu as bien raison… Au Liban, avant l’arrivée des enfants, tout le monde s’affaire, on prépare, on enjolive, on gonfle d’énormes ballons pour mieux masquer ce qui ne va plus. Tant pis pour l’odeur nauséabonde à la sortie de l’aéroport, un peu d’air frais en montagne te fera du bien ; tant pis pour le bord de mer pollué, les piscines avec toboggan te font rêver ; les embouteillages deviennent l’objet de longues discussions rythmées par tes chansons préférées, faute de parcs on installe un trampoline et des vélos sur la terrasse. Et puis dans le petit paradis qu’on t’a créé sur mesure, où un castelet masque si soigneusement les galères du quotidien, il y a surtout tous ces visages plein d’amour qui veillent au grain pour que tu passes des vacances de rêve… Alors, mon petit garçon, quand tu seras grand, quand tu comprendras l’envers du décor, que tu verras que sous les jeux gonflables il y a du bitume et parfois beaucoup d’amertume, que lorsqu’on range les jeux et les toboggans que la routine d’un quotidien usant et d’un avenir incertain se réinstalle, quand tu comprendras que le Koullouna lel watan que tu chantes si fièrement du haut de tes 4 ans n’est pas l’hymne de ton pays à cause de lois d’un autre temps, ce jour-là, mon petit Libanais de cœur, n’oublie pas ceux qui ont tant sacrifié pour garder un peu de féerie dans ce pays, n’efface pas complètement l’image du Liban de tes quatre ans, le pays « magique » des enfants d’émigrés.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Mon petit garçon, toi qui grandis loin de mes racines, du haut de tes quatre ans tu as attendu, en comptant les jours, les « dodos » qui te séparaient de ton été au Liban. Ces vacances, tu en as tellement rêvé, tellement parlé à l’école que ton meilleur ami, âgé de 4 ans aussi, ne rêve plus que d’une chose : passer ses vacances à Beyrouth ! Au Liban, dis-tu, il y...

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