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Brexit: Boris Johnson ne convainc toujours pas les Européens

Photo AFP / Daniel LEAL-OLIVAS

L'Union européenne a jugé mardi insuffisante la proposition du Premier ministre britannique Boris Johnson pour empêcher le retour d'une frontière dure sur l'île d'Irlande après le Brexit, l'incitant à faire preuve de davantage de réalisme, à deux mois du divorce.

Le nouveau Premier ministre britannique a pour la première fois adressé publiquement une lettre lundi à l'UE dans laquelle il détaille ses arguments contre le dispositif du "backstop", ce filet de sécurité inscrit dans l'accord de retrait rejeté trois fois par le parlement britannique, qu'il n'a cessé de dénoncer.

Ce dispositif prévoit que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, et pour éviter le retour d'une frontière entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE.

Il a été imaginé à la fois pour préserver les accords de paix de 1998, qui ont mis fin à trois décennies de violence, et l'intégrité du marché unique européen.

Réponse cinglante de Tusk
Ce courrier a été adressé au président du Conseil européen Donald Tusk, à quelques jours du sommet du G7 de Biarritz le week-end prochain où les deux hommes se retrouveront. M. Johnson doit aussi s'entretenir avec la chancelière allemande Angela Merkel mercredi à Berlin et avec le président Emmanuel Macron jeudi à Paris.

"Le +backstop+ est une assurance pour éviter une frontière dure sur l'île d'Irlande tant qu'une solution de rechange n'est pas trouvée", a rappelé Donald Tusk dans un tweet.

"Ceux qui sont contre le +backstop+ et qui ne proposent pas d'alternatives réalistes sont en réalité favorables au rétablissement d'une frontière. Même s'ils ne l'admettent pas", a-t-il cinglé, sans nommer explicitement Boris Johnson.

La Commission européenne a aussi rejeté la proposition du Premier ministre, qui évoque sans plus de détails dans sa lettre des "arrangements alternatifs", en lieu et place du "backstop".

Dans sa lettre, le successeur de Theresa May estime que ce dispositif est "antidémocratique et porte atteinte à la souveraineté de l'Etat britannique". En outre, cela l'empêcherait de mener une politique commerciale indépendante des règles de l'UE, relève-t-il, alors que déjà Donald Trump fait miroiter la promesse d'un accord "fantastique" après le divorce.

Une ouverture ?
Cette lettre "ne propose pas de solution opérationnelle légale pour prévenir le retour d'une frontière dure sur l'île d'Irlande", a jugé une porte-parole de la Commission, Natasha Bertaud.

"Elle ne spécifie pas ce que ces arrangements alternatifs pourraient être et admet même qu'il n'y a pas de garantie qu'ils soient en place d'ici la fin de la période de transition", fin 2020, a -t-elle noté.

La lettre de Boris Johnson "pourrait être une ouverture plutôt qu'une position définitive" du Premier ministre "en fonction des réponses de l'UE" lors de rencontres bilatérales ou à Biarritz, a estimé un analyste du centre d'études Eurasia.

Depuis la conclusion de l'accord de divorce en novembre 2018 entre l'UE et Theresa May, l'UE a répété sur tous les tons qu'il ne serait pas renégocié, laissant cependant la porte ouverte à une modification de la déclaration politique accompagnant l'accord, qui doit ébaucher la future relation entre l'UE et Londres.

Après les rejets successifs par les députés britanniques, qui se sont également opposés à une sortie sans accord, la date du Brexit, prévue à l'origine le 29 mars 2019, a été repoussée au 31 octobre de la même année.

Boris Johnson a affirmé à plusieurs reprises qu'avec ou sans accord, le divorce aurait lieu à cette date, malgré les lourdes conséquences annoncées, en particulier économiques, d'une séparation brutale.

Le Royaume-Uni serait ainsi confronté à une pénurie de denrées alimentaires, d'essence et de médicaments, à des blocages dans les ports et au retour d'une frontière physique entre les deux Irlande, selon un dossier gouvernemental obtenu par The Sunday Times.

Dans sa lettre, le Premier ministre dit d'ailleurs sa préférence pour une sortie avec un accord , "notre plus haute priorité", un engagement que n'a pas manqué de noter mardi la Commission européenne, alors que les conséquences d'un saut dans le vide sont aussi redoutées de l'autre côté de la Manche.

L'Union européenne a jugé mardi insuffisante la proposition du Premier ministre britannique Boris Johnson pour empêcher le retour d'une frontière dure sur l'île d'Irlande après le Brexit, l'incitant à faire preuve de davantage de réalisme, à deux mois du divorce. Le nouveau Premier ministre britannique a pour la première fois adressé publiquement une lettre lundi à l'UE dans ...