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Culture - FESTIVAL

« Nous, la lune et les voisins » de Tripoli, Hammana, Hermel et Saïda

La clôture de la sixième édition du festival aura lieu jeudi 29 août à Saïda. Aurélien Zouki, cofondateur du collectif Kahraba, s’exprime à propos de cet événement de rue multidisciplinaire et gratuit qui sillonne le pays depuis le 16 août en ralliant une cinquantaine d’artistes venus d’Europe, d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient.

Avec le collectif Kahraba, l’art descend dans la rue. Photo DR

Ils étaient le 16 août dernier à Tripoli, le 18 août à Hermel, et du 23 au 25 août à Hammana. Jeudi prochain, les artistes à l’affiche de la 6e édition de « Nehna wel Amar wel Jiran » (Nous, la lune et les voisins) seront au théâtre Ishbilia à Saïda pour la clôture de la tournée libanaise. Si, pour la première fois depuis sa création en 2011, le festival est sorti de Beyrouth, le principe reste toujours le même : proposer diverses formes d’art, dans les espaces publics, accessibles à tous. « Ce festival est une invitation à ce que les gens se rencontrent. C’est aussi une invitation à parcourir ce pays, à raccourcir les distances et contourner l’élitisme », explique Aurélien Zouki, cofondateur du collectif Kahraba, organisateur du festival. Lequel s’est associé cette année à plusieurs organes culturels : l’association March à Tripoli, le Centre Sport et Culture à Hermel et le théâtre Ishbilia à Saïda. « Cela fait déjà presque vingt ans qu’on est partenaires avec le Centre de Hermel. Ishbilia, avant même la réouverture du théâtre l’année dernière, nous demandait de participer au festival. Pareil pour March : nous étions désireux de travailler ensemble depuis quelque temps. À Tripoli, les activités ont suscité un bel enthousiasme, et à Hermel également : le festival a été accueilli par de nombreuses familles, qui ont aidé et drainé du public : à Tripoli, près de 800 personnes y ont assisté, à Hermel, 600 », révèle Zouki.

À 39 ans, cet artiste franco-libanais œuvre avec ferveur pour que l’art et la culture descendent dans la rue, à la rencontre des gens, néophytes ou portés sur l’art. « Quelle que soit l’habitude culturelle des gens, on est tous aptes à être touchés par quelque chose de beau, par de la poésie, à avoir des sensations, à imaginer des choses, à être touchés par une danse, par un acrobate, par une musique. On a tous cette propension. C’est ce qui explique qu’il se passe toujours quelque chose, même pour quelqu’un qui ne comprend pas ces formes de langage ou qui n’y a jamais été exposé. » Mais pour une véritable longévité, il faut que le changement se fasse horizontalement, depuis l’intérieur du corps social, et c’est pourquoi Aurélien Zouki rappelle que le mouvement doit être soutenu par l’initiative spontanée : « On a très à cœur que le festival soit porté par tous : on fait régulièrement des réunions de bénévoles, les habitants des quartiers s’y mettent et participent. Ce fut le cas à Tripoli, à Hermel, et à Hammana par exemple, où les familles et les bénévoles ont beaucoup aidé dans la logistique. »



Pluridisciplinarité et activisme culturel
« Nous, la lune et les voisins » c’est de la danse, du cirque, du théâtre de rue, des concerts, de la réalisation audiovisuelle, des marionnettes, de l’illustration... Cette année, une cinquantaine d’artistes venant de Suisse, de France, d’Espagne, du Japon, d’Uruguay, d’Arménie, de Turquie, d’Égypte, de Syrie, de Palestine, et du Liban auront participé au festival. Depuis les escaliers Vendôme de Mar Mikhael – où le festival se tenait lors des cinq précédentes éditions –, jusqu’à Tripoli et Hermel, comment ces créations contemporaines sont-elles reçues ? « À chaque fois, c’est très particulier au contexte. À Tripoli, c’était la première fois que ce genre de spectacle se déroulait dans le quartier de Mallouleh. À Hermel, il y a une association culturelle très active depuis longtemps : le public avait déjà vu certaines choses, même si certaines formes étaient nouvelles, mais ils étaient déjà plus habitués à se rassembler pour assister à quelque chose d’artistique », précise Aurélien Zouki. À Saïda, jeudi prochain, dans l’immense et superbe salle du théâtre Ishbilia (477 places), sont prévus un théâtre de marionnettes du collectif Kahraba, un conte musical de Valérie Cachard et Chantal Mailhac, de la danse contemporaine avec Cristina Gomez, et un concert de la jeune chanteuse Shaza al-Yaman.

Finalement, avec cette nouvelle dynamique nomade, le festival « Nous, la lune et les voisins » est en train d’œuvrer pour réunir cette mosaïque qu’est le peuple libanais, avec une volonté fédératrice toujours plus nécessaire aujourd’hui, comme le rappelle Aurélien Zouki : « Ce pays est très fragmenté, avec des frontières mentales plus fortes que les frontières physiques et géographiques. Il y a une peur profonde de l’autre, et un communautarisme fort. Mais dès que nous nous retrouvons côte à côte, nous nous rendons compte que malgré les différences, nous appartenons tous à cette même humanité capable de s’émerveiller devant un spectacle et de la poésie. C’est pour cette raison que nous allons à la rencontre des différences et que nous nous y confrontons. Nous ne sommes pas tous pareils, mais il y a quelque chose de très commun : au fond, nous sommes une majorité à désirer l’unité. Il faut dépasser la distance qui existe entre les gens. »

Ils étaient le 16 août dernier à Tripoli, le 18 août à Hermel, et du 23 au 25 août à Hammana. Jeudi prochain, les artistes à l’affiche de la 6e édition de « Nehna wel Amar wel Jiran » (Nous, la lune et les voisins) seront au théâtre Ishbilia à Saïda pour la clôture de la tournée libanaise. Si, pour la première fois depuis sa création en 2011, le festival est sorti...

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