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Culture - LIVRES

Damas au XIIIe siècle : amours, guerres et... botanique

Un livre historique romancé intitulé « La botaniste de Damas », de Simone Lafleuriel-Zakri (485 pages-éditions Erick Bonnier), jette la lumière sur la gloire et la culture du Moyen-Orient au XIIIe siècle.

En ce triste moment où Damas a perdu beaucoup de son lustre, de son influence d’antan et ne restent que les images d’un pays en détresse suite à une guerre intestine féroce de plus de dix ans et qui a de surcroît jeté des millions de citoyens sur les routes de l’exode à travers les terres avoisinantes et bien au-delà, voilà un livre réparateur. Avec la capitale syrienne comme point de rayonnement, La botaniste de Damas de Simone Lafleuriel-Zakri (485 pages-éditions Erick Bonnier), est un roman touffu, imbibé de soif de connaissance, plein de bruit et de fureur, instructif et soigneusement documenté, sur la pharmacologie et les origines de la phytothérapie avec une histoire d’amour chevillée au cœur des pages. Simone Lafleuriel-Zakri est une historienne française passionnée de géopolitique qui a épousé le calligraphe syrien Naaman Zakri. Elle partage sa vie entre Paris et Alep tout en contribuant, par ses écrits et ses interventions médiatiques, à une meilleure connaissance du monde arabe. Notamment avec ce roman d’une grande richesse culturelle car il brasse des personnages célèbres, des villes orientales à l’aura prestigieux, avec un fouillis étourdissant de détails d’une méticuleuse précision, et retrace en même temps l’époque des mercenaires, des croisés et des luttes sanglantes et confessionnelles d’une région vouée de toute évidence, de tout temps, à la turbulence et l’agitation.

Liaison passionnée et passionnante

Sous la voilette d’un amour émergent non seulement le profil d’une femme exceptionnellement intelligente et indépendante, mais aussi le portrait tout en nuance d’Ibn Baytar, médecin, botaniste et pharmacologue arabo-andalou qui a réellement existé.

Mort à Damas en 1248, ses ouvrages sur les aliments et les plantes ont marqué les sciences pharmaceutiques de son temps et sont à l’origine de la phytothérapie actuelle.

Le roman s’ouvre sur le refus de Hasifa, botaniste, de se voir reléguer au rang de seconde épouse par un mari peu scrupuleux sur les sentiments de la jeune femme. Elle plie bagage et rentre à Damas chez son père qui mène grand train et héberge de grands esprits scientifiques dans une demeure où fleurissent également culture et littérature.

C’est là qu’elle rencontre Ibn Baytar, de même qu’une kyrielle de personnages qui ne s’émeuvent pas de tout ce qui vacille autour d’eux comme insécurité et troubles sociaux, en s’adonnant aux expérimentations pour les avancées de la science. Aussi bien en tant que juristes ingénieurs, poètes, philosophes, penseurs, musiciens, cuisiniers…Dans cette atmosphère de gai-savoir et de vie heureuse car tournée vers la création et l’invention, Hasifa et Ibn Baytar vont nouer une liaison passionnée et passionnante. Et c’est un échange qui s’établit à travers tous ces personnages qui viennent d’Arabie, d’Egypte, d’Irak, de Perse, du Soudan et du Maghreb pour enrichir un empire musulman déchiré par les dissensions et les luttes politiques, surtout farouchement religieuses…Une mouvante et belle fresque orientale et orientaliste qu’offre ce roman coloré, animé des souffles chauds des médinas écrasées de soleil et couvertes de poussière, surtout le vieux Damas muraillé où abondent les victuailles de toutes sortes dans les dédales des souks médiévaux…

Par-delà un air d’austère érudition, voilà un livre captivant, qui garde, à travers une écriture maîtrisée et une pensée bien menée, toutes les allures d’un roman palpitant. Un roman jetant la lumière sur Damas entre éminente culture arabe et guerres sans merci, dans un XIIIe siècle turbulent et sanglant. Un visage des rives du Barada à (re)découvrir…

En ce triste moment où Damas a perdu beaucoup de son lustre, de son influence d’antan et ne restent que les images d’un pays en détresse suite à une guerre intestine féroce de plus de dix ans et qui a de surcroît jeté des millions de citoyens sur les routes de l’exode à travers les terres avoisinantes et bien au-delà, voilà un livre réparateur. Avec la capitale syrienne comme...

commentaires (1)

L'orient a connu ses siècles de lumières en quelque sortes... Damas en faisait en faisait un de ses principaux rayonnement. Que reste-t-il de nos jours de toutes ces villes phares ? Damas, Caire, Beyrouth, Alexandrie, Ispahan, Aden, Amman, Bagdad, Bassora, ... Et j'en passe... Toutes villes et pays n'ont pas su pérenniser et développer leur culture si rayonnant un moment donné de leur histoire. Toutes sont en déclin hélas. Il faut en tirer des leçons... Et tenter d'en réorienter la trajectoire.

Sarkis Serge Tateossian

12 h 48, le 14 août 2019

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Commentaires (1)

  • L'orient a connu ses siècles de lumières en quelque sortes... Damas en faisait en faisait un de ses principaux rayonnement. Que reste-t-il de nos jours de toutes ces villes phares ? Damas, Caire, Beyrouth, Alexandrie, Ispahan, Aden, Amman, Bagdad, Bassora, ... Et j'en passe... Toutes villes et pays n'ont pas su pérenniser et développer leur culture si rayonnant un moment donné de leur histoire. Toutes sont en déclin hélas. Il faut en tirer des leçons... Et tenter d'en réorienter la trajectoire.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 48, le 14 août 2019

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