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Culture - Levée de fonds

Le cinéma Metropolis lance un S.O.S.

L’unique salle libanaise d’art et d’essai a lancé il y a quelques jours sa première campagne de levée de fonds. Pour cela, un ciné-concert autour du film allemand culte des années 20 « Variety » réalisé par Ewald Andre Dupont est organisé* et une plateforme de donations en ligne a été mise en place, dans l’espoir d’assurer la pérennité du lieu. Au-delà de l’événement en soi, c’est toute la culture du cinéma indépendant libanais et arabe qui est en péril.

Le Metropolis Empire Sofil fait souvent salle comble.

Depuis que The Metropolis Cinema Art Association a lancé la semaine dernière sur ses pages de réseaux sociaux un appel à lever des fonds, la communauté audiovisuelle fan de cinéma d’auteur est en ébullition. L’association qui se bat pour la préservation et la diffusion d’un cinéma libanais et arabe indépendant depuis déjà 13 ans n’a jamais cru qu’elle devrait un jour faire appel à la bienveillance de son public et de ses réseaux de mécénat. « C’est un espace dynamique qui a toujours pu compter sur le soutien inconditionnel du public », souligne Hania Mroué, directrice de l’association, lors d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. Car contrairement à d’autres pays où le public des films d’auteur s’amenuise au fil des années, l’enthousiasme pour les deux salles occupées par The Metropolis Cinema Art Association dans l’immeuble de la Sofil, au cœur de la capitale, est toujours au rendez-vous. Le souci se situe ailleurs.


Des financements qui battent de l’aile
En effet, depuis quelques années, les financements en peau de chagrin pèsent sur le souffle apporté par la poignée d’afficionados qui militent pour ce type de cinéma insoumis ; cette cinéphilie qui refuse de se plier aux diktats des maisons de production commerciales et des financiers qui favorisent le retour sur l’investissement plutôt que la viabilité de la création avec un grand C, mais qui se heurte toutefois à la réduction des budgets de soutien. « C’est un concours de circonstances fâcheuses qui a mené à la décision d’avoir recours à la campagne de levée de fonds », explique Hania Mroué. « À cause de la crise économique mondiale, les financements européens à destination des manifestations culturelles ont beaucoup diminué », déplore la responsable qui précise que ces réductions sont de l’ordre de 20, 30 et même 50 %.

S’ajoute à cela la difficulté de plus en plus grandissante de solliciter les sponsors. « Mis à part quelques sponsors qui souhaitent volontairement associer leur nom à celui du cinéma Metropolis, c’est de plus en plus difficile d’attirer l’attention des bailleurs de fonds », indique la directrice de l’association qui explique que parallèlement, les sommes promises par le ministère de la Culture depuis deux ans maintenant se font toujours attendre. Selon la responsable, le ministère de la Culture a justifié ce retard par le fait que les fonds sont bloqués par le ministère des Finances. Ce dernier a fait savoir qu’il était en attente du budget de 2020 pour débloquer les fonds… Pour ce qui est des recettes de la billetterie et contrairement à ce que l’on pourrait croire, les recettes ne profitent pas à l’association de cinéma Metropolis mais au circuit Empire auxquel les deux salles de visionnage sont rattachées.

En somme, un cumul de circonstances importunes qui ont poussé les membres de l’association du cinéma Metropolis à se tourner vers le mécénat et son public. « Nous ne cherchons pas seulement à sauver les activités qui existent déjà, mais à mener à bien certains projets dont celui de la cinémathèque qui nous tient vraiment à cœur », souligne Hania Mroué, qui est actuellement en phase de finaliser un partenariat avec la Deutsches Filminstitut & Filmmuseum.

« Nous avons été très touchés par la réaction de notre public et des partenaires locaux et internationaux au lancement de notre campagne de financement », met en avant Mroué. « Les messages affluent et les aident commencent déjà à se faire sentir », se réjouit-elle. Elle avoue toutefois qu’en temps de crise, les mécènes et les ONG ont tendance à canaliser leurs aides vers des causes plus directement versées dans l’humanitaire. « Pourtant, c’est dans des moments comme ceux que nous traversons et afin de ne pas tomber dans des problématiques extrémistes qu’il faut soutenir la culture dans toutes ses composantes », résume-t-elle.

En ces temps d’incertitude économique et avec un public de plus en plus éclaté, faire l’exercice de se pencher sur des polémiques intellectuelles peut sembler futile. Il reste cependant salvateur.

En quelques points

• Projection de 2 000 films en 13 ans provenant de 112 pays

• 800 000 spectateurs

• Organisation de 160 festivals, rétrospectives, cycles et Masterclass

• Formation de 400 jeunes talents arabes

• Lancement de 95 films libanais

• Accueil de 70 stars internationales

• Projection de films devant 137 000 enfants

•Création de partenariats avec 22 ONG et 50 écoles privées et publiques.

* L’événement aura lieu sur l’esplanade du musée Sursock le 1er octobre à 19h30 et viendra clôturer la 6e édition de la Semaine du cinéma allemand.


Pour mémoire
Joyeux dixième anniversaire, Metropolis...

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