Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Adha : la crise économique palestinienne épargne des moutons

Des Palestiniens achetant des moutons à Hébron, le 9 août 2019. AFP / HAZEM BADER

La crise économique dans les Territoires palestiniens cause bien des maux de tête à la population locale, mais pourrait être source inédite de répit pour des milliers de moutons. Sans argent, les Palestiniens prévoient de sacrifier moins de bêtes pour Adha dimanche.

Si les Palestiniens les plus aisés ont pour coutume d'acheter un mouton entier pour l'abattre au début de la fête, les ventes ont considérablement chuté cette année selon les éleveurs et des représentants palestiniens.

"La demande n'est pas au rendez-vous comme les années passées", explique à l'AFP Achraf Merrar, patron de l'abattoir Al-Bireh, situé dans le centre de la Cisjordanie occupée. "C'est la pire année en 20 ans", ajoute-t-il, chiffrant à environ 30.000 le nombre d'animaux invendus. "La situation est dramatique. Je suis en contact avec d'autres bouchers et tout le monde a le même problème", renchérit Mohammed Faara, un boucher qui dit avoir vu ses ventes fondre de 70% en un an.

Au marché de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, le marchand de moutons Essam Abdullah tente de brader son petit bétail laineux: moins 20% par rapport à l'an dernier, avec un prix avoisinant 7 euros le kilo. Mais rien n'y fait. "Personne n'achète", soupire-t-il.

Avec une croissance de son produit intérieur brut à peine positive en 2018 et un taux de chômage avoisinant les 30% selon la Banque mondiale, la situation de l'économie palestinienne était déjà difficile.

Cette année la situation risque encore de s'aggraver. L'Autorité palestinienne a réduit de moitié les salaires des fonctionnaires au cours des derniers mois, après l'annonce par Israël en février dernier du gel de 500 millions de shekels (122 millions d'euros) sur le montant total reversé à l'Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés sur les produits importés par les Palestiniens. Cette sanction avait été imposée en réponse au versement par l'Autorité palestinienne d'allocations aux familles de Palestiniens emprisonnés ou tués pour avoir commis des attaques anti-israéliennes. "Cette année, il y a une récession majeure, en raison des salaires impayés des fonctionnaires, il n'y a pas d'argent sur les marchés", déplore Essam Abdullah, le vendeur de moutons.

La "crise des moutons" a réveillé l'humour noir des Palestiniens, dont plusieurs ont publié sur internet des vidéos montrant des moutons courir librement ou se relaxer sur des balançoires.

Et plutôt que de donner un peu d'argent aux membres de leur famille lors des célébrations d'Adha, certains affirment déjà qu'ils se contenteront cette année d'une simple poignée de main.

La crise économique dans les Territoires palestiniens cause bien des maux de tête à la population locale, mais pourrait être source inédite de répit pour des milliers de moutons. Sans argent, les Palestiniens prévoient de sacrifier moins de bêtes pour Adha dimanche. Si les Palestiniens les plus aisés ont pour coutume d'acheter un mouton entier pour l'abattre au début de la fête,...