Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Yémen

Le torchon brûle entre le gouvernement Hadi et les Émirats

Abou Dhabi confirme des raids contre des « milices terroristes ».

Des combattants yéménites inspectent des véhicules calcinés, appartenant aux forces progouvernementales du président Hadi et visés par des raids émiratis, jeudi. Nabil Hasan/AFP

Les Émirats arabes unis et le pouvoir au Yémen ont échangé des accusations au sujet des combats entre séparatistes sudistes et armée à Aden, fragilisant davantage leur alliance contre les rebelles houthis dans le pays en guerre. Les Émirats sont l’un des piliers d’une coalition militaire commandée par l’Arabie saoudite soutenant militairement depuis 2015 le président et le gouvernement du Yémen face aux houthis qui se sont emparés de vastes régions du nord du pays, y compris la capitale Sanaa. Mais, depuis début août, un nouveau front s’est ouvert dans la guerre : des combats ont opposé les forces gouvernementales et les séparatistes voulant l’indépendance de la partie sud du Yémen qui ont pris le contrôle d’Aden (Sud), le pouvoir accusant ouvertement les Émirats d’aider militairement ces séparatistes notamment avec des raids aériens contre ses troupes. Aden est devenue la « capitale provisoire » du pouvoir après que les houthis ont pris Sanaa. Les séparatistes ont dit, jeudi, avoir repris Aden aux loyalistes qui la contrôlaient mercredi. La ville avait été conquise une première fois le 10 août par les séparatistes. Hier, les Émirats ont confirmé avoir mené cette semaine des raids aériens contre des cibles à Aden, mais ont dit avoir visé des « milices terroristes » et agi en « légitime défense ».

Attentats-suicides

La ville a connu hier deux attentats dont l’un a coûté la vie à trois combattants séparatistes. Le deuxième a fait cinq blessés parmi les gardes d’un chef militaire des séparatistes qui en a réchappé. Une des attaques a été revendiquée par le groupe État islamique. Les forces séparatistes ont procédé à plusieurs arrestations à Aden après ces attentats, ont indiqué des sources de sécurité, affirmant vouloir démanteler des « cellules dormantes » de jihadistes. Des habitants ont fait état d’arrestations de militaires loyaux au gouvernement.

« La lutte contre le terrorisme » a été l’une des causes invoquées par les séparatistes pour prendre le contrôle d’Aden. Ils avaient accusé auparavant le gouvernement de complicité dans deux attentats ayant fait 49 morts le 1er août dans leurs rangs.

Dans la narration des récents événements, Abou Dhabi et le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi ont fourni deux versions diamétralement opposées. Les Affaires étrangères émiraties ont indiqué que les forces gouvernementales qui avaient tenté de prendre Aden aux séparatistes comprenaient des « terroristes ». Les raids ont visé des « éléments appartenant à des groupes terroristes qui ont attaqué les forces de la coalition dans l’aéroport d’Aden ». Les Émirats, qui ont une tolérance zéro envers les islamistes, considèrent qu’une partie de l’armée du gouvernement de M. Hadi est formée de militants d’al-Islah, un parti yéménite considéré comme proche des Frères musulmans. Le vice-président yéménite, Ali Mohsen al-Ahmar, est considéré lui-même comme proche de la mouvance islamiste.

La version des faits des Émirats a été confortée par leur allié yéménite, le chef du Conseil de transition du sud (STC – séparatiste), Aidarous al-Zoubaïdi. Lors d’une conférence de presse dans la nuit de jeudi à vendredi à Aden, il a affirmé que ses hommes avaient capturé, parmi les « assaillants » qui ont attaqué la ville, des « terroristes recherchés par la justice internationale », sans autre précision.

Rétablir l’autorité de l’État

En face, le gouvernement de M. Hadi a accusé les Émirats d’avoir planifié, financé et coordonné l’action des séparatistes. « Les milices (séparatistes) rebelles ont attaqué toutes les institutions de l’État et ses positions militaires à Aden avec le soutien, le financement et la planification des Émirats », a dit M. Hadi dans un communiqué publié tard jeudi. Il faisait référence à la première conquête d’Aden par les séparatistes le 10 août.

M. Hadi a ensuite défendu la contre-attaque du pouvoir à Aden mercredi, y voyant une opération destinée à rétablir l’autorité de l’État, avant de déplorer l’intervention de l’aviation des Émirats.

Dans ce contexte, le président yéménite, exilé dans la capitale de l’Arabie saoudite voisine, a appelé le gouvernement saoudien à « intervenir pour arrêter les ingérences flagrantes des Émirats, leur soutien aux milices (séparatistes) et leurs raids aériens contre les forces armées yéménites ».

L’Arabie saoudite, puissance régionale intervenue au Yémen pour faire face à une influence accrue de son rival iranien, perçu comme un allié des houthis, observe pour le moment un silence embarrassé sur les affrontements à Aden. Elle assiste à une dispute sans précédent parmi les membres de la coalition qu’elle conduit : le gouvernement de M. Hadi et les Émirats, un pays considéré comme un proche allié des Saoudiens.

Les autorités saoudiennes ont proposé, au début des violences entre séparatistes et gouvernement, un dialogue entre les deux camps dans la ville saoudienne de Djeddah. Si le STC s’y est dit favorable, le gouvernement Hadi a exigé, pour y participer, un retrait des séparatistes des positions conquises à Aden et ailleurs dans le sud du Yémen.

Le ministre d’État émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash a défendu, hier dans un tweet, un tel dialogue : « C’est une porte de sortie de la crise. »

Source : AFP

Les Émirats arabes unis et le pouvoir au Yémen ont échangé des accusations au sujet des combats entre séparatistes sudistes et armée à Aden, fragilisant davantage leur alliance contre les rebelles houthis dans le pays en guerre. Les Émirats sont l’un des piliers d’une coalition militaire commandée par l’Arabie saoudite soutenant militairement depuis 2015 le président et le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut